mercredi 8 mars 2017

Le Liminbout dans votre ville ...


Décembre 2012, période agitée :
- un temps de chien en permanence
- les terres sont trempées
- les flics sont toujours là, avec deux points de blocage, ils créent une ambiance d’état de siège et tout le monde est sur les dents
- un monde fou sur la D 81 et la D 281, une file de voitures et camions à perte de vue, des assemblées générales avec 50 à 200 personnes toutes les semaines
- des photographes, des réalisateurs, des journalistes plusieurs fois par semaine qui viennent voir comment les indigènes vivent toute cette agitation et comprendre le pourquoi de la chose
- et enfin gérer la commission du dialogue : est-ce vraiment une pause ? Faut-il y participer, au moins nos experts ? Que nous prépare le préfet après avoir détruit 13 maisons ?
- et puis, et puis, la ferme de Bellevue ! Serge va partir à la fin de l’année, c’est évident ! Avec Copain, on ne veut pas que l’État détruise à nouveau une ferme ! Déjà, qu’ils ont détruit une maison au Liminbout !

C’est dans cette ambiance, que pendant la traite, à la nuit tombée, Claude passe avec deux personnes, deux ombres presque, qui veulent faire un film sur le village du Liminbout : la lutte vue depuis ce village qui regroupe des gens assez différents. Pour nous, pas de problème : on n’a rien à cacher et plus on parle de ce projet, plus son absurdité sera connue, plus ce sera bon pour nous.

C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Batiste et Bertrand. Pendant longtemps, ils sont venus tous les 15 jours et pendant deux jours pour réussir à voir tout le monde. Pas si simple de voir tout le monde : - le couple de locataires, pas à 8 h00 le matin, c’est trop tôt pour les deux B, donc après 18h00 – Bruno, le voisin agriculteur, pas très bavard, faut le prendre le midi entre deux chantiers – nous et Claude et Christiane, c’est plus souple, nous sommes souvent là – et enfin, chez les voisins occupants, c’est pas facile d’avoir les mêmes à chaque fois.

Nous avons apprécié au fil du temps, leur respect pour nous, leur bienveillance, leur complicité joyeuse, l’amour de Batiste pour les animaux et la capacité d’écoute de Bertrand. C’est avec plaisir que nous les voyions revenir à chaque fois. Même si après leur départ, on se demande toujours si ce qu’on a dit est juste, clair, respectueux et présentable dans un film.

Ils accumulaient ! Ils accumulaient et semblaient heureux de notre travail à tous. Puis les visites se sont espacées.

Ils avaient des contacts avec Christian Rouaud et en juillet 2014, ils nous ont fait poser chacun au soleil pour un temps de présentation, un peu comme dans « Tous au Larzac ».

Là, on s’est dit, c’est pour bientôt ! « Ah non, pas avant le printemps prochain » nous ont-ils répondu.

Longtemps après, ils nous ont donné un code d’accès pour voir le pitch : un résumé en 10 mn. On l’a trouvé génial : drôle et avec une qualité d’image magnifique. Mais cela ne nous donnait toujours pas d’idée sur le contenu du film.

Et… c’est en juillet 2016, qu’ils nous ont fait une projection d’une version quasi définitive.

Difficile d’avoir un avis objectif sur un film qui nous concerne ! On y retrouve la diversité et la richesse des personnages de ce hameau : les débats, frottements, complicités, ouvertures aux autres et constructions communes. C’est à l’échelle d’un village, une des caractéristiques de cette lutte. Cela traite d’êtres humains et ce n’est pas un nouvel argumentaire ou historique sur la lutte, mais cela peut aider à comprendre l’ambiance de cette lutte. Une cinquantaine de personnes étaient là et tous ont beaucoup aimé et pensent que ce film se situe au cœur de ce que nous vivons.

Au-delà de la vie d’un village, au-delà d’une lutte, ce sont des questions bien plus universelles qui sont traitées.

Des humains qui acceptent leurs différences pour se côtoyer avec bienveillance, n’est-ce pas un bon sujet par les temps qui courent ?

Avec votre comité de soutien, prenez contact avec votre cinéma pour le programmer chez vous. Vous pouvez aller sur le site et voir la bande annonce : http://les-pieds-sur-terre.fr/

Présentation par les auteurs

Parmi la soixantaine de lieux de vie qui se trouvent sur la zone, Le Liminbout a un caractère unique. Il est le seul où cohabitent habitants historiques et squatteurs venus de différents coins de France et d’Europe pour participer à la défense de ce territoire menacé par le projet d’aéroport.

En suivant le quotidien des habitants de ce hameau, le film saisit la vie qui se met en place lorsque les diverses composantes d’un territoire prennent ensemble le risque de défier l’État et le Marché. Si la lutte contre l’aéroport est au cœur des préoccupations de chacun, ce qui se joue entre ces habitants si différents relève d’une dimension bien plus universelle.


Par Sylvie et Marcel, paysans au Liminbout à Notre Dame

Dates et lieux de projection : http://les-pieds-sur-terre.fr/projections/

mercredi 1 mars 2017

On a de la visite !


Ah cette commission sénatoriale consacrée à la réalité des compensations écologiques étudiées au travers de quatre grands projets dont Notre dame !

On l’a vue sur l’écran en regardant l’audition de nos amis de l’ACIPA et du CEDPA. Très bien préparé, mais on comprend ce que veut dire l’expression «  un train de sénateur ». On ne peut pas tout regarder.

On a préparé en groupe l’intervention de Copain : pas simple de répondre à des questions sur les compensations, quand on ne veut plus qu’on nous pique des terres et donc que l’on veut qu’il n’y ait rien à compenser.

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Merci, vraiment à Ouest France, qui annonce une visite avec Vinci-AGO, visite secrète, donc on ne dit pas le lieu, ni rien. Mais pour la visite avec l’ACIPA, on donne le lieu et l’heure. Ce qui est, bien sûr, fondamental pour la compréhension de l’événement ! Nous ne craignons pas les zadistes, contrairement à ce qui est sous-entendu : ils étaient au courant. Mais si quelqu’un voulait venir perturber, il avait tous les éléments. Merci Ouest France, ça, c’est équilibré.

Les sénateurs sont donc venus sur le terrain à Notre dame. Ils sont venus, mais seulement 6 parmi 17.

Parmi ces six, M André  Trillard, sénateur (LR) de Loire Atlantique, qui s’est souvent distingué dans cette commission par ses interventions pour vilipender les opposants au projet, ce qui était, par nature, hors sujet. En particulier, il a évoqué : « les agriculteurs qui n’ont jamais payé de fermage et ne veulent pas partir ».

Cela nous a donné matière à une sorte de remise de prix. Brigitte a remis à M Trillard plusieurs factures de fermage pour des terres de la Zad en lui disant qu’en tant qu’ancien Président du Conseil Général, il ne pouvait ignorer cette location. En fait, ce monsieur connait bien le sujet, il a répondu que nous payions un loyer réduit (de un tiers), ce qui revient au même, et c’est donc scandaleux que nous soyons encore là.

Colère de notre part, ce d’autant plus que notre député Yves Daniel (PS) nous a fait le même coup. Nous assumons totalement d’être des gêneurs, des méchants, mais cela ne fait pas de nous des profiteurs. Médisez de vos ennemis, il en restera toujours quelque chose…

Les journalistes sont trop gentils, ils n’ont pas voulu faire de peine à M Trillard ; je n’ai rien lu sur cette anecdote dans la presse.
 
Joël nous a ensuite présenté son exploitation dont 80% des  terres sont dans la Zad dans une partie prévue pour faire de la compensation écologique. Pour lui, cultiver de la compensation écologique, ce n’est plus de l’agriculture, et il s’y refuse.
 


Nous sommes ensuite allés visiter une mare artificielle creusée, il y a 3 ans pour pouvoir y déplacer des amphibiens. Pas convaincante du tout cette réalisation : un trou artificiel qui reste sec cet hiver…
le groupe devant la "mare"
 
Puis, nous sommes allés à la croix des quatre communes voir le vrai château d’eau : une mare jamais à sec (en 1976, tous les voisins venaient y chercher l’eau pour leurs bovins et elle a tenu le coup) et des prairies humides autour. Jean Yves, éleveur à la retraite nous a expliqué comment il utilisait ces prairies dans son élevage. M le Maire de Notre Dame nous a tous invités à s’interroger sur comment on pouvait déplacer, recréer des sources et maintenir la qualité de l’eau sur les bassins versants.

Avant de partir, nous avons partagé un muscadet accompagné de gâteaux, ce qui nous a laissé du temps pour discuter librement.

Le sénateur de l’Oise nous a dit : « il fait beau, vous avez de beaux paysages et le muscadet est excellent, tout va bien ! ». « Alors, ne changeons rien ! » lui avons-nous répondu.

De Marcel, paysan à Notre Dame.