lundi 15 février 2016

Un rendez vous inhabituel...


La porte nous est ouverte, nous entrons. Le Président arrive d’un pas rapide, salue chacun et s’excuse « je suis en retard ».

Laurent organise les présentations et explique que nous allons commencer par le dossier Notre Dame., dans lequel dit-il : «  nous n’avons pas compris que lors de la COP 21, vous n’ayez pas donné une application concrète française en arrêtant ce projet de Notre Dame des Landes. »

S Le Foll dit que l’on ne peut pas arrêter tous les projets en cours à cause de l’environnement.

F Hollande dit que c’est un dossier qui est évoqué où que l’on aille. S Le Foll confirme qu’à chaque déplacement en Sarthe, c’est un sujet incontournable.

Le Président reprend : « les Elus m’expliquent que c’est un dossier essentiel pour l’ouest, qui répond à un vrai besoin. Je constate qu’il y a une forte opposition, un vrai blocage. Je ne pense pas qu’ils vous disent, quand ils sont réélus, qu’ils ont raison sur ce dossier. »

« Si, M le président, cela arrive ! »

Il poursuit : « Je veux résoudre ce blocage pendant mon mandat. C’est pourquoi, j’ai demandé aux élus d’organiser une consultation qui aurait lieu au printemps ou dans l’été de façon à pouvoir commencer les travaux, comme l’a dit M Valls, en octobre. Si le résultat de la consultation est négatif pour le projet, je m’engage en tant que chef de l’Etat à l’arrêter. Si le résultat est positif, alors en octobre, nous démarrons les travaux.
 

J’ai la parole : « M le Président, nous vous avions contacté pendant la campagne électorale. Nous avions été reçus par Le Maire de Strasbourg, pour vous expliquer que ce sujet de Notre Dame n’était pas un petit dossier régional, mais qu’il prendrait une ampleur nationale et compliquerait votre mandat. Nous y voilà ! Nous avons vécu une période de relative sérénité ; vous aviez donné votre parole qu’il n’y aurait pas de début de travaux tant que les recours ne seraient pas traités. Cette parole a été remise en cause par le premier ministre en 2015. Bon ! Mais elle a été plus fortement remise en cause par les procès pour expulsion des historiques. Ils sont, pour les moins pénalisés, expulsables au 26 mars de cette année. Pour les exploitants, ils sont avec leurs troupeaux déjà expulsables aujourd’hui. Cette situation a généré de nombreuses mobilisations un peu partout en France et qui se poursuivent.

Nous demandons l’assurance, au plus haut niveau de l’Etat, qu’il n’y ait ni expulsion ni début de travaux avant le traitement des recours.

En réponse, nous avons la parole publique de Mme la ministre de l’Ecologie qui va effectivement dans le sens de la sérénité. L’engagement de son ministère à faire une étude sur le fond du dossier nous semble aussi aller dans le bon sens et pouvoir conduire à un apaisement.

De la même façon, l’accord pour les régionales entre le PS et EELV sur une étude indépendante co-pilotée par les pour et contre, nous semblait une bonne démarche.

Hier soir, nous avons appris votre intention de faire organiser un referendum par les élus. Je ne suis pas porte-parole du mouvement, mais je peux vous donner l’impression générale .Nous avons été sidérés. Comment voulez-vous que nous ayons confiance ? Ce sont ces mêmes élus qui nous mentent depuis 15 ans sur ce dossier. Des choses passionnantes se sont faites avec ces élus, en agriculture par exemple, mais sur ce dossier…

Mr Grosvalet l’a expliqué récemment, Nantes a besoin de libérer 600 ha constructibles, c’est respectable, mais ce n’est pas une question d’aéronautique.  On nous parle de saturation de Nantes Atlantique, mais c’est faux. L’aéroport de Nantes se porte très bien. Les compagnies aériennes ont donné leur avis dans ce débat. De façon diplomatique car elles ne font pas de politique, ce n’est pas leur domaine. Elles ont donné pour 2011-2012 le prix du meilleur aéroport régional à Nantes Atlantiques. Voilà l’avis des clients, ils sont parfaitement satisfaits.

Au-delà de la confiance dans les organisateurs, le referendum pose la question du périmètre. La question posée est essentielle. Il faut être certain que tout le monde vote le fond du dossier. La pétition organisée par M Retailleau ne va pas dans ce sens et sème déjà la confusion. Quelle liberté de parole, d’organisation ?

Enfin, le travail du ministère de l’écologie va-t-il se poursuivre ? Et nous avons toujours besoin d’être assurés par rapport aux expulsions et travaux, je crois comprendre qu’il n’y en aura pas avant la consultation. »

F Hollande : « mais en octobre, nous commençons les travaux. J’ai donné la direction pour sortir de cette situation. J’en confie la réalisation aux élus. Il faudra que la consultation soit acceptée. Il ne s’agit pas d’une nouvelle opération pour gagner du temps, je veux que le verdict soit respecté. Si l’avis est favorable au projet et que des gens restent sur place, que se passera-t-il ? En octobre, nous commencerons les défrichements !

Quant à l’accord pour les régionales, ils ont perdu. Cet accord est donc caduc.

Pour la consultation, nous avons le temps. Ce peut être avant ou après l’été, en juin ou en septembre.

Le ministère de l’écologie va continuer son travail, cela devrait être terminé en mars ou avril. Ses conclusions pourront être amenées au débat. Il se peut aussi qu’elles ne vous soient pas favorables.

Les recours se poursuivront aussi. Voilà pour ce sujet »

Son conseiller agriculture me regarde et je lui fais signe que c’est d’accord.

Je ne veux pas empiéter sur les autres sujets de la délégation.

Un peu plus tard F Hollande me regarde et dit « le périmètre sera le département, M Valls vient de m’en informer ».

Nous quittons le bureau présidentiel au bout d’une heure.

Conférence de presse à la sortie sous le crachin et dans le froid.


Je fais un résumé et à la question « que ferez-vous si le résultat vous est défavorable ? Partirez-vous ? », je réponds : « Je ne peux pas vous répondre, je ne sais pas si le déroulement sera satisfaisant. D’autre part, je n’ai pas eu le temps de me concerter avec l’autre moitié de ma cellule familiale. Je peux d’autant moins vous répondre. Par contre, nous nous sommes posé ce type de question par rapport à une étude indépendante reconnue par les deux parties (pro et anti aéroport) et nous agriculteurs, nous nous sommes dits que nous partirions si cette étude indépendante nous était défavorable.

Ces dialogues sont reconstitués sans enregistrement, aussi fidèlement que possible. Je n’en garantis donc pas les mots exacts, mais l’esprit.

de Marcel, paysan à Notre Dame

8 commentaires:

  1. D'abord, bravo pour être parvenus à cette rencontre après avoir attendu si ..longtemps !
    Pour l'étude indépendante, il s'agit de CeDelt ?( si je me souviens de l'orthographe ..) elle pourrait déjà être transmise au ministère de l'Ecologie..
    Je n'aime pas la phrase : "le périmètre sera le département, M Valls vient de m'en informer" . C'est ce facho qui en décide ???
    surtout que justement , tous les élus du 44 sont pro-aéroport ! Il faudra un organisme pour surveiller le choix de la question et empêcher les élus de mener "leur" campagne dans les journaux, les radios, etc...comme ils l'ont déjà fait avant l'annonce du référendum!
    Bravo à Marcel, aussi, pour son courage et sa détermination !

    Les derniers recours sont européens, non ? vont-ils arriver et seront-ils différents de ( tous ) les autres ! ?

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  2. Merci à Marcel , cela a du être très angoissant de s’asseoir à la table du président , de ceux qui ont le pouvoir de décider de la vie des gens , des gens de la campagne , des gens qui nous nourrissent ... Ces puissants là sont-ils vraiment à l'écoute ? que savent-ils des petites gens ? ont-ils seulement du mépris ? mais ils sont mortels et ne laisseront rien après eux si ce n'est l'effondrement de ce monde qui est le leur !
    Si referendum il y a , peut être faudrait le boycotter ! le climat pour eux ce n'est pas important ? ah ah !en fait seul le résultat des futures élections comptent pour eux qui s'accrochent au pouvoir ! je pense que ce PS va tout perdre ! les écolos partis avec ce gvt ne le sauveront pas! A nous de sauver le bocage et la vie du bocage !

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  3. Marcel, paysan à Notre Dame, merci de contribuer à protéger votre environnement de vie et de travail ainsi que celui de Grand-Lieu convoité par les spéculateurs bétonneurs/bitumeurs de l'immobilier. Félicitations.

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  4. Bravo à Marcel et à ses copains et camarades de la ZAD, que nous ne lâcherons pas. Une petite question : d'où sort cette idée des travaux en octobre, urgentissimes d'un seul coup d'un seul ? Hollande a dit "nous savons que les travaux doivent commencer en octobre". Remarquable, ce "Nous" de majesté..., mais comment savez-Vous (planter les choux) que ces travaux "doivent" commencer ? N'essayez même pas !

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  5. désolée mais j'au du mal lire "les petites gens"....
    justement je pense que le pouvoir est dans les mains des gens, Marcel comme tous les gens qui aiment cet endroit...Notre Dame des Landes un des lieux préservés aujourd'hui, haies, etc... et justement je pense sincèrement que ce mouvement interpelle de plus en plus car " la beauté est partout" là bas...je pense que c'est la force et la grandeur de ses convictions qu'il a pu transmettre...

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  6. Un président de la république n'a de pouvoir que parce que des gens ont voté pour lui donc c'est notre "salarié" en quelque sorte. De ce fait, il doit étudier sérieusement les dossiers, surtout ceux qui posent problème et non se faire dicter dates et périmètre d'un référendum par le 1° ministre qui n'est élu par personne et haï par beaucoup. Notre pays marche sur la tête et ce référendum est une entourloupe qui évite d'être sérieux et responsable.En vertu des principes défendus lors de la COP21 cet aéroport est une hérésie, un peu de courage Mr Hollande, soyez conséquent avec vous-même ou vous méritez d'être renvoyé dans vos foyers comme tout salarié incompétent

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  7. « le périmètre sera le département, M Valls vient de m’en informer ». Ce serait une erreur monumentale d'accepter un référendum que sur le département étant donné que c'est un projet économiquement national, je ne pense pas que ce soit seulement les impôts du département qui vont financer les 43% du projet.
    M. Valls sait bien que si le référendum était national, il perdrait puisqu'il y aurait beaucoup de non votant et une majorité de votant d'anti-aéroport.

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  8. Bonjour, cette lutte est bien sûr bien plus que départementale et un référendum sur ce département serait en effet un piètre reflet du mouvement. Sans parler que la cause environnementale pourrait se substituer aux décisions partisanes et financières des gouvernements dans tous les projets mégalomaniaques, une sorte de 49 3 que les citoyens seraient en droit d'invoquer en leur faveur et celles des générations futures en lieu et place du référendum. Peut-être aussi ce référendum sera un appui massif pour refuser ce projet. Il serait bien d'y apposer en parallèle la voix de toutes les personnes qui se sont exprimées par pétitions et donc reconnaître cette voix d'expression indispensable dans la société électronique dans laquelle nous sommes et où nous pouvons participer de cette sorte aussi... Bien à vous. Laurence

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