jeudi 25 octobre 2012

Au tribunal...



Par principe, pour affirmer qu’il y a un coût humain à l’expropriation,
En solidarité avec tous ceux qui souffrent de celle-ci et qui n’ont pu rien dire,
nous avions préparé 2 courts textes que nous avons pu dire à l’audience et que nous partageons avec vous.
Marcel : « Mr le juge, Mesdames, Messieurs
Je voudrais dire un mot sur la dimension humaine de cette expropriation.
Mon épouse, née en banlieue parisienne, dans le 93 précisément, a trouvé ici un métier qui lui plait après avoir été conseillère agricole puis enseignante.
Moi, mes parents, petits paysans du sud manche, étaient fermiers. Par deux fois, ils ont remis en état une exploitation, puis ont été remerciés par les propriétaires. Ils m’ont toujours dit « fait des études, il n’y a pas de place pour nous à la ferme ». J’ai effectivement fait des études, mais, nous avons avec Sylvie, réussi à avoir une place pour exercer le métier d’éleveur, ce qui est notre nature profonde.
Une des raisons de notre choix au Limimbout est que lors du premier contact avec les agriculteurs les plus proches, ceux-ci nous aient dit :«on préfère avoir des voisins que des hectares ».
Voilà, c’est tout cela que vous explosez en nous expropriant.
Je voudrais en conclusion vous lire une partie d’un texte écrit par notre fille à ce sujet.
Ce projet m’a refusé l’illusion d’une protection, il m’a plongé trop tôt dans l’insécurité de ce monde. J’ai dû grandir en sachant le futur incertain, j’ai dû me construire dans la précarité. J’ai accepté le fait de ne pas faire de projets, de ne pas me projeter dans l’avenir. Et c’est ainsi une partie de mon enfance que cet aéroport m’a arraché. Cela peut sembler anodin, mais même à présent, je n’ai aucune confiance en l’avenir. L’insécurité laisse des traces que même le temps ne parvient pas à effacer. Pour nous, enfants ayant grandi avec ce poids, le monde a vite perdu son caractère enchanté et la réalité nous rattrape … »

Sylvie : « Depuis 13 ans que nous sommes à Notre Dame des Landes, nous avons fait revivre une des fermes du Liminbout bien délaissée à notre installation. Nous avons remis en état bâtiments, parcelles et haies de l’exploitation. Nous avons aménagé ce petit coin de territoire.
Nous sommes amenés à parler argent par la force des choses. Nous, ce n’est pas en soi l’argent qui nous intéresse. Ce qui nous préoccupe, c’est d’obtenir réparation du préjudice causé, c’est d’obtenir une compensation équitable de ce que vous voulez détruire.
Vous, AGO, vous avez votre conception d’aménageur. Nous, nous avons la nôtre. La nature que vous détruisez n’a pas beaucoup voix au chapitre. Nous avons la chance de travailler avec elle en faisant de notre mieux pour la respecter.
Si compenser seulement ce que vous allez détruire vous parait trop cher, arrêtez, arrêtez tout, tout de suite. Nous ne demandons pas à partir ; c’est vous qui nous mettez dehors.
Alors, si vous persistez, donnez nous les moyens de reconstituer ailleurs ce petit joyau de verdure que nous avons aujourd’hui entre les mains. »


Sinon, que dire ? Une page de plus se tourne… Notre sort « financier » est entre les mains de la justice. Mais notre vie est toujours entre les mains des politiques.
Il n’est pas trop tard pour tout arrêter. Les travaux ne sont pas commencés même si les porteurs du projet semblent faire une grande opération de communication du type « Notre Dame, c’est démarré ! » avec cette vague de destruction de maisons, faite également pour vider la zone des nouveaux habitants à la veille de l’hiver.

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