jeudi 13 août 2015

En souvenir de Michel (3)


au nom du groupe de la grève de la faim (grévistes et groupe de soutien)

Depuis longtemps, Michel pensait qu’une grève de la faim était une des modalités d’action, mais qu’il fallait l’utiliser au moment le plus efficace.
C’est donc tout naturellement, qu’il a participé au groupe qui a réfléchi à l’organisation de cette action et qu’il s’est proposé comme gréviste.

Dans les années 70, Michel avait soutenu les paysans en difficulté et en particulier, Jean Cadiot de Pannecé, lors de sa grève de la faim. Cette action, qui  mettait en avant un cas particulier de paysan étranglé par les banques, avait débouché sur une solution puis plus largement avait généré  la création de SOS  Paysans en difficulté.

Michel savait tout sur la préparation d’une grève de la faim.
Il l’a tellement bien préparée qu’il nous a donné l’impression que sur le plan physique, c’était une promenade d’agrément pour lui. Chacun se souvient de ces infâmes eaux chaudes qu’il buvait avec un grand sourire de satisfaction.

Nous ressentons tous une impression de sérénité en  repensant à cette action.
Et pourtant, que le sommeil était long à venir, que les voitures et les ambulances étaient bruyantes.
Mais, la confiance, la détermination et la sérénité de Michel étaient contagieuses.
Que d’attention aux autres, Il s’inquiétait plus pour la fatigue des accompagnateurs que pour sa propre santé.

Chacun se souvient de ses paroles sur la non-violence à opposer aux violences de l’Etat et des pouvoirs soutenant les inégalités les plus indécentes.
Il se présentait comme un passeur de terre : la terre n’est pas à vendre, encore moins à bétonner, elle nous est confiée par nos ancêtres pour que nous la transmettions en bon état à nos enfants…

Nous savons qu’il était très heureux de tous les soutiens et engagements générés par cette grève de la faim, et cela nous fait chaud au cœur.
S’engager avec force pour un monde qui ne détruise pas les terres nourricières, qui ne mette pas l'argent et les lobbies  au centre de tout, est un beau combat.

Lors de la manifestation du 3 mai pendant la grève de la faim
Ce bout de chemin avec Michel est une des belles pages de notre vie et nous sommes très heureux de l’avoir menée ensemble, grévistes et accompagnateurs.
Michel savait dès le début qu’il faudrait tenir longtemps pour arracher  quelque chose aux décideurs. Mais 28 jours, nous n’avions pas imaginé cela.
L’accord qui a été obtenu étant toujours valide, nous veillerons à ce qu’il soit appliqué, à ce que la parole donnée soit tenue, notre vigilance sera constante.
Sans Jeanne, sans sa famille, Michel n’aurait pas pu être ce qu’il était, nous sommes de tout cœur avec vous.

lundi 10 août 2015

En souvenir de Michel (2)


Au nom des paysans de l’ADECA nous voulons dire tout notre soutien à la famille de Michel

Michel avait plusieurs longueurs d’avance sur nous.

Par sa connaissance très technique des éléments du projet d’aéroport. Il avait réponse à toutes les questions et savait combien ce dossier serait difficile sur le plan technique et couteux à mettre en œuvre.

Par sa longue expérience de communication, plus de 200 réunions, et par les nombreux soutiens stratégiques qu’il avait su générer. La compréhension a été immédiate avec les pilotes de ligne par exemple, mais aussi avec d’autres personnes restées plus discrètes, mais actives à nos côtés car Michel les avait convaincues  du bienfondé de notre opposition au projet.

Enfin, par sa vie de militant consacrée à se battre pour une société plus juste,plus cohérente sur le plan social et plus respectueuse de l’environnement, Michel savait combien notre combat est juste et porteur de sens.

Tout cela explique son optimisme et sa détermination que rien n’altérait.

Nous pensons bien sûr à la grève de la faim où Michel a été un grand sage, un guide pour tout ce mouvement pendant 28 jours. Il était magnifique, heureux de tous les soutiens et actions sur cette période. Il a beaucoup évoqué cette terre nourricière, héritée de nos parents et que nous avons charge de transmettre en bon état aux générations futures. C’est l’accord obtenu le 8 mai qui a donné assez de sécurité aux habitants et  paysans pour rester, habiter et cultiver sur la Zad.

La vie a imposé à Michel de mettre toute son énergie à se battre contre la maladie et il était très frustré de ne pouvoir être régulièrement à nos côtés, mais nous savons aussi combien il était heureux les rares fois où il a pu participer à nos rassemblements.
Bellevue 2014
Chacun apporte sa pierre dans notre combat, celle de Michel est grande et magnifique.

C’est un ami, un militant et un grand sage que nous perdons, mais sa pensée nous accompagnera toujours dans notre marche pour la victoire.

vendredi 7 août 2015

En souvenir de Michel TARIN (1)...


Parler de Michel et de Jeanne,
-         C’est parler d’un compagnonnage de 45 ans et évoquer Gérard H., Bernard L., Henriette et Armand M., Nicole P. , Alain B., et bien d’autres….
-         C’est parler d’amitiés
-         C’est parler de la fidélité à nos idéaux…

Cela commence en 1966-67 pour notre génération née sitôt la guerre, généreuse comme toute jeunesse.
Les journées de formation communes au MRJC et au CDJA, organisées avec la MFR La Rivière à Plessé puis dans d’autres MFR du département, sont le creuset de notre réflexion citoyenne, syndicale, politique. Déjà Michel nous alertait sur un projet d’aéroport à Notre Dame des Landes.

Mai 68 avec le rapprochement entre paysans, ouvriers et étudiants nous sort de notre corporatisme.
Dans les luttes foncières (Vigne Marou, Cheix en Retz, Mésanger…) et économiques (Sica de Challans, guerre du lait, CLEI...) se constitue un réseau qui agit et défend notre condition de travailleurs de la terre, solidaires et actifs dans d’autres luttes (Larzac, Plogoff, Le Pellerin)

Les ravages du capitalisme  nous révoltent, SOS Paysans se crée.
Plus récemment, la relance du projet d’aéroport à NDDL réactive .les mobilisations.

Avec Michel et Jeanne, c’est une véritable tranche de l’histoire paysanne du département que nous vivons.

Une telle histoire ne s’écrit pas sans connivences, sans complicités, sans amitiés. Et que les fêtes et la solidarité lors des coups durs ont été belles !
Au terme de notre compagnonnage, constatons que nos idéaux de jeunesse, de justice et de solidarité sont toujours d’actualité.

mai 2012

Et que dire de plus que ces couplets de Jean Ferrat :

Tu aurais pu vivre encore un peu

Pour notre bonheur, pour notre lumière

Avec ton sourire, avec tes yeux clairs

Ton esprit ouvert, ton air généreux


Tu aurais pu vivre encore un peu
Mon fidèle ami, mon copain, mon frère
Au lieu de partir tout seul en croisière
Et de nous laisser comme chiens galeux.
                                                     Le collectif Paysan 44