vendredi 22 juin 2012

Le changement, c'est maintenant!

Difficile d’y croire à Notre Dame des Landes après ce jeudi 21 juin 2012 vécu. Journée grise en ce jour d’été qui marquait l’ouverture des enquêtes publiques.
Dans la nuit, vers 3 heures, entre les rondes de voiture de la gendarmerie, une quinzaine de tracteurs ont pris position et bloqué l’accès au bungalow et à la salle des chênes, salles réquisitionnées pour les besoins de l’Etat. Des opposants se sont installés sur le toit de la mairie et des bâtiments attenants.

L’objectif est d’obtenir le report des enquêtes en septembre ; en tant que citoyen, comment peut-on lire plus de 2000 pages de documents en 4.5 semaines et donner un avis éclairé, avec à notre disposition seulement certains jours des commissaires enquêteurs qui ne maitrisent absolument pas les sujets mis à l’enquête et qui ne peuvent souvent pas répondre aux questions posées?



 

8h15,  les forces de l’ordre (gendarmerie mobile) déboulent et entrent en action. Il faut faire place nette pour l’arrivée des commissaires enquêteurs : 







elles repoussent les manifestants loin des tracteurs, les trainant si besoin. 








Elles essaient de déloger les chauffeurs de tracteur enfermés dans leur cabine en n’hésitant pas à casser des vitres ou à les sortir par le toit ouvrant… Les menaces commencent : « enlevez vos tracteurs ou ils vont être mis en fourrière à vos frais ». 






Les enfants en accueil périscolaire sont emmenés à l’école et passent devant un cortège de gendarmes et de véhicules bleus…(ah, vivre tranquille à Notre Dame des Landes…)

 9h approche. Un serrurier est appelé pour ouvrir la mairie (serrure sabotée), les accès aux annexes étant toujours bloqués par les tracteurs. Malgré tous ses efforts, il n’y arrive pas. Qu’à cela ne tienne ! Un gendarme brise la vitre de la porte et entre dans la mairie : l’enquête publique aura lieu, coûte que coûte !
Les commissaires enquêteurs arrivent. Il est plus de 9 heures. Nous assistons alors aux manœuvres des bleus : formation tortue avec les boucliers pour protéger les têtes des commissaires à leur entrée dans la mairie. Toute approche de la mairie est bloquée par les gendarmes. L’attente commence : on finit par nous dire que nous pouvons entrer  mais seulement un par un. Des landais viennent apporter leur contribution dans une enveloppe. Je ne sais pas si ils n’ont pas voulu entrer ou si l’accès leur a été refusé mais, toujours est-il que leur enveloppe est vite fouillée par un gendarme qui finit par l’emmener.
L’attente se poursuit, parfois sous la pluie. Sylvain, arrivé en tracteur et voulant se positionner entre les manifestants et les forces de l’ordre est violemment assailli à coup de gaz lacrymogène. Son tracteur est saisi et chargé à l’aide d’une dépanneuse sur un plateau. Sylvain est arrêté.
Le déploiement des forces de l’ordre est toujours aussi impressionnant. Les manifestants sont tous maintenus à distance de la mairie. Ceux installés sur les toits crient et appellent à la résistance, dénoncent la mascarade d’enquête publique et tiennent bon malgré la pluie qui tombe.
12 h sonne. Les commissaires enquêteurs partent. Les forces de l’ordre amorcent un repli. Les manifestants marchent alors sur eux. Les enfants allant déjeuner à la cantine passent non loin et d’eux-même se mettent à crier « Non, non, non à l’aéroport »… Les gendarmes partent ; le calme revient à Notre Dame. Nous attendons ceux qui étaient sur les toits avant de nous disperser. 

Un groupe part à Châteaubriant où a été emmené Sylvain. Il est accusé de violence avec arme devant dépositaire de la force publique. Son tracteur, « arme du crime » a été emmené comme pièce à conviction en un endroit encore inconnu (Pontchâteau peut-être). Nous, manifestants, avons seulement assisté à une manœuvre visant à se positionner entre manifestants et gendarmes, manœuvre accompagnée par des manifestants qui faisaient même tampon entre le tracteur « menaçant » et les gendarmes. L’assaut fut donné et tous copieusement arrosés de gaz lacrymo.
L’avocat appelé pour l’audition de Sylvain sort nous donner des nouvelles rassurantes : Sylvain sortira en fin de journée. L’attente se poursuit donc, en musique, devant la gendarmerie.






Un manifestant dit en souriant : « finalement, avec leur tracteur, les paysans sont des « gens d’arme » qui s’ignorent ! Les vrais eux sont mal à l’aise face à cela, ce qui explique peut-être leur réaction.

Après ces nouvelles et l’arrivée de nouvelles personnes, je repars à Notre Dame pour traire les vaches ; il est déjà 17h30.

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