mercredi 31 octobre 2012

La "gendarmite", ça se soigne?

La journée du 30 octobre n’a été pour moi, en périphérie de zone hautement contrôlée, qu’une suite d’évènements qui font monter la pression et parfois même « péter les plombs ».

des vaches stressées...
Après mon accident en tracteur avec le fourgon de gendarmerie (voir « les grandes manœuvres »), j’ai mis, à partir de 16 h, une heure pour ramener enfin l’intégralité de mon troupeau au bâtiment. Les vaches étaient bien sorties du champ. Je les avais poussées dans le chemin comme d’habitude et j’étais partie remettre les fils à l’arrivée au bâtiment (tout était par terre en raison du chantier tonne à lisier). Au bâtiment, alors que je n’avais pas fini de remettre les fils, je vois débouler 8 vaches au galop… et puis, plus rien. Quid des 21 vaches restantes ?

Elles sont reparties au galop au champ. Je redéfais mes fils le temps que la tonne remplisse et reparte, puis remet tout en place avant de repartir chercher le reste du troupeau. Je trouve mes vaches les oreilles dressées, particulièrement énervées. Portés par le vent, nous entendons vrombissement de l’hélicoptère, coups de feu ou grenades assourdissantes et sentons une odeur de caoutchouc brûlé. Je vais mettre 10 mn avant de réussir patiemment et calmement à les sortir du champ et les mettre sur le chemin. Je les mène au bâtiment en les apaisant car certaines sont prêtes à galoper.

Il est 17 h et j’ai encore le tour des autres bêtes à faire. Je pars en voiture à la Bretesche. Au retour, je suis arrêtée à Notre Dame : « Où allez-vous ? ». Je repars. Aux Ardillères, mon autocollant ne doit pas plaire. J’ai droit à un contrôle de papiers. Le gendarme me fait gentiment remarquer que mon contrôle technique n’est plus valable depuis le 25/09. Je lui réponds que je vais prendre rendez-vous. Un haut gradé approche fait le tour du véhicule et lui fait la morale insistant sur le fait qu’il engage sa responsabilité pénale en me laissant repartir sans verbaliser. Celui-ci appelle donc un subalterne qui me dit de me ranger pour verbaliser. 


Je gare mon véhicule derrière le sien et passe sans le vouloir près de lui puisqu’après s’être d’abord arrêté à la place conducteur, il se dirige soudain vers l’arrière de son véhicule alors que j’arrive. Il ne me fait alors aucune remarque. Agacée par cet harcèlement, je descend de voiture et vais lui dire : « Écoutez, je vous laisse verbaliser tranquillement. Vous avez mes papiers. Je vais voir mes bêtes au chemin des Sciaux et je reviens ». Sans lui laisser le temps de répondre, je saute dans ma voiture et repars. Au chemin des Sciaux, la circulation est filtrée. Je passe et m’engage allègrement derrière un fourgon qui est sûrement censé barrer l’accès au chemin qui est très large. Cela s’agite : « Hep, hep, où allez-vous ? C’est interdit !... ». Excédée, je ralentis, passe la tête à la fenêtre et réponds : « je vais voir mes bêtes, je reviens. Je peux en emmener un si vous voulez… » et je file.

Au retour, 7 gendarmes m’attendent l’air sévère et furieux. « Arrêtez-vous ! ». Je m’exécute mais un appel du fourgon les fait repartir aussitôt en me laissant en plan. Je klaxonne trois fois et repars aux Ardillères récupérer mes papiers. Là, le gendarme m’accable : « Vous avez foncé sur mon collègue et manqué l’écraser… ». Le ton monte quand je répond. Il m’accuse aussi de lui avoir frôlé le genou tout à l’heure : « vous devez rester maitre de votre véhicule » ; ce à quoi je réponds : « on n’a pas idée de bouger sans prévenir quand un véhicule passe à côté de vous. Je suis restée maître puisque personne n’a été touché! ». Le chef arrive, me redonne mes papiers en incitant au calme. Je réponds : « Merci. A la revoyure ! » et les quitte. En passant de nouveau devant le chemin des Sciaux, je constate que le fourgon est de nouveau en place. Mon comité d’accueil est là. Un gendarme me dit : « Vous n’avez rien compris. Vous avez tout gagné ! Vous serez convoquée au poste pour refus d’obtempérer ! » .

Comme beaucoup, je vis un harcèlement au tracteur, à l’autocollant…, un abus de pouvoir. Tout est bon pour emmerder l’opposant aéroport. J’ai même entendu , en donnant mes papiers, que j’étais classée dans la catégorie « activiste » (plutôt flatteur, non ?). Dans les échanges radio entendus, les opposants sont  catalogués en « narco-anar », « simple paysan »,...

Quand même, je me demande si je n’ai pas un début de « gendarmite ». Docteur, c’est incurable, n’est-ce-pas ?

Vigie postale Elysée - Lettre n°4
Des coûts sous-estimés
Geneviève Lebouteux - 20/09/2012

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Geneviève Lebouteux
Conseillère régionale,



avec le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport



à Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS

La Chapelle, le 20 septembre 2012

                                                                                      
Monsieur le Président,


Vous avez reçu ces trois dernières semaines des courriers de Sylvie et Marcel Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau et de Chantal et Thierry Drouet, soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien. Leurs demandes étant restées sans réponse à ce jour, je la réitère aujourd’hui.

Vendredi dernier, trois personnes de la coordination ont été reçues par M Kesler, directeur de cabinet de M Cuvillier, Ministre des Transports. Deux heures d’écoute attentive de sa part. A l’heure où le Ministère des transports va revisiter les projets du SNIT, il est impératif que le projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes fasse partie de cette mise à plat. En effet, la somme annoncée pour la construction de cet aéroport est très loin du compte. Au moment où, en 2010, l’Etat a contractualisé avec Vinci et avec les collectivités locales impliquées, le plan de financement suivant a été acté :

TTC, en millions d’euros
Coût total
Etat
Collectivités locales
Vinci
Desserte routière
97,0
48,5
48,5
0
Equipements de navigation aérienne
34,0
34,0
0
0
Plateforme aéroportuaire
441,5
64,0
67,0
310,5
Total contractualisé
572,5
146,5
115,5
310,5
Part de chacun (%)
100,0
25,5
20,2
54,2

            Au passage, vous remarquerez que 262 millions d’euros d’argent public sont prévus pour ce projet d’aéroport 100 % privé (il s’agit d’une DSP de 55 ans) ; le « retour à meilleure fortune » attendu par les collectivités locales pour leur investissement sur la plateforme cache en fait une subvention.

            Plusieurs dépenses publiques sont encore à venir pour ce projet :
-   Une nouvelle ligne ferroviaire grande vitesse Nantes-Rennes passant par Notre Dame des Landes pour laquelle le débat public est prévu début 2013 : 3 milliards d’euros ?
-   La restructuration des accès routiers (trois routes départementales à dévier) : 115 millions d’euros ;
-   Un nouveau franchissement de la Loire ? (600 millions d’euros)
-   Un accès vers Nantes par tram-train : 150 millions d’euros
-   L’entretien et le fonctionnement de la piste actuelle, maintenue pour Airbus : les collectivités cherchent comment le financer…
Par ailleurs, je suis, comme beaucoup, persuadée que les coûts de construction de l’aéroport et de sa desserte routière sont sous-estimés : la comparaison avec d’autres constructions ou extensions d’aéroports laisse à penser que le coût sera probablement double (de l’ordre du milliard d’euros). On sait d’ailleurs que les dépassements de coûts sont très courants : la moyenne européenne est de 40 % de dépassement de coût de construction pour ce type de projets.

Au final, votre gouvernement aurait tout intérêt à remettre à plat ce projet. A quel besoin doit-on répondre ? Peut-on faire autrement ? Comment préserver le dynamisme des régions de l’Ouest tout en préservant les terres et les emplois agricoles, les zones humides, la biodiversité ? Je vous rappelle d’ailleurs que les bases économiques sur lesquelles est fondé le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes sont non seulement très optimistes relativement à la situation du secteur aérien, mais aussi « pipeautées », de façon à présenter un intérêt économique global pour ce projet, alors que c’est faux (cf l’étude économique indépendante du cabinet européen CE Delft, non démentie à ce jour, sur le site du CéDpa : aeroportnddl.fr ).

Monsieur le Président, lors de la conférence environnementale de la semaine dernière, vous vous êtes engagé clairement pour une transition écologique de notre société. Votre premier Ministre, M Jean-Marc Ayrault, à la Fête de la Rose en Loire Atlantique ce week-end, a parlé d’une « société de la sobriété ». Entièrement d’accord. L’Ouest et la Loire Atlantique ont droit à avoir toute leur part dans cette transition et n’ont pas à souffrir d’une décision d’un autre siècle aux conséquences désastreuses à tous niveaux, pour laquelle Monsieur Fillon, alors premier ministre, avait signé la déclaration d'utilité publique.

Monsieur le Président, au nom de la coordination des opposants au projet d’aéroport, je réitère notre demande d’un entretien sur ce sujet, très rapidement.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l'expression de mon profond respect.


Geneviève Lebouteux
Membre du collectif des élu-e-s
qui doutent de la pertinence du projet d’aéroport (CéDpa)

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Geneviève Lebouteux face à Benoit Bruno (ex directeur d'AGO), Jean-François Gendron (président CCI) et David Solon (journaliste à terra Eco), lors d'un débat sur Télénantes, émission "On n'a pas tout dit".

http://www.telenantes.com/Actualite/On-n-a-pas-tout-dit/2011/11/On-n-a-pas-tout-dit


mardi 30 octobre 2012

Les grandes manoeuvres...



Mardi 30 octobre… Le jour se lève à peine et déjà le vrombissement de l’hélicoptère est là. Bis repetita… L’opération « César » reprend.
Pour nous, au Liminbout, c’est jour de chantier : la CUMA doit venir avec tracteur et tonne à lisier pour épandre sur les champs les déjections animales recueillies et stockées dans la fosse.
8h25 : le chauffeur arrive après avoir été arrêté deux fois. Marcel décide de faire tout de suite l’aller retour à la CUMA pour ramener le broyeur à lisier (outil porté de 5 mètres de long). Il arrive à suivre le circuit habituel grâce à une intervention de Julien dans le bourg de Notre Dame (le gendarme voulait que Marcel fasse demi-tour alors que des voitures étaient derrière lui). Marcel revient avec le tracteur. Il me laisse seule pour aller sur la zone.
11h45 : coup de téléphone du chauffeur de CUMA qui est enlisé au champ. N’ayant pas de filin, j’appelle le responsable d’atelier qui me conseille de venir prendre un tracteur équipé à la CUMA. Je pars en voiture, passant par la route de la Haie, les gendarmes barrant la route vers les Ardillères à ce niveau. De retour, avec le tracteur, je suis bloquée par un camion de gendarmerie qui s’est engagé dans cette petite route. Je m’arrête, explique où je vais et pourquoi. « Je vais en référer au chef » me dit-on. On revient pour me dire que la route est bloquée, qu’ils ne laissent pas passer les tracteurs…. J’insiste, j’argumente… C’est NON !
Excédée et jurant comme un charretier (c’était le métier de mon grand père), j’avance vers le fourgon en tournant à gauche pour entreprendre un demi tour sur la voie étroite. Tout à coup, je vois le fourgon tressauter et les gendarmes me regarder les yeux ronds. Oups ! Habituée à mon tracteur, j’ai oublié que celui de la CUMA avait un relevage avant équipé de masses. J’ai donc, doucement mais sûrement, embouti l’avant du fourgon (en fait, j’ai abimé le pare buffle). J’arrête tout et descend en pestant et fulminant. Je démonte le filin. Un gendarme me demande mes papiers. Je n’en ai pas, bien sûr. Je pars à pied avec mon filin sur le dos. Un autre gendarme me dit qu’il va falloir faire un constat ; son collègue est en train de regarder le moteur. Finalement, une voiture m’emmène à la maison (j’en profite pour déposer le filin et rappeler le chauffeur de CUMA). Puis, retour, constat et tracteur toujours bloqué. Je le gare et  pars à pied jusqu’à trouver une voiture d’opposants qui me ramène chez moi. Là, je saute dans mon tracteur et vais essayer de tirer le tracteur embourbé. Hélas, mon tracteur est trop léger. J’appelle un voisin à la rescousse et là, victoire, on réussit. Le chantier reprend et se poursuit jusqu’au soir sans autre incident.
Le plus difficile à accepter est que je retrouve la petite route complètement débloquée et croise même un tracteur quand je retourne récupérer en vélo le tracteur de la CUMA ¾ d’heure plus tard. On ne bloque plus.
Cet incident me permet de comprendre que la tolérance des gendarmes est grande quand une femme est au volant. Car finalement, j’ai abimé un fourgon et je n’aurais pas de poursuite judiciaire !
Enfin, je dis cela mais c’était avant de vivre la suite de mes aventures avec les gendarmes en fin de journée… A suivre !

samedi 27 octobre 2012

Vigie postale Elysée - Réponse n°3

On aurait bien aimé publier aujourd'hui la réponse n°3, seulement voilà, la photocopieuse de l’Élysée a du avoir un coup de mou, parce que, à ce jour, toujours RIEN !

Prolongations au Liminbout...



Jeudi 25 octobre. Dès 8 heures ce matin, les bleus sont de retour. L’opération destruction commencée la veille s’est arrêtée vers 20 heures hier soir. Tout devrait logiquement être terminé tranquillement aujourd’hui : fin de démolition et évacuation des gravats.
Mais, ô surprise, des « inconscients » sont passés durant la nuit (j’ai effectivement entendu du bruit) et ont dispersé des plaques d’amiante. Il faut rappeler l’entreprise de désamiantage pour dépolluer de nouveau le site. Pour contrer l’opération « César », ces inventifs ont dû relire « Astérix et le domaine des Dieux » !

Après le bruit...

Au matin, il faut recommencer!

Et c’est ainsi qu’à plus de 23 heures, le village du Liminbout est toujours sous haute surveillance policière, les camions assurant une ronde incessante pour évacuer les gravats. M. Le Préfet a  même accordé une dérogation pour que tout ce beau monde puisse travailler jusqu’à 1 heure du matin.
Nous pouvons dormir tranquilles: au Liminbout, notre sécurité est assurée !

vendredi 26 octobre 2012

M. Propre au Liminbout!



Mercredi 24 octobre : lever tôt à 5 heures pour pouvoir traire et remettre les vaches au champ avant le départ au tribunal prévu à 8h45.Aujourd’hui, c’est notre tour d’entrer en scène: maison, bâtiments, tout  passe en audience.
Un bruit de voiture et des voix à 8h15. J’ouvre ma porte et vois 2 gendarmes remonter à pied le chemin d’exploitation. La moutarde me monte au nez : « C’est privé !Vous êtes chez nous ; veuillez sortir… ». Je les raccompagne sur la route. Un responsable me demande les limites du « privé ».

les bleus sont là!
 Julien et Bernadette arrivent pour nous emmener au Tribunal après s’être arrêtés à 4 barrages successifs. Nous partons pour Nantes en croisant un camion escorté qui arrive pour désamianter la maison de Joël.
De retour de Nantes à 13h30, le village est toujours encerclé. Le désamiantage est bien avancé.

désamiantage (couverture)
  Nous trouvons 2 bleus au coin de la maison que nous ramenons chez le voisin. Nous avons beaucoup de visites d’opposants qui viennent voir et titiller les gendarmes.
Dès 18h, une pelle se met en branle : charpente et premier étage tombent. L’opération « nettoyage » commence…


jeudi 25 octobre 2012

21 jours d'ITT après la difficile mise hors d'état de filmer d'une dangereuse nana de 65 ans et d'1m50...

Mardi 23 octobre, vers 16h et quelques sur la zone, un couple de paysans chez qui j'envoyais des mails a reçu un appel téléphonique d'un voisin : il avait été témoin du fait que les gendarmes avaient cisaillé des barbelés et barrières, et dispersé des génisses (les bleus font volontairement des dégâts pour en accuser ensuite les "squatteurs")
J'y suis allée avec les copains pour prendre des images.
Je fais court sur les circonstances, mais, pendant la démolition d'un toit, je me suis fait arracher mon caméscope, et abîmer la main gauche (je ne voulais pas lâcher l'appareil). Nous avons, non sans mal, récupéré le caméscope (mais pas sa carte...). Je suis ensuite allée voir le toubib pour constatations (il était alors presque 19h) et il m'a envoyé faire des radios ce matin.

Après toute l’après midi à l'hosto mercredi 24, j'ai une fracture au doigt, et 21 jours d'interruption temporaire de travail. Bien sûr, je vais porter plainte contre les flics. A 21 jours d'ITT, il sera difficile de classer sans suite (à moins de 8 jrs, c'est même pas la peine d'essayer...)

Étonnant tout de même que ces gros "poulets" aux hormones, soi-disant formés au maintien de l'ordre et à assurer notre "sécurité", soient incapables de maîtriser sans dégâts une nana de 65 ans, 1,50 m de haut et parfaitement non-violente...

En attendant, je ne suis plus sur la zone, et je tape avec la main droite et un doigt de la gauche, et ces deux faits vont me rendre moins bavarde par écrit...


La plainte aura lieu tout à l'heure à Blain, pour lien direct avec celle du paysan (pour dégradations -clôtures cisaillées et divers-) posée mardi.

Aux dernières nouvelles, ce matin jeudi 25, le représentant du préfet qui a reçu des élus "regrette" et que les flics n'étaient "pas là pour ça" et que "ça n'aurait jamais du se produire" !!!


Sur place, la lutte et la solidarité continuent, c'est ça l'important.
Cordialement à tous nos soutiens
                                                           Geneviève

Au tribunal...



Par principe, pour affirmer qu’il y a un coût humain à l’expropriation,
En solidarité avec tous ceux qui souffrent de celle-ci et qui n’ont pu rien dire,
nous avions préparé 2 courts textes que nous avons pu dire à l’audience et que nous partageons avec vous.
Marcel : « Mr le juge, Mesdames, Messieurs
Je voudrais dire un mot sur la dimension humaine de cette expropriation.
Mon épouse, née en banlieue parisienne, dans le 93 précisément, a trouvé ici un métier qui lui plait après avoir été conseillère agricole puis enseignante.
Moi, mes parents, petits paysans du sud manche, étaient fermiers. Par deux fois, ils ont remis en état une exploitation, puis ont été remerciés par les propriétaires. Ils m’ont toujours dit « fait des études, il n’y a pas de place pour nous à la ferme ». J’ai effectivement fait des études, mais, nous avons avec Sylvie, réussi à avoir une place pour exercer le métier d’éleveur, ce qui est notre nature profonde.
Une des raisons de notre choix au Limimbout est que lors du premier contact avec les agriculteurs les plus proches, ceux-ci nous aient dit :«on préfère avoir des voisins que des hectares ».
Voilà, c’est tout cela que vous explosez en nous expropriant.
Je voudrais en conclusion vous lire une partie d’un texte écrit par notre fille à ce sujet.
Ce projet m’a refusé l’illusion d’une protection, il m’a plongé trop tôt dans l’insécurité de ce monde. J’ai dû grandir en sachant le futur incertain, j’ai dû me construire dans la précarité. J’ai accepté le fait de ne pas faire de projets, de ne pas me projeter dans l’avenir. Et c’est ainsi une partie de mon enfance que cet aéroport m’a arraché. Cela peut sembler anodin, mais même à présent, je n’ai aucune confiance en l’avenir. L’insécurité laisse des traces que même le temps ne parvient pas à effacer. Pour nous, enfants ayant grandi avec ce poids, le monde a vite perdu son caractère enchanté et la réalité nous rattrape … »

Sylvie : « Depuis 13 ans que nous sommes à Notre Dame des Landes, nous avons fait revivre une des fermes du Liminbout bien délaissée à notre installation. Nous avons remis en état bâtiments, parcelles et haies de l’exploitation. Nous avons aménagé ce petit coin de territoire.
Nous sommes amenés à parler argent par la force des choses. Nous, ce n’est pas en soi l’argent qui nous intéresse. Ce qui nous préoccupe, c’est d’obtenir réparation du préjudice causé, c’est d’obtenir une compensation équitable de ce que vous voulez détruire.
Vous, AGO, vous avez votre conception d’aménageur. Nous, nous avons la nôtre. La nature que vous détruisez n’a pas beaucoup voix au chapitre. Nous avons la chance de travailler avec elle en faisant de notre mieux pour la respecter.
Si compenser seulement ce que vous allez détruire vous parait trop cher, arrêtez, arrêtez tout, tout de suite. Nous ne demandons pas à partir ; c’est vous qui nous mettez dehors.
Alors, si vous persistez, donnez nous les moyens de reconstituer ailleurs ce petit joyau de verdure que nous avons aujourd’hui entre les mains. »


Sinon, que dire ? Une page de plus se tourne… Notre sort « financier » est entre les mains de la justice. Mais notre vie est toujours entre les mains des politiques.
Il n’est pas trop tard pour tout arrêter. Les travaux ne sont pas commencés même si les porteurs du projet semblent faire une grande opération de communication du type « Notre Dame, c’est démarré ! » avec cette vague de destruction de maisons, faite également pour vider la zone des nouveaux habitants à la veille de l’hiver.

mercredi 24 octobre 2012

Vigie postale Elysée - Lettre n° 3
Une biodiversité exceptionnelle
Chantal et Thierry Drouet - 12 septembre 2012

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Chantal et Thierry Drouet

avec le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport


                                                                                 à        Monsieur le Président de la République
                                                                                           Palais de L’Elysée
                                                                                           55 r Faubourg St Honoré
                                                                                           75008 PARIS





Notre Dame des Landes, le 12 septembre 2012

Monsieur le Président, 


Vous avez reçu ces deux dernières semaines des courriers de Marcel et Sylvie Thébault et de Brigitte et Sylvain Fresneau, soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien. Leur demande étant restée sans réponse à ce jour, nous la réitérons aujourd’hui.

A la veille de la conférence environnementale, au cours de laquelle le thème de la biodiversité sera abordé, nous voulons vous alerter sur la biodiversité exceptionnelle du bocage menacé par un projet d’aéroport dont la justification n’est absolument pas démontrée. On trouve peu de zones de cette qualité dans l’Ouest de la France : landes atlantiques, prairies humides, mares, ruisseaux… où vivent des espèces protégées que ce soit pour la flore ou le monde animal (insectes et amphibiens).

La réalisation d’une plateforme aéroportuaire sur cette zone qualifiée d’humide à 98% et tête de deux bassins versants (Loire et Vilaine) serait une catastrophe écologique.

Au fil des générations, une agriculture de polyculture-élevage s’est mise en place. Elle respecte les sols humides, la flore et une faune riche comme en témoignent les études réalisées. Cette agriculture respectueuse de l’environnement, économiquement viable et pourvoyeuse d’emplois sur des exploitations de taille raisonnable est précisément celle que l’ensemble des politiques publiques cherchent à promouvoir ! Les agriculteurs sur place ne demandent qu’à poursuivre sereinement leur activité de production tout en valorisant les ressources naturelles. Par exemple, un projet de valorisation des haies en plaquettes de bois pour le chauffage se met en place sur la communauté de communes.

Nous voulons surtout vous parler des femmes et des hommes qui vivent dans ce milieu exceptionnel et qui sont eux-mêmes menacés par ce projet insensé. L’arrivée d’un aéroport détruirait plus de 40 exploitations et en déstructurerait une centaine. Sachant que l’on compte six emplois induits pour un emploi à la production en agriculture, ce serait 500 à 600 emplois durables, non délocalisables qui seraient supprimés. Nous, agriculteurs, voyons dans ce projet une destruction d’emplois durable et contestons l’intérêt des emplois soi-disant créés, en tout état de cause, seulement le temps des travaux. Les travaux de construction de la plateforme emploieraient environ 500 personnes chaque année pendant 3 ou 4 ans… Qu’est-ce au regard des emplois de la filière agricole détruits irrémédiablement ?

Enfin, situé à 17 km de Nantes, notre territoire est le principal poumon vert de Nantes et il est voué à devenir une zone d’agriculture de proximité et de vente directe.

En tant que président et membre de la Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) de Notre Dame des Landes, nous insistons sur cette dynamique collective menacée, véritable lien social de notre commune rurale et qui génère de l’emploi non délocalisable.

Monsieur le Président, au nom de la coordination des opposants au projet d’aéroport, nous réitérons notre demande d’un entretien sur ce sujet, urgemment. Nous voulons croire que la Conférence environnementale n’est pas que du vent et que vous aurez à cœur les problématiques environnementales qui y seront exprimées.

Recevez, Monsieur le Président, l'expression de notre profond respect.


Chantal et Thierry Drouet
Membres de l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d’Aéroport)

dimanche 21 octobre 2012

VINCI fait place nette!

A Notre Dame des Landes, VINCI agit et déploie les moyens nécessaires pour préserver l'environnement.

Soucieux de préserver le cadre naturel des autochtones, VINCI détruit l'habitat d'espèces non protégées qui font tache dans le paysage.
le tertre après une première visite de Vinci







 

Pleinement concerné par les préoccupations environnementales des citoyens,
VINCI élimine les déchets. 

le tertre après une deuxième visite





VINCI s'engage à préserver l'environnement.
VINCI, le nouveau "M. PROPRE" du paysage à Notre Dame des Landes!

vendredi 19 octobre 2012

Un nom en H ?



Aujourd’hui vendredi 19 octobre. Au moment où de nouveaux lieux de vie continuent de tomber à Notre Dame des Landes sous les coups des pelleteuses, un petit veau naissait au Liminbout dans une parcelle de la Z.A.D.. 

A la question « quel nom lui donner ? », 2012 étant l’année des « H » (M. HOLLANDE en sait quelque chose), les idées affluent :
A Notre Dame des Landes, l’Heure est grave.
M. Ayrault y a déclenché les Hostilités avant de partir au loin pour quelques jours. Question de courage ?
Je sais dans quel camp il brille le courage : dans le camp de ces jeunes, nouveaux Habitants, qui sont venus ici pour vivre une Histoire, celle d’un choix de vie qui met l’homme au cœur de celle-ci privilégiant rencontre et partage, travail commun de la terre à défendre…
A Notre Dame des Landes, une page d’Histoire s’écrit.
L’histoire de cette lutte (vieille de 40 ans) pourrait bien se terminer si un Homme le décidait, un Homme qui voudrait « faire de la France la nation de l’excellence environnementale », un Homme qui aurait pour point d’Honneur de tenir ces engagements de campagne (celui de l’excellence environnementale est facile à tenir : il suffit de dire « Halte au béton » pour conserver ces champs HQE (de haute qualité environnementale) qui voient naître mes veaux et pâturer mes vaches…).
Un nom en H…disons-nous.
Gardons l’espoir qu’il réagisse cet Homme, qu’il lise attentivement les courriers que nous lui adressons sans relâche… et qu’il agisse !
Hope…un beau nom peut-être ?

jeudi 18 octobre 2012

"Petites" manoeuvres! (commentaire du Larzac)

Décidément, l’affaire de Notre-Dame-des-Landes ressemble beaucoup à l’ancienne affaire du
Larzac : dans le bocage, le pouvoir enclenche aujourd’hui des manoeuvres psychologiques
pour faire croire, par des destructions de bâtiments, que le rouleau compresseur avance.
Sur le causse aussi, en 1976, pour éviter que d’autres bâtiments soient squattés, l’armée, à
coups de pelleteuse, avait détruit un ancien relais de diligence et dynamité une petite ferme.
Elle avait aussi créé des aménagements bien visibles : passage pour chars d’assaut au travers
d’une départementale, ou installation de hangars à chars, ou encore rénovation de bâtiments
anciens dans le camp : « Du tape-à l’oeil » a reconnu depuis peu un commandant du camp.
Bien sûr, ces démolitions, l’Etat les médiatise quand il s’agit des Rroms, mais se fait discret
quand il s’agit de saccager le bocage. Ah, si NDDL était une banlieue et si un uniforme y était
victime d’une kalachnikov, ce serait le JT en direct tous les jours. Là-dessus, le préfet, en bon
perroquet, rappelle que le projet de création de cet aéroport (inutile) suit son cours.
« L’agrandissement du camp du Larzac est indispensable à la Défense nationale » clamait
avec conviction le préfet de l’Aveyron dans les années 1970, puisque la DUP avait déjà été
prise.
Depuis, conséquence d’une décision politique (élection de Mitterrand), le projet a été gommé,
le camp ne s’est pas agrandi, la Défense nationale ne s’est pas écroulée… et maintenant la
fermeture du camp existant a même été évoquée dans la presse. La DUP était donc bien
infondée, puisque l’Histoire l’a démontré.
Les petites manoeuvres d’aujourd’hui à NDDL ne sont que misérables gesticulations d’un
commis de l’Etat, comme elles le furent au Larzac.

                                      de Léon Maillé, paysan de la lutte du Larzac

ce qui reste de la maison au lieu-dit "le tertre"
L'histoire de la petite maison du Tertre là voilà : http://www.lalettrealulu.com/Des-trous-pour-rien_a1935.html

mercredi 17 octobre 2012

Vigie postale Elysée - Lettre n° 2
Aucune justification aéronautique
Brigitte et Sylvain Fresneau - 5 septembre 2012

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Brigitte et Sylvain FRESNEAU


avec le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport


                                                                    à
                                                                                                Monsieur le Président de la République
                                                                                                Palais de L’Elysée
                                                                                                55 r Faubourg St Honoré
                                                                                                75008 PARIS



Notre Dame des Landes, le 6 septembre 2012


Monsieur le Président,


Par le courrier en date du 29 août ci-joint, Marcel et Sylvie Thébault, soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, ont sollicité auprès de vous un entretien. Leur demande étant restée sans réponse à ce jour, nous souhaitons la réitérer aujourd’hui.

Vous trouverez, également ci-joint, la lettre ouverte que Monsieur Thébault, toujours soutenu par notre coordination, a écrit à Monsieur Notebaert, président de Vinci Airport, suite à ses déclarations dans l'Express de juillet dernier. Monsieur Notebaert y affirme que le projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes n’a aucune justification aéronautique, ce que confirme dans ce même article, Alain Crozet, directeur du Laboratoire d’économie des transports (LET) : « C’est la seule explication qui tienne. Le déménagement de Nantes-Atlantique libèrerait près de 600 hectares au sud de la ville, à proximité du centre. »

Par ailleurs, nous voulons vous alerter sur le fait qu’Airbus réaffirme aujourd’hui officiellement  vouloir conserver la piste existante et que ce sont les collectivités locales qui vont être sollicitées pour en assurer le financement. Un coût supplémentaire de plus, non inclus dans le projet, pour des collectivités qui se disent étranglées…

Monsieur le Président, vous ne pouvez pas rester sourd à notre demande et nous sommes confiants dans le fait que nous allons pouvoir nous entretenir avec vous très prochainement.

Recevez, Monsieur le Président, l'expression de notre profond respect.



Brigitte et Sylvain FRESNEAU Agriculteurs à Notre Dame des Landes
Membres de l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d’Aéroport)

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Sylvain Fresneau


Vidéo : voir l'entretien d'Agora de Bretagne avec Sylvain

mardi 16 octobre 2012

Avis de tempête à Notre Dame des Landes



Mardi 16 octobre 2012
Ce matin, une rage froide m’habite. Depuis 7 heures, un hélicoptère tourne dans le ciel de Notre Dame des Landes. Ce bourdonnement incessant nous met dans une ambiance de guerre.
Ce matin, c’est jour de grande manœuvre, grand exercice de déploiement et d’attaque grandeur nature pour les gendarmes : plusieurs zones à conquérir et à évacuer, des endroits en pleine campagne, parfois très isolés. Les routes sont coupées : barrage de policiers empêchant l’accès sur la zone. Là, ce ne sont pas de braves citoyens en manif qui sont face aux bleus ; c’est « la vermine dont il faut se débarrasser à grand coup de karcher ! ». J’imagine que les mains peuvent se laisser aller (on peut taper n’est-ce-pas surtout si cela résiste un peu ; de toute façon, ces jeunes probablement anarchistes ne votent même pas !). Heureusement, la présence de témoins et de journalistes a permis que tout se passe sans forte violence (selon nos informations).
« Débarrassez-moi de tout cela que je ne saurais voir… » L’aéroport de Notre Dame commence avec les premières interventions de pelleteuse (prévues dans la foulée des évacuations) pour détruire des maisons occupées. Et tout cela se fait quand bien même tous les recours ne sont pas épuisés et sans les conclusions de la Commission d’enquête loi sur l’eau. J.M. Ayrault a le pouvoir : il fait avancer le projet coûte que coûte sans même que le dossier soit bouclé.
Petit à petit, une grande défiance s’immisce en moi : défiance envers les autorités et leur écoute du citoyen, défiance dans leur capacité de dialogue (inexistante sur le projet Notre Dame des Landes), défiance dans le sens de leur engagement politique (servir l’intérêt général ou des intérêts particuliers ?), défiance envers les forces de l’ordre… Et je me dis qu’effectivement si le changement ne s’amorce pas, si les autorités ne remettent pas à plat le dossier Notre Dame des Landes, la France est vraiment mal partie !

lundi 15 octobre 2012

VINCI maintient les maisons closes!




Lundi 15 octobre,16h15 : Marcel part en tracteur ramener la bétaillère à la CUMA. Dans le virage, il se retrouve nez à nez avec des fourgons de gendarmerie qui arrivent. Debout sur la pédale de frein, il réussit à s’arrêter. Une multitude de bleus débarque et se déploie sans que personne ne daigne lui dire quoi que ce soit. Il arrête donc le tracteur en plein milieu de la route et descend me rejoindre sur la place du village. 


10 fourgons de gendarmes sont là : le quartier est bouclé (plus de 150 gendarmes sont là...). Le directeur de cabinet du Préfet est présent pour superviser cette opération à risque : reprendre la maison ré ouverte ce weekend. Dans la maison, personne ! Les occupants l’ont quittée ce matin pour aller soutenir les copains sur les autres lieux de vie menacés d’expulsion demain.

Un gendarme demande à Marcel de ranger son tracteur, puis de faire demi-tour pour repartir par l’autre côté. Marcel s’exécute en s’autorisant le plaisir de dire : « si il y en a un qui s’accroche à la bétaillère, ne m’envoyez pas à Saint Nazaire ! ».
Malgré le calme du quartier et l’absence de résistance (personne n’est là), les routes sont bloquées : il faut faire le tour par le Chêne des Perrière. A ce carrefour, un gendarme arrête le tracteur pour demander à Marcel sa carte d’identité. C’est bien connu, tous les agriculteurs ont toujours leur carte d’identité dans le tracteur (ils devraient revoir les tests d’entrée dans la gendarmerie…).
Au Liminbout, 10 fourgons restent là pour protéger 3 camions de la société qui pose les grilles antieffraction et referme toutes les ouvertures de la maison. Pendant ce temps, des gendarmes aux entrées de chaque parcelle scrutent l’horizon. M’approchant pour faire une photo par la parcelle des moutons, j’en vois 2 qui se dirigent vers moi. Amusée, je dis tout haut: " un sourire pour la photo !". Je les vois reculer, rassurés (non, mon seau n’est pas un bazooka !).
19h30 : tout le monde part… Le calme revient. Les routes d’accès restent surveillées. L'ordre public est rétabli : la maison close est maintenue!


dimanche 14 octobre 2012

Plus de maison close au Liminbout!



Samedi 19h, dans une ambiance festive, près de 150 personnes représentant toutes les composantes de la lutte étaient rassemblées pour ouvrir la maison close d’AGO au Liminbout. Sous les yeux du vigile de garde qui est resté jusqu’à 20h, les grilles de protection ont été enlevées des portes et des fenêtres. La soirée commençait par une pièce de théâtre vilipendant avec humour Vinci et ses pratiques. Feu d’artifice, repas partagé et musique permettaient de célébrer tous ensemble ce moment fort dans la lutte contre le projet d’aéroport. A la veille d’une campagne annoncée d’expulsions dans la Z.A.D., il était important d’adresser ensemble ce pied de nez aux politiques et à AGO. La zone veut rester habitée. La fête continuait aujourd’hui dimanche avec un repas et un forum de discussion sous un beau soleil…

une maison qui revit!
 Pendant plus d’un mois, nous avons eu pour voisin un vigile présent par intermittence. Nous sommes heureux d’accueillir de nouveaux habitants.
Qu’on se le dise : nous ne voulons plus de maisons closes à Notre Dame des Landes. Le Conseil Général, qui en possède quelques-unes autour de la Z.A.D., doit donner l’exemple (c’est une question de moralité publique!) et les ouvrir en les louant à des personnes en mal de logement (elles sont nombreuses !).

mercredi 10 octobre 2012

Vigie postale Elysée - Lettre n° 1
Un non-sens
Sylvie et Marcel Thébault - 29 août 2012


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Sylvie et Marcel Thébault

Avec le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport

                                                                              à        
                                                                                       Monsieur le Président de la République
                                                                                       Palais de L’Elysée
                                                                                       55 rue du Faubourg St Honoré
                                                                                       75008 PARIS



Notre Dame des Landes, le 29 août 2012


Monsieur le Président,

Nous reprenons contact avec vous, car nous vous avions écrit le 15 février 2012 et n’avons pas reçu de réponse à notre courrier. Celui-ci était cependant bien arrivé puisque les services du Conseil Régional Pays de Loire que nous avons rencontrés à Rennes lors de votre meeting, en avaient connaissance.

Nous tenons en tout premier lieu à vous féliciter pour votre élection. Vous êtes chargé d’une grande attente, d’un grand espoir pour les Français. Nous attendons vraiment un changement, notamment dans le dossier qui nous concerne directement : le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes.

Sur ce dossier, vous avez initié un changement qui reste à concrétiser.  Vous l’avez initié en saluant avec chaleur nos délégués, Brigitte et Sylvain Fresneau, et en les faisant recevoir longuement par M. Le Foll le 27 avril lors de la grève de la faim. Vous avez d’autre part, ouvert la possibilité d’un dialogue et d’une concertation par le vœu, exprimé à la presse, de non expulsion des personnes présentes sur le site du projet tant que nos recours en justice ne seraient pas traités. Les Présidents de Région, du Département et de la Communauté Urbaine de Nantes vous ont écouté et ont alors signé un accord qui a permis l’arrêt de la grève de la faim. Nos militants ont apprécié ce début d’approche dans un dossier dont vous étiez visiblement peu informé.

Monsieur le Président, ce projet d’aéroport de Notre Dame des Landes continue d’avancer, en respectant certes les formes, mais jamais le fond (cas de l’enquête publique Loi sur l’eau). De « la saturation à venir » à « la sécurité des Nantais », en passant par « le décollage des A380 », les justifications données à ce projet évoluent depuis dix ans et convainquent de moins en moins de monde. Dernièrement, M Notebaert, patron de Vinci Airports, déclarait à l’Express : « Ce transfert n’est pas une réponse à des problèmes aéronautiques, mais un choix politique de développement du territoire »  . Exit la plupart des arguments…

De notre côté, nous avons étudié le dossier très sérieusement et avons découvert que ce projet est un non-sens, sur tous les plans : aérien, économique, agricole, social, écologique, dépenses publiques, aménagement du territoire… Au nom de la coordination des opposants au projet d’aéroport, nous vous demandons en urgence, un entretien sur ce sujet.

Persuadés que vous aurez à cœur de nous confirmer que « le changement c'est maintenant », et dans l'attente de vous rencontrer, veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de notre profond respect.


Sylvie et Marcel THEBAULT Agriculteurs à Notre Dame des Landes
Membres de l’ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par le projet d’Aéroport)
et de la Confédération Paysanne
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  [1] L’Express du 25 juillet 2012

Sylvie et Marcel Thébault


Vidéo : voir l'entretien d'Agora de Bretagne avec Sylvie et Marcel