dimanche 24 juin 2012

Le changement, c'est maintenant ! suite...

Comme nous l'avait dit l'avocat, Sylvain est bien sorti de la gendarmerie de Chateaubriand jeudi soir à 21h10.Mais son tracteur, consigné à Pontchâteau, n'a, quant à lui, pas encore été relâché. L'avocat y travaille, affaire à suivre.
Je rajoute quelques photos de ce jeudi mémorable...

Les "bleus" en manoeuvre :

formation tortue pour l'entrée des commissaires enquêteurs

déménagement par les bleus...












Cela peut laisser des traces!


Arrestation du tracteur, toujours emprisonné à cette heure, l'"ARME" de Sylvain...

Moi, j'en connais qui sont véritablement bien armés...


outil patiné par l'usage? Sur le dos de qui?



vendredi 22 juin 2012

Le changement, c'est maintenant!

Difficile d’y croire à Notre Dame des Landes après ce jeudi 21 juin 2012 vécu. Journée grise en ce jour d’été qui marquait l’ouverture des enquêtes publiques.
Dans la nuit, vers 3 heures, entre les rondes de voiture de la gendarmerie, une quinzaine de tracteurs ont pris position et bloqué l’accès au bungalow et à la salle des chênes, salles réquisitionnées pour les besoins de l’Etat. Des opposants se sont installés sur le toit de la mairie et des bâtiments attenants.

L’objectif est d’obtenir le report des enquêtes en septembre ; en tant que citoyen, comment peut-on lire plus de 2000 pages de documents en 4.5 semaines et donner un avis éclairé, avec à notre disposition seulement certains jours des commissaires enquêteurs qui ne maitrisent absolument pas les sujets mis à l’enquête et qui ne peuvent souvent pas répondre aux questions posées?



 

8h15,  les forces de l’ordre (gendarmerie mobile) déboulent et entrent en action. Il faut faire place nette pour l’arrivée des commissaires enquêteurs : 







elles repoussent les manifestants loin des tracteurs, les trainant si besoin. 








Elles essaient de déloger les chauffeurs de tracteur enfermés dans leur cabine en n’hésitant pas à casser des vitres ou à les sortir par le toit ouvrant… Les menaces commencent : « enlevez vos tracteurs ou ils vont être mis en fourrière à vos frais ». 






Les enfants en accueil périscolaire sont emmenés à l’école et passent devant un cortège de gendarmes et de véhicules bleus…(ah, vivre tranquille à Notre Dame des Landes…)

 9h approche. Un serrurier est appelé pour ouvrir la mairie (serrure sabotée), les accès aux annexes étant toujours bloqués par les tracteurs. Malgré tous ses efforts, il n’y arrive pas. Qu’à cela ne tienne ! Un gendarme brise la vitre de la porte et entre dans la mairie : l’enquête publique aura lieu, coûte que coûte !
Les commissaires enquêteurs arrivent. Il est plus de 9 heures. Nous assistons alors aux manœuvres des bleus : formation tortue avec les boucliers pour protéger les têtes des commissaires à leur entrée dans la mairie. Toute approche de la mairie est bloquée par les gendarmes. L’attente commence : on finit par nous dire que nous pouvons entrer  mais seulement un par un. Des landais viennent apporter leur contribution dans une enveloppe. Je ne sais pas si ils n’ont pas voulu entrer ou si l’accès leur a été refusé mais, toujours est-il que leur enveloppe est vite fouillée par un gendarme qui finit par l’emmener.
L’attente se poursuit, parfois sous la pluie. Sylvain, arrivé en tracteur et voulant se positionner entre les manifestants et les forces de l’ordre est violemment assailli à coup de gaz lacrymogène. Son tracteur est saisi et chargé à l’aide d’une dépanneuse sur un plateau. Sylvain est arrêté.
Le déploiement des forces de l’ordre est toujours aussi impressionnant. Les manifestants sont tous maintenus à distance de la mairie. Ceux installés sur les toits crient et appellent à la résistance, dénoncent la mascarade d’enquête publique et tiennent bon malgré la pluie qui tombe.
12 h sonne. Les commissaires enquêteurs partent. Les forces de l’ordre amorcent un repli. Les manifestants marchent alors sur eux. Les enfants allant déjeuner à la cantine passent non loin et d’eux-même se mettent à crier « Non, non, non à l’aéroport »… Les gendarmes partent ; le calme revient à Notre Dame. Nous attendons ceux qui étaient sur les toits avant de nous disperser. 

Un groupe part à Châteaubriant où a été emmené Sylvain. Il est accusé de violence avec arme devant dépositaire de la force publique. Son tracteur, « arme du crime » a été emmené comme pièce à conviction en un endroit encore inconnu (Pontchâteau peut-être). Nous, manifestants, avons seulement assisté à une manœuvre visant à se positionner entre manifestants et gendarmes, manœuvre accompagnée par des manifestants qui faisaient même tampon entre le tracteur « menaçant » et les gendarmes. L’assaut fut donné et tous copieusement arrosés de gaz lacrymo.
L’avocat appelé pour l’audition de Sylvain sort nous donner des nouvelles rassurantes : Sylvain sortira en fin de journée. L’attente se poursuit donc, en musique, devant la gendarmerie.






Un manifestant dit en souriant : « finalement, avec leur tracteur, les paysans sont des « gens d’arme » qui s’ignorent ! Les vrais eux sont mal à l’aise face à cela, ce qui explique peut-être leur réaction.

Après ces nouvelles et l’arrivée de nouvelles personnes, je repars à Notre Dame pour traire les vaches ; il est déjà 17h30.

dimanche 10 juin 2012

Nos politiques toujours sous surveillance!


Au cours des 15 derniers jours, la campagne pré-législative a battu son plein…parade de tous pour empocher des voix si précieuses pour que tel ou tel camp ait une réelle marge de manœuvre (ah, le vote utile…)… 
rue de la salle des fêtes à Blain

A Blain, la venue du candidat PS sur la 6ième circonscription de Loire Atlantique (à laquelle est rattachée Notre Dame des landes) ne pouvait laisser les agriculteurs indifférents. Un rassemblement s’est donc fait le mercredi 6 juin 20h pour accueillir Yves DANIEL lors de sa réunion électorale tenue à la salle des fêtes de Blain : une vingtaine de tracteurs et au moins 100 personnes l’attendaient.


"l'homme pressé"


Nous sommes calmement entrés dans la salle, après une petite conférence de presse, pour débattre avec le candidat PS. Il nous a fait la fleur de bien vouloir répondre à 3 questions : 3 seulement (« nous ne sommes pas là pour refaire le débat du projet ; d’autres personnes sont venus m’entendre et m’interroger sur d’autres sujets », de façon incomplète (toujours l’art du politique de répondre sans répondre !) et quand la question était trop embarrassante, ouf, camarade Grosvalet était là pour pallier aux lacunes.
 Le plus drôle a été le moment où Y. Daniel a voulu utiliser sa visite aux grévistes pour illustrer le sens du dialogue au PS (pour information, cette visite a été effectuée le 30 mai chez l’un des grévistes par l’entremise de la commission agricole du PS et non à l’initiative d’Y.Daniel). Y. Daniel en parlait donc et faisait valoir le…, « ah je cherche mon mot, je ne le retrouve plus …, ah si, dialogue ». Quand un mot n’est pas dans le vocabulaire et pratique courants de quelqu’un, celui-ci a du mal à l’utiliser, n’est-ce-pas ? 
la banderole d'accueil
 Ne nous berçons pas d’illusions, il faut et faudra toujours continuer à nous battre pour que le dialogue s’instaure sur le projet d’aéroport et que nos politiques répondent vraiment aux questions posées !
Faisons donc entendre nos voix pour que le changement maintenant soit effectif dans tous les domaines…et surtout, surtout, chez nos politiques !

jeudi 7 juin 2012

Jugement du 30 mai...


Mercredi 30 mai 2012
Nous arrivons en avance au tribunal et retrouvons progressivement des visages connus et amis. Tous ne sont pas amis, ça non, pas les Fit conseil et autres AGO, mais tous sont connus. L’essentiel du public est constitué de militants et aussi de propriétaires venus recevoir la sentence.
Nous attendons M. le juge, bien sagement. Et M. le juge se fait vraiment attendre. On a l’impression que Maitre Lemoigne fait sa conférence de presse, mais comment peut-il faire alors que la sentence n’est pas rendue ?
Enfin M. le juge et sa greffière s’installent.
Mr le juge rappelle à quelles visites de terrain ce jugement fait suite.
Il informe AGO que les présentations faites par un salarié de Fit Conseil lors des deux premières audiences ne sont pas retenues, car cela ne devait pas être délégué à un autre organisme. Et TOC ! Par contre, cela ne change rien puisque le juge prend sa décision à partir des documents qui lui sont remis.
Prudent, M. le juge rappelle le cadre de l’expropriation :
- impossible de prendre en compte un éventuel préjudice moral 
- impossible de tenir compte de la valorisation que fera l’expropriant.
Douche froide pour l’auditoire …
Par contre, il a retenu l’argument de Me Lemoigne : compte tenu du droit de préemption exercé par le conseil général, le prix du foncier sur la zone était déconnecté de la réalité et il faut donc prendre des références plus larges.
M. le juge a donc retenu les tarifs de foncier publiés par le ministère de l’agriculture en juillet 2011 ; cette donnée officielle lui semble peu contestable.
Ainsi, le prix décidé par le juge de l’expropriation est de 27 centimes d’euro au m2, soit 66% de plus que la proposition de l’expropriant, précise-t’il. Il invite la presse à le rejoindre. Mais pourquoi tous les salariés d’AGO se précipitent-ils aussi sur lui ?  Est-ce pour le féliciter ou lui dire vous ne pouvez pas nous faire cela ?
Cette séance a été courte ; on n’ose pas se lever déjà. C’est fini ?
Que penser de ce jugement ?
Le premier sentiment est une frustration. Nous fantasmions sur un prix qui déstabiliserait AGO et là, on reste sur un prix agricole.
Quand on réfléchit ensuite, on se dit : on a gagné ; l’argument de nos avocats a été pris en compte, et compte tenu de la marge de manœuvre de l’expropriation ce n’est pas si mal.
De toute façon, le but ce n’est pas l’argent, c’est de faire reculer AGO.
Quand j’ai dit cet été au public : nous demandons aux propriétaires de ne pas signer ; ils n’ont rien à perdre ; j’ai eu raison. Ceux qui ont signé à l’amiable peuvent le regretter maintenant.
Dernier point :  plus aucun propriétaire ne risque de signer une vente amiable de son terrain.
Enfin, c’est aussi un encouragement donné aux autres résistants, propriétaires de maisons et fermiers, qui peuvent s’attendre à un traitement juste de leur dossier.
Merci M. le juge ; vos décisions sont comme votre comportement, empreintes de sagesse et d’humanité.
Merci et hélas, à bientôt M. le juge.
Marcel, paysan à Notre Dame