vendredi 17 janvier 2014

Folle nuit au limimbout...

Depuis quelques jours, nous surveillions Fougère et Greatlady, deux vaches proches du vêlage.
Quelques explications préalables :
  •  nos vêlages se font tous dehors, qu’il pleuve, vente ou neige parce que nous n’avons plus de place en bâtiment et parce que le champ nous semble un espace beaucoup plus sain que la stabulation.
  • les noms de nos vaches peuvent paraître prétentieux, mais nous essayons de mettre la filiation dans le nom ; il y a par exemple une lignée sur Harry Potter, toutes descendantes de Vif d’Or et Greatlady est fille de Darklady, elle-même fille de Blackbeauty.
La mamelle se développait de plus en plus et elles se « cassaient », c'est-à-dire que les ligaments autour de la queue se détendaient fortement. Nous passions matin et soir faire le point. Puis, est venu un moment où on s’est dit que le vêlage allait  se faire dans les 24 heures et là on est passé matin, midi et soir.
Le samedi matin, j’ai vu que Fougère avait des contractions et le midi, un veau était couché à ses côtés. Je l’ai appelé Pathé Marconi, car c’est un mâle, donc nous allons le vendre, et il a de grandes tâches noires autour des yeux.

Le samedi soir, vers 22 heures, Greatlady avait à son tour des contractions. Comme c’est son premier veau, il fallait assurer la surveillance. Donc réveil sur minuit.
A minuit, sortir du lit n’est pas un plaisir…Voiture, lampe torche et on y va.

Dans le champ, la vache a changé de place, je mets quelques temps à la retrouver.
J’approche à 5 mètres, et là, hop, elle se lève, pas possible d’approcher. Mais j’ai pu voir les onglons sortis : il y a bien deux pattes et précisément des pattes avant. A elle de travailler seule puisqu’elle ne veut pas d’aide et que tout se présente bien. De toute façon, quand on ne voit que les onglons, c’est trop tôt pour intervenir. Il faut laisser le travail se faire.
Après deux heures de sommeil, me voici de retour. Elle a encore bougé et est allée se coincer dans un léger dénivelé correspondant à la raie de labour. Quand j’approche, elle bat des pattes, mais sans pouvoir se redresser. Le museau du veau est sorti, mais pas les yeux.
La langue pend, violette, il est temps d’intervenir. La vache autant que le veau peuvent souffrir ; il faut en finir. Je mets les cordelettes sur les pattes et exerce une tension constante.
Je ne dis pas « poussez ! poussez ! », mais  c’est tout comme.
La brave Greatlady pousse vaillamment et je dois aussi l’aider vaillamment.
La tête sort enfin, mais il faut continuer à tirer jusqu’à la sortie du veau car il est assez gros.
Bon, une fois sorti, je frotte le veau avec une poignée de foin, il secoue et redresse la tête.
Tout va bien. J’essaie de redresser Greatlady pour qu’elle se remette sur ses pattes avant. Impossible.
Retour à la maison, je réveille Sylvie et nous repartons en tracteur.
Cette fois, ce sont les pattes de la vache que nous attachons et nous tirons doucement sur 50 cm pour la sortir du trou.
C’est après que c’est délicat, il ne faudrait pas qu’elle se relève avant que nous ayons enlevé les cordes de ses pattes. Mais, elle est douce, nous lui tenons la tête et elle attend sagement d’avoir les pattes libres pour se mettre debout et aller lécher son veau.

Irishlady bien au chaud quelques jours plus tard

C’est une femelle : elle s’appellera Irishlady.
Quand à nous, il est 3h du matin, nous allons essayer de faire une tranche de sommeil de 3 heures.
La vie continue indépendamment de toute l’agitation politico-médiatique.
A chacun ses folles nuits ! Pourquoi les nôtres ne captivent-elles pas les paparazzi ?

De Marcel , paysan à Notre Dame


6 commentaires:

  1. Une belle histoire pleine d'émotion! :)

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  2. Magnifique sa s est la vrai vie ! Et non les avions pour trimballer les gens a l autre bout du monde en manque d exotisme !!!!

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    1. au moins deux petits veaux qui sont nés dans la nature, espérons que çà continue. Bravo et courage.

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  3. merci pour votre témoignage de vie et de travail ("tous des fainéants" qu'ils disent les autres pôv'types pro-aéro...). ça me rappelle quand j'allais, gamin, aider mon grand-père au vêlage des bêtes. Bienvenue à Pathé Marconi et à Irishlady!

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  4. Merci pour ce récit, les naissances sont toujours tellement émouvantes.
    Puisse l'aéroport ne pas se faire et les nouveaux-nés vivre longtemps dans le bocage

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  5. Marcel,J'ai aidé comme vous au vêlage,( avec des cordes) quand, j 'étais enfant chez mon grand père et cela me rendait heureux de voir, ce petit veau mal assuré sur ses pattes,prendre son équilibre assez rapidement.Avec l 'impression d'avoir fait une grande action.Pour ce qui est des paparazzi,ils ne se complaisent que dans la fange...Merci pour votre résistance, j 'admire la votre et celle de tout ceux qui s'activent. J 'ai lu, je ne sais plus, où ,que tout ceux qui résistent sont comme des moustiques,enfermez vous avec un moustique pour dormir et voyez qui au matin a gagné.Et perso, j 'ajoute que même si vous prenez une bombe anti moustiques c'est pas sûr que cela soit bon pour votre santé ....Amicalement.

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