jeudi 28 février 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°28
Qui est dans l'illégalité ?
Vincent Delabouglise - 27/02/2013

Vincent Delabouglise
Copain 44       
Ferme de Bellevue
44130 Notre Dame des Landes

avec le soutien de la coordination des opposants au projet de Notre Dame des Landes

                                                                                                     Monsieur François HOLLANDE
                                                                                                     Palais de l’Elysée
                                                                                                     55 Rue Faubourg Saint Honoré
                                                                                                     75008 PARIS 

Lettre ouverte

Notre Dame des Landes le 27 février 2013

Monsieur le Président,

Je suis un paysan, membre du Copain 44 (Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d'aéroport), et je participe à ce titre à l'occupation de La Ferme de Bellevue, à Notre Dame des Landes depuis un mois.

Hier encore, des journalistes nous demandaient si cette occupation n'était pas illégale.

Je tiens donc à vous demander solennellement par la présente, de bien vouloir répondre à cette question : Qui, dans ce dossier, est aujourd'hui dans l'illégalité au regard de notre démocratie républicaine?

Est-ce que ce sont les porteurs du projet, qui, ayant obtenu en 2008 la validation d'une DUP construite sur des bases techniques, sociales et économiques de plus en plus remises en cause, tentent de faire passer en force un projet de développement datant de quarante ans, inadapté aux besoins de la société d'aujourd'hui ?

Est-ce que ce sont les organisations d'opposants tels que les élus du CéDpa, le collectif des pilotes qui nie la nécessité du transfert, les citoyens des centaines de comités de soutien à l'ACIPA, les paysans de l'ADECA et du COPAIN 44, qui depuis plusieurs années, en vain, demandent à nos élus, promoteurs du projet, de prendre le temps de la remise à plat de la DUP, afin d'intégrer dans l'analyse l'ensemble des nouvelles données qui n'ont pas été prises en compte?

Est-ce que ce sont les collectivités territoriales du syndicat mixte aéroportuaire qui mobilisent des centaines de milliers d'euros de fonds publics pour occuper les médias et les panneaux d'affichage en posant des affirmations plus que douteuses ?

Est-ce que ce sont les paysans, aidés de tous les opposants, qui excédés par la politique du bulldozer, décident de protéger ce qui peut encore être sauvé, en occupant la ferme de Bellevue ?

Est-ce que ce sont les paysans de Notre Dame qui ont du mener une grève de la faim de 28 jours avant d'arracher un accord de protection face aux expulsions, sans même qu'un seul élu promoteur du projet n'ait daigné venir les rencontrer?

Est-ce que ce sont les opérateurs qui, en dépit des recours en justice non aboutis, et donc, de fait, du possible abandon du projet, continuent impunément à saccager les terres agricoles vivrières en production, par des sondages archéologiques qui s'avéreront probablement inutiles?

Est-ce que ce sont les 40 000 personnes et 400 paysans en tracteurs, venus le 17 novembre dernier exprimer leur refus de ce projet d'un autre âge, et leur soutien à une autre alternative de développement pour notre société?

Enfin, Monsieur Le Président, suis-je dans l'illégalité devant mes enfants, lorsque je veux protéger les terres nourricières, les fermes, les maisons, les paysans et les habitants de la Zad de Notre Dame, face à un projet dévastateur à plus d'un titre, dont l'utilité est loin d'être prouvée?

Je peux vous affirmer, Monsieur le Président, que la cinquantaine de tracteurs vigilants et la centaine de paysans qui occupent Bellevue au nom de milliers d'autres, prêts à intervenir, ne sont pas là pour défendre un pré carré, ou s'opposer au développement de notre territoire, mais bien pour défendre une autre conception du développement pour l'agriculture, la société, l'alimentation et la transition énergétique. Sont-ils dans l'illégalité?

Je renouvelle par ailleurs la demande exprimée depuis de nombreuses semaines d’une rencontre avec vous, sur ce dossier de Notre Dame des Landes. Dans l'attente, veuillez accepter, Monsieur le Président, mes sincères salutations.


Vincent Delabouglise

dimanche 24 février 2013

Semaine ensoleillée...


"Composteuse" en action...






Nous apprécions le retour du soleil (enfin !). Les vaches ressortent avec plaisir. Nous avons pu sortir notre fumier et le faire composter.



Et des éléments positifs arrivent :
  • l’audition de représentants du CéDpa, de l’ACIPA, de l’ADECA et d’associations environnementales par la Direction générale de l’environnement de la Commission Européenne à Bruxelles mardi 19 février ; elle va maintenant se tourner vers l’Etat français pour un certain nombre de questions.
  • des propos d’économiste, Nicolas Bouzou, approuvés par  les confrères présents, à l’émission « C dans l’air » du lundi 18 février (à partir de la 55ème minute environ), osant dire concernant les grands projets d’infrastructure, que le projet du Grand Paris express était « du bon cholestérol » injecté à l’économie du malade France (rentabilité économique et sociale positive) alors que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes était lui du « mauvais cholestérol » (pas d’intérêt économique à long terme dans cette région) !
  • une mobilisation importante et appréciée au tribunal de St Nazaire lors de l’audience pour l’occupation de Bellevue (jugement rendu le 28 février).

Nombreux...à ne rien lâcher!

  • des rencontres avec des jeunes.
  • un article du Canard Enchainé du 20/02 titré « Une com’ qui décolle sec » dénonçant la convention de partenariat établie entre le conseil régional et France Télévision pour « favoriser l’analyse et la compréhension des enjeux locaux » (coût pour le contribuable : 900.000€ sur 3 ans !) et la campagne de promotion parallèle financée elle par le syndicat mixte aéroportuaire (présidé par J. Auxiette) pour la modique somme de 300.000€ : affiches dans Nantes, Rennes, Angers, pub dans les radios et quotidiens locaux…Slogan matraqué: « Nouvel aéroport du Grand Ouest : un vrai plus pour tous ! ». Je ne sais si cela fera un effet bœuf sur le citoyen mais ce qui est sûr, c’est que l’argent dépensé là (1.2 millions d’euros tout de même !) manquera ailleurs dans des domaines bien plus essentiels et sera « un vrai moins pour tous » !
Heureusement pour J. Auxiette, le ridicule ne tue pas. Trop de com’ nuit : ce matraquage publicitaire devient louche et doit amener chacun à s’interroger sur les profits réels de ce projet.
J. Auxiette méprise deux fois le citoyen : en gaspillant l’argent du contribuable et en pensant que l’électeur est assez bête pour avaler le projet d’aéroport comme on lui vend des savonnettes !
De Gaulle disait : « les français sont des veaux », moi je dirais : « Au secours Jaurès, ils sont devenus fous ! ».

Vigie postale Elysée - Lettre n°27
Une potentielle violation du droit communautaire
ACIPA/CéDpa - 21/02/2013

ACIPA                                                                        CéDpa
BP 5                                                                           Mairie - Rue Pierre Civel
44130 Notre Dame des Landes                          44130 Notre Dame des Landes

Avec le soutien de la coordination des opposants au projet d’aéroport

                                                                                             Monsieur François HOLLANDE
                                                                                             Palais de l’Elysée
                                                                                             55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                                             75008 PARIS 8e

Notre Dame des Landes, le 21 février 2013

Monsieur le Président,


L’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport forte de plus de 3 500 adhérents et soutenue par plus de 200 comités locaux dans toute la France) et le CéDpa (Collectif d’élu-e-s Doutant de la pertinence de l’aéroport réunissant plus de 1 000 élu-e-s de toutes tendances politiques en France) ont été reçus ce mardi 19 février par la Direction générale de l'Environnement de la Commission européenne, avec des associations de protection de la Nature.

Cette rencontre, à l’initiative de la Députée européenne Sandrine Bélier, faisait suite à la saisine de la Commission des Pétitions du Parlement européen pour violations du droit européen par le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes déposée conjointement fin 2012.

La Direction générale de l'Environnement de la Commission européenne nous a informés que la Commission européenne a engagé l’instruction du dossier et a saisi l’État français en procédure précontentieuse.

Ses questionnements reprennent des arguments fondés et développés dans les deux pétitions et relatifs  notamment au non respect de la directive sur l’évaluation des incidences sur l’environnement, de la directive cadre sur l’eau, des directives dites  « Oiseaux » et « Habitats »…  La Commission partage notre analyse d'une potentielle violation du droit communautaire, qui conduit au lancement de la procédure précontentieuse dite "EU Pilot".

La Commission européenne a aussi pris la mesure du climat tendu généré par ce projet et de la nécessité d'un traitement rapide du dossier.

Nous espérons que notre pays soucieux d'exemplarité européenne, ira dans le sens du respect du droit européen et de la sagesse en réexaminant la pertinence d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes au regard des possibles modernisation et optimisation des installations de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique.

Monsieur le Président, nous sollicitons un entretien de manière à vous exposer de vive voix notre souhait de voir le  territoire de Notre Dame des Landes et ses habitants retrouver la sérénité.

Dans l’attente d’une proposition de rendez-vous à laquelle nous continuons de croire, soyez assuré Monsieur le Président de notre profond respect.

Les  présidents de l’ACIPA : Anne Marie Chabod, Dominique Fresneau  et Christian Grisollet
et
Les présidents du  CéDpa : Isabelle Loirat, Jean Paul Naud et Françoise Verchère

Un dimanche comme les autres...

Dimanche 11h00, j’emmène ma fille prendre son train à Nantes. Je choisis les grands axes et passe donc au carrefour des Ardillères. J’y suis passé plusieurs fois cette semaine; présenter sa carte d’identité et ouvrir le coffre est faisable si on est de bonne humeur...

Ce dimanche donc, arrêt, carte d’identité :
-« vous allez où Monsieur ?»
- « droit devant ! »
-« Vous allez où Monsieur ? »
- « papa m’emmène au train », dit Pauline qui cherche l’efficacité.
-« Vous descendez, vous ouvrez le coffre ! », demande celui qui a une autre notion de l’efficacité.
Du coup, ma carte d’identité est explorée sous toutes les coutures ; en tout cas, cela demande du temps.
Une voiture essaie de passer à côté de moi : « stop! papiers d’identité, ouvrez le coffre ! »
Ah ! Mais c’est Julien ! Un camion s’arrête derrière. Ah ! Mais c’est Marie !
Nous discutons, on se retrouve comme en famille finalement.

Contrôles aux Ardillères
 Ma carte d’identité revient au bout d’un temps long, bien après celle de Julien.
J’entends une bribe de conversation entre gendarmes : « je n’ai pas aimé…. »
Si je comprends bien, ce flic agacé, a fait durer le contrôle pour me faire rater le train et me montrer sa toute puissance.

Heureusement qu’il y avait un autre train une demi heure après.

Comme dit le maire de Notre Dame, « la police n’a pas la bonne mission ! »
C’est bien vrai, mais on fait comment quand le préfet envoie la police juste pour montrer ce qu’il en coûte de résister au pouvoir central ?

Désormais, je prendrai les petites routes : même si on y voit des cars bleus, il n’y  a pas de contrôle !

La vengeance du flic de base, c’est de faire suer le monde ; la mienne, c’est de vous raconter mes histoires…

De Marcel, paysan à Notre Dame

mardi 19 février 2013

Rien d'irréversible?



Extraits d’une lettre reçue le 7 février du Préfet de la Région des Pays de Loire :

« Le diagnostic archéologique ne relève pas en tant que tel des travaux de la desserte routière. Il est réalisé par l’INRAP et non par la DREAL. »

Peu importent les conditions! On bosse... et tant pis si la terre colle et que tout se mélange...
  « Les travaux relatifs au diagnostic archéologique consistent à réaliser ponctuellement des tranchées qui sont rebouchées à l’avancement, en respectant l’ordre des couches sédimentaires et en ce sens ne portent pas atteinte aux zones humides du site (pas d’assèchement). »

Tranchées rebouchées après un dimanche de pluie qui les avait remplies d'eau. Beau lissé de la pelleteuse!

Pas de mélange de couches, même vaseuses!

« C’est une opération ponctuelle qui ne conduit pas à une remise en cause de l’exploitabilité des terrains. »

Trace de botte dans la vase laissée



Dites, M. le Préfet, venez donc effectivement constater cela. Je vous invite à venir voir, en vous promenant sur le terrain (ps : n'oubliez pas les cuissardes!).


Quand je me promène sur le terrain en bottes, je m'enfonce, allant par endroit jusqu'à 35 cm. Je n'ose imaginer ce que cela peut donner quand le tracteur ira dans cette parcelle d'herbe... mais selon le Préfet, l'exploitabilité du terrain n'est pas remise en cause!

A condition de ne plus y mettre les pieds, bien sûr...

Une nouvelle venue à Bellevue...



Ah, nous nous sentons revivre avec le retour du soleil… Les vaches recommencent à sortir un peu. Après une longue période en bâtiment, elles s’empressent, sitôt dehors, de piquer des galops, de sauter… ce qui occasionne quelques trous mais elles sont toujours « fofolles » lors des premières sorties.
une belle bande de "trotteuses"!

De visite à Bellevue dimanche, nous avons pu admirer la belle paire de boucles d’oreille d’Insoumis. Il pousse bien ce petit veau !
Insoumis en pleine forme avec Mignonne, sa mère

Et nous avons fait la connaissance d’une nouvelle venue, nommée Attaque. 
Attaque, une nouvelle venue de poids!
 Les travaux de rénovation continuent. Il y aura bientôt une belle salle de réunion… et la reconstruction de l’entrée d’étable démolie est bien avancée. 


Le lieu paysan d'accueil de la lutte prend forme. C'est beau, c'est fort et c'est émouvant...

lundi 18 février 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°26
Ce territoire n’est pas à vendre !
Thérèse Leparoux - 13/02/2013

Thérèse LEPAROUX
Conseillère Municipale,
Mairie de TREILLIERES,
Vice-présidente à l’aménagement
Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres (2008-2012)

avec le soutien de la coordination des opposants au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes


                                                      à                          Monsieur le Président de la République
                                                                                 Palais de l’Elysée
                                                                                 55 Rue Faubourg Saint Honoré
                                                                                 75 008 PARIS

Treillières, le 13 février 2013

Monsieur le Président,


Le territoire sur lequel l’Etat, la Région des Pays de la Loire, le Département de Loire- Atlantique et Nantes Métropole ont jeté leur dévolu pour le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, n’est pas un territoire à occuper, à conquérir ni à acheter.

Ce territoire n’est pas un désert !
C’est la tête de deux bassins versants des affluents de la Vilaine et de l’Erdre, dont la préservation est essentielle à la reconquête du bon état écologique de l’eau en 2015, comme vous vous y êtes engagé auprès de l’Europe. C’est un territoire de  bocage et de prairies humides, prairies en constante régression sur le sol français, où vivent des agriculteurs  qui pratiquent l’élevage laitier.
Il est  inutile de l’occuper en permanence par les forces de l’ordre. Les habitants, installés depuis longtemps ou  plus récemment, savent vivre ensemble sur ce territoire.

Ce territoire n’est pas le bout du monde, inutile de vouloir « désenclaver l’Ouest » !
Nantes a déjà un aéroport international loin d’être saturé et qui peut être optimisé. De plus,  quatorze aéroports attendent de voir leur trafic augmenter dans le Grand Ouest. Il devrait être  révolu le temps où la conquête des territoires était laissée aux mains des grands groupes d’actionnaires comme Vinci avec le soutien financier des fonds publics.

Ce territoire n’est pas à vendre !
Les promesses non tenues et les quelques mannes financières de l’Etat, de la Région ou de quiconque, en compensation de la destruction de l’économie locale, ne feront pas changer d’avis les élus et les citoyens qui refusent cet équipement.

Le Pôle Métropolitain, voté en 2012, nouvelle instance de coopération entre territoires du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), ne peut faire oublier à Nantes Métropole que l’urbanisation se doit de limiter l’étalement urbain sur l’ensemble de ce territoire. Nantes Métropole ne peut avancer l’argument de reconstruire la ville sur elle-même, notamment sur le site actuel de l’aéroport à Bouguenais sans mettre au débit de l’opération les centaines d'hectares de terres agricoles qui seraient artificialisées par le transfert de cet aéroport.

Depuis plus de 5 ans, le Conseil Général promet d’établir un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et naturels (PEAN) avec  les communes de la Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres et celles du nord de Nantes Métropole. Malgré de multiples rencontres et réunions de travail, malgré des effets d’annonce répétés, le Conseil Général et Nantes Métropole ne parviennent pas à faire aboutir ce projet, probablement à cause de l’appétit immobilier que déclenche le projet d’aéroport.
La liaison en tram-train qui  pourrait  desservir cet équipement et les communes riveraines comme Treillières, n’est toujours pas acquise. Les maîtres d’ouvrage, si prompts à financer un opérateur privé, Vinci, ne sont pas d’accord entre eux pour financer un équipement public, pourtant prévu dans le projet, dont l’emprise existe déjà. À croire qu’un transport collectif, source d’économie d’énergie, pouvant rendre aussi service à la population du territoire ne compte pas.

Les quelques centaines de milliers d’euros de subvention du Contrat Plan Etat-Région (CPER) ou l’avenant au contrat de la Région pour « accompagner le territoire dans l’accueil de cet équipement » ne sont pas une monnaie d’échange pour faire accepter ce projet, même  si cela est toujours « bon à prendre » pour la CCEG quand, par ailleurs, les dotations  globales de l’Etat aux collectivités territoriales diminuent de 30 %.

Ce territoire, Monsieur le Président, n’est pas un territoire libre de tout droit.
Comment les élus locaux, eux aussi élus de la République, peuvent-ils être crédibles auprès de leurs concitoyens, pour faire respecter la législation sur les zones humides et l’étalement urbain, lutter contre la pression foncière, donner la priorité aux transports collectifs quand l’Etat ou les autres collectivités ne respectent pas ces mêmes priorités qu'ils affichent ?

Je renouvelle aujourd’hui la demande d’entretien que sollicite la coordination des opposants depuis le mois d’août 2012.

Espérant, Monsieur le Président, que vous prêterez  attention à ce courrier, je vous prie de croire en l’assurance de mon plus profond respect.

Thérèse Leparoux

dimanche 17 février 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°25
Protéger la terre nourricière
COPAIN - 07/02/2013




COPAIN*
Ferme de Bellevue
44130 Notre Dame des Landes
Soutenu par la coordination des opposants
                                                                                                       Monsieur François HOLLANDE
                                                                                                       Président de la République Française
                                                                                                      55, rue du Faubourg Saint-Honoré
                                                                                                      75008 PARIS 8e
Objet : demande de rendez-vous
 
Notre Dame des Landes, le 7 février 2013
 
Monsieur le Président,
 
Depuis ce mardi 5 février 2013, les tracteurs vigilants protègent, au lieu dit Le Rosier, sur la commune de Vigneux de Bretagne, une parcelle de terre agricole du saccage occasionné par les fouilles archéologiques, dans le cadre de travaux préparatoires à la réalisation du nouvel aéroport pour Nantes.
 
Les 3 collectivités territoriales - Nantes Métropole, Conseil Général et Conseil Régional - se sont engagées, par l'accord du 8 mai 2012, à laisser les agriculteurs en place exploiter leurs terres sans entrave jusqu'à épuisement des recours aujourd'hui estimé à 18 mois, suite à la récente décision de la Cour de Cassation.
 
Les paysans réaffirment par cet acte leur volonté non négociable de protéger la terre nourricière. Nous vous rappelons que les dégâts que provoquent ces fouilles archéologiques ont des conséquences négatives sur la production agricole pendant de nombreuses années.
 
Monsieur le Président, nous vous demandons encore une fois – à la suite de 24 personnes l’ayant fait avant nous – de recevoir une délégation des opposants au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes et de veiller personnellement au respect de l’accord conclu entre les grévistes de la faim et le Parti Socialiste le 8 mai dernier. 

Soyez assuré, Monsieur le Président, de notre profond respect.
 
Le COPAIN


Vigie postale Elysée - Lettre n°24
Rester ferme
Ferme de Bellevue - 29/01/2013

La Ferme de Bellevue
Bellevue
44130 Notre Dame des Landes

Avec  le soutien de la Coordination des opposants


Objet : Rester Ferme. Lettre ouverte
                                                                                                       Monsieur François HOLLANDE
                                                                                                       Palais de l’Elysée
                                                                                                       55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                                                       75008 PARIS 8e

Notre Dame des Landes le 29 janvier 2013
      
Monsieur le Président,

Je suis Belle vue du ciel : je crois que vos hommes m’ont remarquée, ils me passent au-dessus depuis des mois, dans leur hélicoptère, chaque semaine, parfois chaque jour, parfois plusieurs fois par jour.


Depuis bientôt deux siècles que des paysans et paysannes sont arrivés ici pour vivre de la terre, depuis bientôt deux siècles qu’ils m’ont construite à la sueur de leur front, apportant au fil des décennies des améliorations et  extensions pour loger leur famille et leurs animaux, les fourrages et le matériel agricole,  le sentiment d’être utile ne m’a jamais quittée.
Certains disent que je ne suis qu’un tas de pierres ;  je surprends des conversations inquiétantes depuis quelques années à ce sujet.
Mes habitants paysans et paysannes ont aimé trouver dans mon corps de ferme l’abri, la chaleur, la sécurité, trouver ici un sens à leur vie, la tranquillité et le refuge, le repos après des journées de travail éprouvantes. Ils ont souffert aussi, beaucoup, j’en suis témoin, mais grâce à moi ils ont tenu bon dans les périodes de doute, repère et repaire qui ne les jugeait pas.

Croyez-vous qu’ils aient choisi au hasard de me nommer ainsi : Bellevue ?
Certes je ne suis pas un château, je ne suis pas « moderne », je suis une vieille, mais pour moi voilà ce  qui compte dans la vie d’une maison, d’un lieu de vie, d’un lieu de travail: rendre service aux gens simples, aux revenus modestes, être à leur portée, voilà ce qui me semble noble et dont je suis si fière.
Fière de ce que j’ai permis, car je sais que vous le savez, mais je vois que les humains l’ont un peu oublié : ce que j’ai permis en abritant ces humains et leurs  animaux, c’est la production de nourriture. Sans ferme comme Bellevue,  la famine s’abattrait sur l’Humanité.
La ville est au centre de toutes les attentions, le développement économique, la vitesse, courir, voler, communiquer, voyager, et HOP !, plus besoin de manger, de se nourrir, de déguster ?
J’ai l’impression qu’il est urgent de se réveiller. Voilà pourquoi je m’adresse à vous en ces jours sombres.

Certaines conversations entre mes murs m’ont fait douter : serais-je promise à la destruction, à disparaitre à jamais ? Il parait qu’il faudrait que le rouleau compresseur avance pour anéantir le mouvement d’opposition au projet d’aéroport. J’ai entendu que la maison de Saint-Jean-du-Tertre a été démolie en toute discrétion la semaine dernière. Par toutes ces destructions de l’automne 2012, des dizaines de mes sœurs ont été rasées, anéanties. Dans la violence et la précipitation, en choquant des millions de citoyens qui aujourd’hui organisent la résistance à cette guerre insensée.

Ces destructions sont inutiles, vous le savez, puisque ce projet d’aéroport sera abandonné.
Cet aéroport ne verra jamais le jour, « C’est la dernière des idées à avoir » disait récemment Jean-Marc Jancovici. L’autre jour un visiteur chargé de me vider a laissé trainer un journal sur la table, j’ai donc aperçu ceci  dans un article du Figaro : « Pour l'Union des démocrates et indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo, le projet d'aéroport devrait être abandonné. Le parti a appelé dimanche le gouvernement à «suspendre» le projet «après qu'il a enfin compris qu'il fallait engager une concertation.» «À l'évidence, le projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est intenable sur le plan économique et injustifiable sur le plan écologique», affirme la formation centriste. »

C’est pour cette raison précisément que j’ai repris espoir : « La ferme de Bellevue restera debout, nous la défendrons et nous cultiverons ses terres. Ces bâtiments serviront encore et encore, au fil des saisons, et seront un des emblèmes de la lutte des paysans et des citoyens vigilants ». A la veillée de dimanche soir ces murmures entre mes murs m’ont touchée au cœur. Ces paysans et ces citoyens ont compris plus que d’autres qu’une ferme a une âme, qu’elle n’est pas qu’un tas de pierres.

ACIPA de chez moi La Vache Rit. Y ADECA plus grave que moi, des maisons menacées, avec des gens dedans, qui ont décidé de rester. Chez moi ce sont de nouveaux habitants qui s’installent. Avec les pressions incessantes pendant des années, mes derniers serviteurs et protégés ont jeté l’éponge, ils ont accepté les conditions pour refaire leur vie. Je les comprends et les respecte. Ils ont le droit à la tranquillité. A toutes fins utiles, j’avais quand même prévu le coup : j’ai quelques amies dans les landes de Notre-Dame, sans droit ni titre diriez-vous, enfin pas vraiment, mes amies les chauves-souris sont arrivées à la rescousse, les voilà installées depuis quelques temps, me servant de protection, et si heureuses de dormir dans mes recoins.
César ne peut rien contre des chauves-souris, c’est bien connu.

Et puis dimanche soir j’ai entendu le bruit des moteurs, non ce n’était pas l’hélicoptère, mais les tracteurs vigilants du COPAIN 44 qui s’approchaient. Ils m’ont entourée, je dois vous avouer que je n’avais jamais rien ressenti d’aussi intense, l’envie de vivre encore longtemps … avec eux.

Vous aurez compris, Monsieur le Président, que je ne sollicite pas une rencontre à l’Elysée. Contrairement aux signataires des précédents courriers je ne suis pas mobile. Je suis de garde ici depuis deux siècles et pour encore des décennies. Ma place est ici, et c’est donc pour vous inviter que je vous écris. Si vous trouvez inconvenant de vous présenter simplement chez moi, vous pouvez passer inaperçu à bord de l’hélicoptère. Je suis convaincue que vous serez touché.
Mais soyez-en sûrs : les gens qui vivent ici ont mis beaucoup d’espoir dans votre élection, ils croient au changement que vous avez promis, ils ont aimé vos paroles d’apaisement en avril 2012. Vous pouvez venir à leur rencontre chez moi, vous serez le bienvenu.

Rester ferme : oui je veux rester « ferme de Bellevue », je veux servir mon pays, à ma manière. Des fermes nombreuses, viables, vivables, durables. Pour une alimentation de qualité, pour une vie rurale apaisée, dense en emplois utiles.

Comptant sur votre bienveillante attention pour les chauves-souris,  les paysans et les citoyens engagés pour ma protection, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de mon plus profond respect.

La ferme de Bellevue.

Vigie postale Elysée - Lettre n°23
Un éclairage supplémentaire
Coordination - 24/01/2013

Secrétariat de la coordination
ACIPA
BP 5
44130 NOTRE DAME DES LANDES
                                                                                                     Monsieur François HOLLANDE
                                                                                                     Président de la République française
                                                                                                     55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                                                     77008 PARIS 8e
Notre Dame des Landes, le 24 janvier 2013

Monsieur le Président,

Depuis 5 mois, la coordination des opposants au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes vous écrit de manière hebdomadaire pour solliciter un entretien avec vous. A ce jour, nous n’avons eu aucune proposition de votre part.
Aujourd’hui, la coordination des opposants – forte de plus de 45 groupes faut-il le rappeler – renouvelle cette demande d’entretien et souhaite vous informer d’un courrier que Monsieur René Leblanc, maire de (Quélneuc 56) a adressé à Madame la Sénatrice du 56, Odette Herviaux PS.
En effet, nous pensons que ce courrier peut vous apporter un éclairage supplémentaire sur le dossier de Notre Dame des Landes.
Comptant toujours sur une réponse positive à notre demande, nous vous adressons, Monsieur le Président, l’expression de notre profond respect.

Le secrétariat de la coordination


Coordination des opposants – Secrétariat par l’ACIPA – BP 5 – 44130 Notre Dame des Landes
Tél : 06 71 00 73 69 acipa.info@free.fr site web : acipa.free.fr

-------------------------------------------------------------------------------------------------

                                                                                                                 Quelneuc le 26/12/2012

Objet : mon courrier du 25/11/2012 et votre communiqué, sur votre site, de ce 22/12/2012

Madame la Sénatrice,

Bien qu’élu de la petite commune de Quelneuc depuis 1986 et maire de cette même commune depuis 1995, nous nous connaissons peu.

J’ai eu, cependant,  le plaisir de vous recevoir en mairie en 2011, à l’occasion de votre campagne des sénatoriales et j’en garde un souvenir tout à fait sympathique. Je vous réitère d’ailleurs mes remerciements pour l’aide que vous avez bien voulu accorder à Quelneuc au titre de la réserve parlementaire pour la rénovation de notre mairie.

Aujourd’hui, je m’adresse à vous, étant toujours dans l’attente d’un accusé de réception de votre part au courrier adressé à Monsieur Lapouze le 25 novembre dernier, courrier dont je vous avais remis copie, et venant tout juste de prendre connaissance, sur votre site, du communiqué dans lequel vous affirmez votre soutien,  sans le moindre état d’âme, au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

Il est vrai que depuis quelque temps nous voyons fleurir dans la presse des soutiens aussi fermes qu’inattendus à ce projet,  en provenance de diverses sources :
  « la riposte des grands élus » ;
  « la  position du club des Trente » ;
  « le  soutien étonnant  d’un directeur de la CCi de la Région Bretagne » ;
  « les positions communes  des présidents Grosvalet (Loire Atlantique) et Tourenne (Ille et Vilaine)»
pour  ne citer que ceux-là.

Je ne suis qu’un petit élu d’une commune de 550 habitants. Ma propre réflexion et mon opinion vous paraîtront, sans doute, bien dérisoires, et sans intérêt, comparées au lobbying des  grands élus signataires de votre communiqué. 

Je suis libre, n’appartiens à aucun parti politique, ne porte  jugement qu’après avoir pris soin d’en étudier, dans la limite de mes compétences, tous les contours, évitant de me laisser influencer, d’autant que je n’ai aucune carrière, ni professionnelle ni politique, qui puisse limiter mon propos,
J’ajoute que mon cursus universitaire et  mon parcours professionnel ne devraient pas constituer un réel handicap à mon endroit. En effet, titulaire d’un doctorat de chimie organique, ayant enseigné à l’Ecole Polytechnique d’Alger, pendant mon service militaire, en qualité de coopérant,  j’ai effectué l’ensemble de ma carrière professionnelle dans le domaine de l’innovation et plus précisément de la protection des brevets d’invention. J’ai, d’ailleurs, pendant quatre années participé, pour le compte du Ministère de l’Industrie, à la mise en place de l’Office Européen des Brevets  (OEB) dont le siège est à Munich. 
Voici donc mon témoignage.
Devant tant de propos contradictoires issus de toutes parts, j’ai souhaité, pour me forger une opinion personnelle définitive, me rendre  sur le site de Notre Dame des landes. Je m’y suis donc déplacé le 25 novembre dernier. Peut-être avez-vous fait la même démarche?.
Ce que j’y ai constaté ne correspond aucunement aux propos de votre communiqué que je cite « leur contestation par des activistes radicaux et violents n’est pas admissible et explique le déploiement récent des forces de l’ordre »
Me présentant en piéton  paisible sur une voie communale, libre à la circulation et conduisant vers le site, je fus arrêté par les très nombreuses forces de l’ordre présentes (5 camions de gardes mobiles) et je dus, non seulement décliner mon identité, mais, à mon grand étonnement, l’ensemble des informations figurant sur la carte d’identité  furent soigneusement enregistrées par écrit. Je fus également photographié. Cela porte un nom : le fichage. Je n’étais pourtant ni activiste, ni terroriste, ni violent.
Un peu plus loin, sur le site, je constatai une ambiance paisible de personnes de tous âges et de toutes conditions qui arpentaient des espaces gorgés d’eau. Il me fut expliqué que, sous les futures pistes, les empierrements  atteindraient une profondeur supérieure à 5 mètres. Excusez du peu.
Quel intérêt supérieur pourrait  justifier la destruction d’un territoire aussi riche de sa diversité et plus étendu que ma propre commune (1380 ha) ?.
Je décidai alors de quitter Notre Dame des Landes pour rejoindre l’aéroport actuel Nantes-Atlantique que je ne connaissais pas, mais que nos  grands élus, signataires de ce communiqué, doivent visiblement fréquenter.
A ma grande surprise, je trouvai, en ce dimanche après-midi, un aéroport étrangement calme et particulièrement bien entretenu ou des vols nationaux et internationaux, à intervalles d’une douzaine de minutes, décollaient et atterrissaient, vols sûrement plus qu’à demi vides étant donné la faible occupation du hall d’embarquement. Quant au seul buffet de l’aéroport, à l’étage, où je me dirigeai pour prendre un repas, je découvris une centaine de tables entièrement libres de tout occupant et il en fut ainsi pendant l’heure de détente que je m’accordai.
Mais alors, pourquoi  un tel acharnement et tant de contre-vérités pour défendre l’indéfendable ?. Difficile à comprendre.

Le trafic de l’aéroport international de Genève, avec une seule piste, enregistrait en 2011 près de 14 Millions de passagers  (soit plus de  4 fois le trafic de Bouguenais) et celui de Gatwick, au Sud  de Londres, toujours avec une seule piste, comptabilisait, l’an passé, 34 millions de passagers (soit 11 fois plus).

Nantes, nous dit-on, est appelé à un développement majeur et Notre Dame des Landes doit constituer, pour l’avenir, l’aéroport de dégagement de Paris et du progrès pour le grand Ouest. Adossé à l’océan atlantique, il ne desservirait finalement l’espace que sur 180°!. Les villes du Finistère (Quimper, Brest, Lannion, Morlaix, Carhaix), celles de la côte Nord (St Brieuc, St Malo, Fougères) et même Rennes (à 1h26 de Paris, en 2017) auront plus vite rejoint les aéroports parisiens et, qui plus est, par un moyen de transport  plus en phase avec le développement durable tant louangé par nos grands élus.
 Il faut impérativement soulager les aéroports parisiens, au bord de l’asphyxie, notamment pour le fret. Je vous l’accorde. Vous n’ignorez pas qu’à 124 kms de Roissy et 135 d’Orly, existe l’aéroport de Paris-Vatry, avec sa piste de 3900 mètres  qui  reçoit  les  gros porteurs et qui, en 2011, n’a connu qu’un trafic dérisoire de 50.000 passagers, soit moins de 140 passagers/jour. Notre Dame des Landes serait  3 fois plus éloigné de la capitale que ne l’est cet aéroport déjà construit, en déshérence et qui, de ce fait, coûte aux contribuables de cette Région, 20 millions d’euros chaque année pour combler son déficit. De plus, Paris-Vatry rayonne sur 360°, étant donné son positionnement central. Je ne peux donc  comprendre  cet acharnement à discréditer et traiter d’activistes radicaux et violents tous ceux qui réfléchissent et sont déroutés devant ces  affirmations aussi étonnantes qu’unanimes de nos grands élus signataires.

Chaque jour, ces mêmes grands élus nous parlent de développement durable. Oublieraient-ils qu’un boeing 747 engloutit chaque seconde de vol, 3  litres de kérosène. Une traversée de l’Atlantique représente 60 m3 de ce carburant. Il y a urgence à réserver ce mode de transport à l’utile et à l’essentiel. Ne faisons pas de rêves qui ne pourront se réaliser faute de ce bien que sont les hydrocarbures saturés indispensables au transport aérien et sans autre énergie alternative, aussi loin que la science puisse encore l’imaginer pour les 50 années à venir. Il  m’a été rapporté que, lors d’un récent débat public, un élu du territoire des Pays de Vilaine, aurait émis, le plus sérieusement du monde, que demain les avions commerciaux voleront grâce au photovoltaïque. Sans commentaire.
La société BATSCAP dont le siège à Ergué Gabéric, près de Quimper, est  leader mondial dans le domaine des batteries (notamment au lithium-polymère). Les progrès liés à ces technologies sont remarquables et les brevets d’invention déposés par cette entreprise innovante sont nombreux (86 publiés à ce jour). Vous pouvez même les consulter en ligne sur le site de référence mondial de l’OEB « Espacenet ». Toutefois, ce sont plus de 150 kgs de batteries chargées électriquement et embarquées qui permettent à un véhicule de parcourir à peine 200 kms, soit un équivalent  énergétique, en carburant, de 10 litres. Avec 10 litres de cet hydrocarbure  saturé (équivalent en kéroséne), notre boeing ne  volera  que 3 secondes. Je pense qu’il est inutile d’ajouter à la démonstration.
Malheureusement, non pour nous-mêmes aujourd’hui, mais pour les jeunes  générations, le transport aérien est pour très longtemps encore dépendant des hydrocarbures. Au rythme de nos besoins actuels, et à la raréfaction des réserves accessibles à des coûts acceptables, ne raisonner qu’en termes de développement incessant est une ineptie que précisément les jeunes générations ont intégrée.  Ces jeunes ne sont pas les casseurs, les violents, les activistes discrédités par les grands élus peu soucieux  de l’avenir de la planète, de leurs enfants et petits-enfants.
Des milliers de tonnes de fleurs coupées, notamment des roses, débarquent sur notre continent, en provenance du Kénya où des femmes travaillent pour un euro quotidien, dans des conditions d’exposition aux fongicides, pesticides et autres dérivés cancérigènes. Ce sont des dizaines de rotations qui, chaque jour, transitent par nos aéroports. Je suppose que le rêve de nos grands élus défenseurs du projet est d’en voir toujours plus atterrir à Notre Dame des Landes, symbole du progrès de demain.
Selon nos grands élus signataires de ce communiqué à charge, aucun retour sur ce projet ne serait possible puisque toutes les procédures juridiques ont été respectées et que leur mandat électif est garant du droit et du savoir. Ce  raisonnement est  inquiétant. Le citoyen, que je sache, ne donne pas de blanc-seing à des élus pour décider tout et n’importe quoi. A quoi sert un parlement et ses centaines de députés et sénateurs si ces mêmes élus n’ont plus la liberté de conserver un jugement propre et seraient contraints de voter sans le moindre discernement et jugement personnels.
L’histoire récente vient de nous démontrer que de hauts responsables avertis en leur temps des dangers de l’amiante se dédouanent aujourd’hui de leurs erreurs passées, au nom du principe bien connu « ni responsable, ni coupable ».
Vous savez aussi bien que moi que, dans les dossiers politiques sensibles, les enquêtes publiques sont  d’abord destinées à valider la volonté politique, les arguments indésirables étant le plus souvent  simplement écartés ou pris pour quantité négligeable. Il n’y a aucun déshonneur, bien au contraire, à faire évoluer son jugement et même  changer d’avis, lorsque les évidences sont là. La vérité d’hier  (années 70) n’est pas nécessairement celle d’aujourd’hui et encore moins celle de demain. Une jeunesse de plus en plus nombreuse l’a semble-t-il intégré et  accabler cette jeunesse « d’activistes radicaux et violents » est une insulte à  leur égard.
Pour ce qui me concerne, le doute n’est plus permis. Ce projet d’aéroport serait l’arbre qui cache la forêt. Les 260 hectares de Château-Bougon attisent des appétits de construction de millions de m2 de commerces et d’immeubles résidentiels. Faut-il détruire l’aéroport de Nantes-Atlantique et les 1600 ha de bocage de Notre Dame des landes, au mépris absolu de l’environnement. D’autres sites vacants existent certainement pour ce genre de constructions.

Finalement, j’ai  la conviction profonde que, dans de telles conditions, nous pourrions faire l’économie du Ministère de l’environnement.
Je ne crains pas le débat. Je suis même prêt à participer et développer les arguments techniques qui s’imposent, lors de toute rencontre publique qui serait organisée sur ce projet.
A la suite de ce communiqué, je souhaitais vous faire part de mon constat, de ma réflexion et de ma conviction profonde sur ce projet dont, l’inutilité économique et  l’injure  envers le développement équitable et durable  n’est plus à démontrer.
Ne pouvant accéder directement aux adresses ou mels des signataires, je vous prie, Madame, de me les communiquer ainsi que celles et  ceux de la commission Chéreau  constituée pour évaluer les réflexions des uns  et des autres en vue de restituer un rapport de synthèse sur ce sujet.

Je me réserve, en effet, le droit de rendre public, mon propos.

Je vous assure, en cette fin d’année, de ma considération distinguée et vous présente mes vœux pour la nouvelle année 2013
Le Maire de Quelneuc
René Leblanc

Vigie postale Elysée - Lettre n°22
L’éclairage d’un chef d’entreprise de la région nantaise
Jean-Marie Ravier - 17/01/2013

Jean Marie RAVIER
Mécan'outil
B.P 60027
MESANGER
44151 ANCENIS Cedex


Lettre ouverte à François HOLLANDE
                                                                                              Monsieur François HOLLANDE
                                                                                              Président de la République française
                                                                                              55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                                              75008 PARIS 8e


Nantes, le 17 janvier 2013

Monsieur le Président, et cher camarade,

(je me permets cette familiarité en tant que co-diplômé Service Public 74,  de la rue Saint Guillaume). Vous avez reçu ces derniers mois des courriers de Marcel et Sylvie Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau, de Chantal et Thierry Drouet, de Geneviève Lebouteux, de Jacques Chiron, de Françoise Verchère, de Patrick Baron, de Michel Tarin, d’Anne-Marie Chabod, de Philippe Trotté, d’Agnès Belaud, d’un collectif d’Orvault, de Dominique Fresneau, de Benoît Rubin, du CéDpa, d’Eric Jean, de Violette Boiveau, de Christophe Mounier, de Marie Jolivel et de Thierry Masson, soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien. La commission de dialogue mise en place a effectivement une mission très limitée et nous insistons pour vous rencontrer personnellement.

Ce courrier a pour but de vous apporter un éclairage différent, sur le problème largement traité de « l’Ayrauport ». L’éclairage d’un chef d’entreprise de la région nantaise.

Différent parce que la plupart de mes confrères sont encore unis derrière l’étendard de la Chambre de Commerce, pilier historique du projet NDDL. Or, si l’on regarde le projet avec l’éclairage que vous connaissez bien de la Cour des Comptes, on ne peut que constater que les 600 millions d’Euros du projet devront bien être financés un jour, cela se fera majoritairement par les 4 000 000 d’usagers annuels, ce qui renchérira le coût de chaque billet AR de 20 euros environ.

Nantes Atlantique est totalement amorti, les rares extensions récentes ont été faites de façon frugale par une chambre de commerce obsédée de longue date par la perspective de NDDL.

L’aéroport actuel est hyper compétitif personne ne le dit !

Cette explosion inéluctable des taxes d’aéroport représente à la fois peu et beaucoup. C’est peu pour les vols charters longue distance, car on touche à des voyages à budget élevé : 1500 à 3000 €. C’est beaucoup pour les vols low cost. Un aller-retour Nantes Nice, Nantes Marseille, Nantes Genève, coûte souvent moins de 100 euros, soit moins cher que les 120 à 140 euros d’un aller-retour Nantes Paris en TGV en seconde à la même échéance.

On ne vous dit pas tout ! La belle croissance du trafic de Nantes s’est faite ces dernières années, et se fera les années à venir par la croissance du low cost, RYANAIR, EASYJET, plus récemment VUELLING, et VOLOTEA, qui vient de créer à Nantes un véritable pôle low cost.

Notre Dame des Landes, va faire fuir ces low cost. Des expériences multiples prouvent qu’elles sont frileuses et allergiques aux taxes d’aéroport élevées. Rennes et Angers sont prêts à dérouler le tapis rouge pour les accueillir, et NDDL redescendra inéluctablement sous les 3 000 000 de passagers annuels. Désastre financier garanti ! Impossibilité de couvrir les frais directs d’un aéroport surdimensionné et, encore plus grave, de rembourser une dette très importante.

Désastre surtout pour le contribuable car l’équipe d’avocats de VINCI a très bien « blindé » son contrat !
Le chef d’entreprise que je suis sera pénalisé doublement :

1/ Parce que l’explosion du low cost nantais ces derniers temps m’a permis une bien meilleure présence commerciale sur certains territoires, notamment à l’exportation, mon carnet de commandes en ressent déjà l’impact favorable, malgré la conjoncture.

2/ Tout parallèlement, mes clients viennent beaucoup plus facilement me rendre visite, des Anglais la semaine prochaine, des Suisses dans quinze jours, qu’il était très difficile de faire venir avant le low cost.

Le low cost favorise donc de façon significative l’activité  et la compétitivité (mot à l’ordre du jour) des entreprises régionales. Sans parler de l’impact qu’aurait le départ des low cost sur le tourisme local…

En conclusion, NDDL sera une plate-forme non compétitive, ce qui fera fuir les low costs avec des impacts lourds sur l’activité et l’emploi.

Deuxième considération, là aussi jamais évoquée dans le débat NDDL :

Le low cost que j’utilise fréquemment, peut aussi être analysé à travers le prisme de l’analyse sociologique, que l’on apprend aussi Rue Saint Guillaume. Il est frappant de constater que l’on est très loin de l’ambiance feutrée, très « jet set » du transport aérien des années passées.

Les passagers du low cost proviennent de toutes les CSP, même les plus modestes. C’est comme aux USA un transport de masse, qui démocratise totalement le voyage, moins cher encore une fois que le rail, et même avec des profits pour les compagnies concernées (les seules du secteur aérien constamment profitables et en croissance).

Votre sensibilité politique devrait être sensible à cette démocratisation  objective et indiscutable des voyages aériens.

Démocratisation qui sera remise en cause par NDDL, et le départ des low costs

Troisième point original, plutôt dans une optique purement politique : Nantes est un bastion socialiste mais ce bastion est fragile. Pourquoi ? Deux raisons :

1/ Les automobilistes Nantais, malgré les efforts énormes (et ruineux) en faveur des transports en commun,  réalisent une part incompressible de 55% des déplacements. Une majorité donc, liée en très grande partie à l’urbanisme « tâche d’huile » de la métropole qui rend la voiture indispensable pour beaucoup de déplacements. Cette majorité commence à être excédée des embouteillages, des pertes de temps quotidiennes, et de la pollution que cela engendre. Pertes de temps qui sont également au détriment de la compétitivité du tissu économique régional.

Cette majorité d’automobilistes réclame une troisième file sur la rocade de NANTES, bloquée une bonne partie de la journée, elle réclame des parkings beaucoup plus grands, aux extrémités des réseaux de transports en communs. Les parkings actuels sont saturés de très bonne heure chaque matin.

Ces travaux pourraient être financés très facilement avec une fraction des sommes budgétées pour la desserte de NDDL, et ils changeraient la vie de nombreux automobilistes qui sont aussi des électeurs.

2/ Lors des prochaines élections,  la donne sera radicalement changée :

a/ Jean Marc Ayrault ne sera plus là !

b/ L’alliance électorale avec les Verts ne sera vraisemblablement plus à l’ordre du jour

Risque majeur que Nantes bascule à droite surtout si l’on continue à brimer la majorité silencieuse des automobilistes pour les pousser dans les transports en commun !

Maintenant, quelques considérations plus techniques, et là c’est l’ingénieur qui s’exprime ! (Centrale Paris)

1/ On ne vous dit pas tout ! Le bruit des avions baisse aussi vite que leurs exigences en carburant, les vieux aéronefs bruyants sont retirés du service, car ce sont également des gouffres à kérosène. L’empreinte sonore des nouvelles générations d’aéronefs équipés de réacteurs UDF unducted fans (post 2025) n’excédera pas les limites des plateformes aéroportuaires.

Demandez donc aux services de l’Etat de remettre à jour le plan d’exposition au bruit (PEB), en tenant compte des machines retirées du service depuis 10 ans pour les plus bruyantes, cela montrerait une volonté objective de faire avancer les choses ! On verra que le problème du bruit ne fait courir aucun risque à l’urbanisation de l’île de Nantes, comme un ancien maire avait pu le craindre !

2/ On vous a caché aussi qu’il était facile de prolonger une des lignes de tramway jusqu’à Nantes Atlantique, (1500 m depuis le terminus de la Neustrie, zone non urbanisée). La desserte ferroviaire tram-train prévue pour NDDL coutera au bas mot 20 fois plus cher ! Sans parler des 3 000 000 000 d’euros du TGV Nantes Rennes via NDDL.

Dans le contexte financier actuel, il est facile de comprendre que cette liaison ne se fera jamais ! Il faut l’avouer aux Français. Il faut également mettre à jour le dossier VINCI si l’on veut éviter que le contribuable, taillable et corvéable à merci, ne doive indemniser le concessionnaire, qui aura subi un préjudice de ce fait.
En tout cas, les taxis nantais se réjouissent de NDDL ! A juste titre : ils pourront renouveler leurs grosses AUDI et MERCEDES plus fréquemment….

3/ Il faut également que vous sachiez qu’au voisinage immédiat des aérogares prétendument en voie de saturation de Nantes Atlantique, se trouvent des hangars pour petits avions privés. Très pratique pour les mandarins de la chambre de commerce et leurs amis ! Aller à Belle Ile ou l’ile d’Yeu  en avion privé, c’est quand même bien agréable !

En conclusion, NANTES ATLANTIQUE est un excellent aéroport, très compétitif, très facile à mettre à jour progressivement, du fait de ses réserves foncières importantes. La chambre de commerce avec son obsession pour NDDL, l’a fait évoluer de façon très frugale, ce qui représente un gros atout aujourd’hui.
Les contribuables nantais apprécieront certainement que l’on dépense leur argent pour améliorer leur vie quotidienne, et non pour un équipement absolument inutile et qui handicapera la compétitivité de leurs entreprises, l’attractivité de leurs activités touristiques, et alourdira leurs impôts.

Dans l’attente de votre proposition de rencontre, je vous assure, Monsieur le Président, de toute ma considération.

Le Président Directeur général

Jean-Marie RAVIER

P.S. Je ne suis pas seul à apprécier NANTES ATLANTIQUE !
L’aéroport Nantes Atlantique élu meilleur aéroport européen


Le prix a été remis à Nicolas Notebaert, président de Vinci Airports et François Marie, Directeur de l’Aéroport Nantes Atlantique.
Jeudi dernier, à Rome, les compagnies aériennes régionales ont remis le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen à l’équipement de Nantes-Atlantique.
Après London Southend Airport, Newquay Airport, London City Airport, Munich Airport International, Innsbruck Airports, BAA Southampton, l’aéroport Nantes Atlantique a été retenu notamment pour sa politique de prix attractifs et sa politique d’innovation dans la qualité des services.



lundi 11 février 2013

Un nouvel occupant à Bellevue !


Ce weekend, pour saluer à sa façon l’arrivée des marcheurs à Notre Dame des Landes, Mignonne, la belle vache charolaise de Bellevue, a mis bas. Un beau petit veau mâle est né. Les copains ont tout de suite trouvé son nom et c’est « Insoumis » bien sûr !

Insoumis et sa mère

 Les travaux continuent à Bellevue : nettoyage, peinture… La salle de réunion et/ou d’exposition a été bétonnée aujourd’hui. Les pierres de l’ouverture cassée se remontent peu à peu… 

les copains au travail...


un nouveau seuil au poulailler avec le reste de béton...

La vie continue normalement... A 1 km de Bellevue, une dizaine de cars de C.R.S. sont là pour accompagner les diagnostics archéologiques faits sur le tracé du barreau routier. La pelleteuse rebouchait tantôt les tranchées faites en fin de semaine dernière. Elles étaient remplies d’eau mais comme me le dit si bien le Préfet de Région dans un récent courrier, « l’opération de diagnostic archéologique constitue une intervention ponctuelle qui ne conduit pas à une remise en cause de l’exploitabilité de ces terrains ». D’un côté, le Préfet décrète, de l’autre le Paysan voit le terrain et sait d’expérience ce qui est mauvais pour sa terre.


dimanche 10 février 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°21
Une décision, fût-elle parfaitement légale, n'est jamais irrévocable
René Bourrigaud - 10/01/2013

René Bourrigaud
Maître de conférences honoraire de l’Université de Nantes
avec  le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport

                                                                                    à Monsieur le Président de la République
                                                                                       Palais de l’Elysée
                                                                                       55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                                       75008 PARIS

Copie à Monsieur Frédéric Cuvillier, ministre délégué en charge du Transport

Treffieux, le 10 janvier 2013

Monsieur le Président,

Si la coordination des opposants dans laquelle je ne suis pas personnellement engagé – au moins jusqu’à maintenant – me demande d’intervenir en faveur de l’abandon d’un projet inutile, dangereux, coûteux, plus destructeur que constructeur d’avenir, c’est en raison, je suppose, de mes implications anciennes dans le combat paysan, aux côtés d’hommes que vous avez connus comme Bernard Lambert ou Bernard Thareau, et de mes engagements dans les combats portés par la gauche et le mouvement ouvrier en général. Il me faudrait un peu de place pour vous les présenter ici, c’est pourquoi je préfère joindre à ce courrier une sorte de curriculum vitae qui résume ce parcours.

C’est aussi, selon ce qu’ils m’ont dit, parce que j’ai rédigé un texte qui compare l’affaire de Notre-Dame des Landes à l’affaire Dreyfus, surtout pour montrer qu'une décision, fût-elle parfaitement légale, n'est jamais irrévocable (cf. document en annexe).

Je ne vais pas rependre ici l’argumentaire technique du dossier : il y a beaucoup plus compétent que moi pour le faire. Sachez seulement que c’est en lisant attentivement les argumentaires des deux bords que j’en suis venu à me prononcer clairement et fermement contre ce projet. N’ayant pas de lourdes responsabilités comme vous, j’ai plus de temps pour réfléchir sur des dossiers complexes de ce genre qui doivent parvenir à l’Elysée et à Matignon par centaines.

Ce que je peux faire en revanche, c’est poursuivre une réflexion générale sur la façon dont on peut se représenter l’avenir, car l’idée que nous nous faisons de l’avenir doit être le seul guide de nos décisions collectives en matière d’infrastructures. Mais comme l’avenir est incertain, que la prospective n’est pas une science exacte mais plutôt un exercice risqué, on peut naturellement se tromper. Comme nous sommes progressistes, de gauche, soucieux de promouvoir un monde plus juste, de chercher à assurer le bien-être et le bien-vivre ensemble pour notre société qui s’étend aujourd’hui au monde entier, c’est en fonction de ces objectifs qu’il faut prendre nos décisions qui engagent cet avenir.

Une première question que l’on peut se poser est celle-ci : le développement des transports aériens est-il nécessaire, est-il même compatible avec un avenir meilleur pour notre région, pour notre pays, pour les peuples des autres pays ?

Le passé est rempli de projets que l’on croyait porteur d’avenir et qui se sont effondrés. La France est d’ailleurs une spécialiste en la matière. L’exemple le plus évident et le plus proche de notre sujet est sans doute le Concorde. Un autre projet plus ancien, datant de la fin du XIXe siècle, pour lequel se sont battus d’illustres anciens du socialisme nantais comme Charles Brunellière, un petit armateur qui fut pourtant un ferme soutien du syndicalisme ouvrier et le fondateur du socialisme nantais. Il s’agit du canal latéral de la Loire-maritime, pour permettre aux gros bateaux de remonter la Loire jusqu’à Nantes. Ce projet était perçu comme fondamental pour le développement économique de Nantes. Hélas, ses promoteurs n’avaient pas intégré deux éléments : le développement des chemins de fer qui facilitait grandement les transports terrestres et le glissement des activités du port de Nantes vers l’aval, avec le développement de Saint-Nazaire, de Montoir et de Donges. Ce canal maritime, pourtant très coûteux, s’est réalisé mais n’a fonctionné qu’un temps très bref. Il est devenu un lieu abandonné, un objet d’attraction touristique… et de réflexion possible sur l’intérêt des grands projets.

Pourquoi m’attarder sur cet exemple ? Parce qu’il est, je crois, typique d’un mode de raisonnement linéaire : si on ne prend pas le temps de réfléchir, éventuellement de se remettre en cause, on voit l’avenir dans le prolongement des programmes du passé. L’idée que l’on se faisait de la « croissance » dans les années 1960, c’était le développement quantitatif des transports, et des transports les plus modernes, les plus rapides. Mais où ceci nous mène-t-il ?

Les transports aériens « de proximité » permettent, certes, aux gens qui en ont les moyens, d’aller passer régulièrement des vacances aux Baléares ou en Thaïlande ; aux hommes d’affaires de se rendre auprès de leurs succursales ou de leurs clients à l’étranger, mais les moyens actuels de déplacement sont suffisants et les échanges directs par visio-conférences peuvent éviter bien des déplacements fréquents. Les vrais freins à nos exportations ne sont pas là, mais bien davantage par exemple à notre mauvaise maîtrise de l’anglais et des autres langues étrangères. Un nouvel aéroport va-t-il favoriser la venue de touristes étrangers sur nos côtes et dans nos musées ? Franchement, le succès de nos stations balnéaires n’a pas attendu un aéroport qui apparaîtrait, vu de la Baule, comme enfoncé dans un arrière-pays un peu trop « rural ». Et les grands musées de Nantes seront toujours plus près de la gare SNCF que de Notre-Dame-des-Landes. Venant de Paris – puisque c’est là qu’arrivent et qu’arriveront toujours les étrangers – combien de temps met-on pour aller au musée du Château des Ducs en prenant le TGV et combien en mettrait-on en prenant un avion qui atterrirait à Notre-Dame-des-Landes ? Si l’on compte les déplacements intermédiaires et les temps d’attente, on risque de mettre deux fois plus de temps avec l’avion…

Les transports aériens permettent aussi un transport rapide des denrées périssables. Mais autant on a besoin des produits agricoles venant des pays tropicaux comme le café, le cacao, la banane, les agrumes – qui nous viennent depuis longtemps par bateau – autant on n’a pas besoin des produits qui nous viennent des pays tempérés de l’hémisphère sud. Faut-il, pour être heureux, manger des haricots verts venant d’Afrique du sud ou des cerises à Noël ?

Face à cet ancien modèle de développement fondé sur une croissance linéaire des échanges internationaux et une accélération de leur rapidité, d’autres modèles émergent : plus économes en énergie, plus autocentrés, plus respectueux de l’environnement et de la diversité des cultures. Vous le savez bien puisque j’ai l’impression, en écrivant cela, d’écrire des banalités qui émaillent vos propres discours électoraux. Vous le savez, vous le dites, mais ce n’est pas encore incorporé dans votre « logiciel d’exploitation », celui qui, au fond de chacun, fait agir en dernier ressort.

Bien sûr, il existe des lobbies qui ont intérêt à ce que cet aéroport se fasse : les entreprises de travaux publics qui auront pendant quelques années un gros chantier à réaliser, les sociétés multinationales, les spéculateurs sur les matières premières, toute une élite mondialisée qui saute d’un avion dans l’autre pour un week-end à New York ou une rencontre impromptue à Hong Kong ou Singapour. Il y a aussi ceux qui n’y auront jamais accès, car on ferme nos frontières aux émigrés, on ne veut pas accueillir les pauvres qui cherchent du travail, ceux-là n’ont pas besoin d’un nouvel aéroport.

Inutile de poursuivre. Pour peu qu’on réfléchisse, il est d’une évidence absolue que des pouvoirs publics conscients des contraintes qui s’imposeront de plus en plus à nous dans l’avenir doivent favoriser les transports les moins coûteux en énergie. Construire des bateaux est plus utile et plus durable que construire des avions. Ca tombe bien, car les chantiers navals de Saint-Nazaire seront heureux de recevoir des commandes.

Il faut donc se sortir du bourbier de Notre-Dame-des-Landes. Compte tenu de notre organisation politique et de nos traditions, la décision viendra d’en-haut. En fait, l’impulsion dans un sens nouveau viendra de vous. C’est dommage, mais c’est ainsi. Elle viendra de vous, parce que la pression de la base finira par vous convaincre que la décision la plus sage, c’est d’arrêter les frais sur ce dossier qui va vous coûter trop cher, en termes d’image. Dites-vous bien que les citoyens qui sont convaincus que ce projet est devenu une erreur grossière ne renonceront pas. Les jeunes – parfois au chômage, désabusés, sans avenir – redécouvrent l’intérêt de la lutte collective et reprennent courage et enthousiasme dans la lutte contre ce projet. Ils ne céderont pas. Si vous voulez vraiment passer en force, le conflit va se durcir, et il n’est pas impossible qu’il y ait des victimes. Alors le pays s’embrasera et vous devrez reculer. Mais il sera trop tard pour votre image d’homme de dialogue.

Votre premier ministre, Jean-Marc Ayrault, est un homme remarquable qui a beaucoup fait pour donner une bonne image de sa ville et de notre région. Mais je vais vous rapporter une conversation de café, qui s’est passée dans un café parisien du côté de la gare Saint-Lazare le 7 décembre dernier. Une collègue universitaire parisienne me demandait à brûle-pourpoint: « Mais qu’est-ce qu’il lui prend à JM Ayrault ? Il est en train d’abîmer l’image de sa ville ! » S’il vous plaît, suggérez-le lui, car il ne s’en rend pas compte.
S’il s’entête dans ce projet du passé, il faudra vous séparer de lui et choisir un premier ministre qui annoncera l’abandon du projet. Je lui suggère aussi d’annoncer la mise en place d’une nouvelle commission du dialogue pour réfléchir à la reconversion des crédits publics prévus pour ce projet dans le financement de dizaines de projet plus petits, mais plus utiles à notre bien-être, à notre avenir et à celui de nos enfants.

Monsieur le Président, vous avez reçu ces derniers mois des courriers de vingt personnes vous demandant un entretien. Je  renouvelle donc aujourd’hui  cette demande car il est toujours temps de discuter avec des personnes qui sont devenues, au fil du temps, de vrais spécialistes sur le dossier de Notre Dame des Landes.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.

René Bourrigaud
---------------------------------------------------------------------------------René Bourrigaud : repères biographiques

Origine :
Né le 2 octobre 1946 de parents agriculteurs à Maumusson (Loire-Atlantique - région d’Ancenis)

Formation :
Etudes secondaires à Ancenis, puis Nantes. Bac scientifique en 1964.
Première série d’études supérieures à l’ESA d’Angers. Ingénieur en agriculture en 1969.
En même temps, militant d’action catholique (JEC  - MRJC) puis militant à l’UNEF et au PSU, fortement impliqué dans le mouvement étudiant de mai 68.
A partir de mai 1969, enseignant pendant deux ans dans un centre de techniciens agricoles.
 Service militaire au camp de Meucon à Vannes, seul appelé dans une compagnie d’engagés revenant du Tchad (tactique du commandement pour éviter l’agitation politique).

Activités professionnelles dans le mouvement syndical agricole de Loire-Atlantique
Libération anticipée en février 1972 et engagement comme animateur salarié de la FDSEA de Loire-Atlantique, par Joseph Chevalier, en remplacement de Médard Lebot qui rejoignait la CANA.
Lors d’une crise interne au syndicalisme agricole de Loire-Atlantique et au départ des militants paysans-travailleurs, notamment de Bernard Deniaud qui était alors secrétaire général de la FDSEA, choix de suivre ceux-ci qui me recrutent en 1974, comme premier animateur salarié de l’association des paysans-travailleurs de L.A.
Au bout de 18 mois, selon une volonté de rotation rapide des responsables, départ de ce poste, mais impossibilité de trouver du travail dans les organisations agricoles.

Reconversion professionnelle
En 1978-79, placé dans une impasse professionnelle qui se prolongera  (travail « alimentaire » dans un GAEC pour assurer les livraisons de lait cru sur Nantes pendant six ans), je décide de reprendre des études à la faculté de droit de Nantes, avec les encouragements de Yannick Guin (proche collaborateur de JM Ayrault).
Avec Yannick Guin, nous fondons ce qui est devenu le Centre d’Histoire du Travail de Nantes dans lequel je travaillerai comme salarié pendant 10 ans (de 1982 à 1992), en favorisant ainsi le rassemblement des archives paysannes aux côtés de celles du mouvement ouvrier.
Ayant le statut de salarié agricole, alors syndiqué à la CFDT, je suis par ailleurs élu conseiller prud’homme à Nantes, fonction judiciaire que j’exercerai pendant 13 ans, de 1979 à 1992.
Titulaire d’un DEA option « Droit social et mouvements sociaux contemporains », je suis recruté comme vacataire chargé de travaux dirigés en Histoire du droit à la faculté de droit de Nantes. Je prépare alors une thèse sur les transformations de l’agriculture et la naissance des premières organisations agricoles au XIXe siècle en Loire-Atlantique.

Carrière universitaire
Après ma soutenance de thèse et ma qualification, je suis recruté à 47 ans comme maître de conférences à la faculté de droit de Nantes, spécialité Histoire du droit. J’ai assuré notamment des enseignements sur l’histoire politique contemporaine, l’histoire du droit de propriété, l’histoire du droit du travail, l’histoire de la protection sociale. Membre du laboratoire associé au CNRS « Droit et changement social » (aujourd’hui, depuis la retraite, membre associé)

Principales publications (seuls les ouvrages sont indiqués)
1980 : « Cheix-en-Retz – les ceps de l’injustice » (1980) (l’histoire d’une lutte foncière marquante dans le Pays-de-Retz) 
1998 : Avec un collectif : « Bernard Lambert, 30 ans de combat paysan ».
1990 : « Lettres nantaises – la correspondance Brunellière-Hamon  (1891-1899) ».
1994 : « Le Développement agricole au 19e siècle en Loire-Atlantique » (thèse abrégée).
1996 : « Interlude – le défi d’un groupe de chômeurs nantais » (l’ouverture d’un restaurant associatif).
2002 : « Paysans de Loire-Atlantique  – 15 itinéraires à travers le siècle ».
2006-2007 : Direction avec F. Sigaut (EHESS) de l’ouvrage « Nous labourons - Actes du colloque techniques de travail de la terre, hier et aujourd’hui, ici et là-bas ».
2010 -  Avec un autre collectif : « La (vache) Nantaise – Histoire et renaissance » (2010).
En préparation : un ouvrage sur l’histoire de la protection sociale agricole en France (à la demande du Comité d’histoire de la Sécurité sociale).

Engagements actuels
Retraité depuis 2007, tout en poursuivant une activité de recherche et de publication,  je suis surtout impliqué dans la sauvegarde et la promotion du patrimoine agricole et rural à travers les musées d’agriculture. Essayant d’agir à tous les niveaux, je suis ainsi :
- président d’une association locale dont le siège est à Treffieux : le Centre international de culture paysanne et rurale (qui a notamment organisé un colloque international sur les techniques de labour en 2006 en liaison avec le Conseil général).
-secrétaire de la Fédération départementale des musées d’agriculture de Loire-Atlantique qui fédère une vingtaine de structures animées le plus souvent par des bénévoles.
- Administrateur de la Fédération nationale (AFMA).
- Secrétaire général de l’Association internationale des Musées d’agriculture (AIMA), organisation affiliée à l’ICOM.

Coordonnées
René Bourrigaud
44170 Treffieux

Fait le 4 janvier 2013