Les études bidouillées des ingénieurs de la DGAC m’interrogent sur l’éthique du métier d’ingénieur.
J’ai exercé le métier d’ingénieur pendant 30 ans, et à ce titre, fait un certain nombre d’études pour des conseillers en agriculture et pour des agriculteurs. Le pire commentaire que je craignais était : « Tu fais dire ce que tu veux aux chiffres ». Autrement dit : « tu nous noies dans les chiffres et tu es malhonnête ». Car en agriculture comme ailleurs, on peut traverser des débats passionnés pour ou contre (des systèmes de production intensifs ou autonomes ; une race laitière ou une autre …). On peut aussi avoir envie de donner au client la réponse qu’il attend, ce qui ne serait pas lui rendre service. Alors, il faut travailler le mieux possible et être clair sur tous les points.
Une étude peut se décomposer en trois phases : des hypothèses, un traitement des données ou simulation, des commentaires. La simulation est plus ou moins compréhensible selon la complexité de l’expertise, mais on peut en expliquer les grandes logiques. Et surtout, d’un bureau d’études à l’autre, les mêmes données doivent donner les mêmes résultats. On pourrait penser que les outils de la DGAC répondent à cette exigence, encore que cela vaudrait le coup de vérifier…
L’expérience montre que l’essentiel est en fait dans les hypothèses : compare-t-on deux implantations d’aéroports, tous les autres points étant identiques par ailleurs ? Eh bien ici, pas du tout : on compare Notre Dame à 4 millions de passagers avec Nantes-Atlantique à 9 millions, et Notre Dame ne pouvant pas recevoir l’A380 avec une piste allongée à Nantes pour accueillir l’A380, et enfin le coût de Notre Dame qui est un coût négocié avec le concessionnaire avec le coût de Nantes réaménagé qui est un coût imaginé par la DGAC, « dans ses rêves », sans devis réaliste et pourquoi pas avec des escaliers en marbre.
Enfin, les commentaires décrivent les domaines de validité de l’étude suivant la conjoncture et l’activité économique. Ils se soucient surtout de vérifier que l’on colle bien à la réalité observable et aux tendances. Ici, surtout pas ! Les devis sont farfelus, on veut ignorer que les avions feront de moins en moins de bruit et on ne regarde surtout pas le Plan de Gêne Sonore qui mesure le bruit actuel, ce qui est indispensable pour caler un point à 48 000 mouvements d’avions.
Quand on pense à toute l’énergie mise chez les salariés pour habiller et faire passer ce projet d’aéroport, que ce soit à la DGAC, mais aussi au Conseil Général, au Conseil régional, on se dit qu’il est effectivement possible de faire des économies sur la fonction publique.
Ne pas jeter l’argent des citoyens dans les poches de Vinci ; maintenir, voire développer les budgets sociaux et la solidarité en temps de crise ; ce ne serait pas une bonne idée pour des socialistes?
de Marcel, paysan à Notre Dame des Landes.
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