mercredi 29 janvier 2014

Publi-reportage pour JM Ayrault...



Je ne décolère pas depuis hier, et comme le travail physique ne mobilise pas tout mon esprit, je rumine, je rumine.
Venons en aux faits : mardi, interview par une journaliste de Public sénat sur le thème « votre situation et les élections municipales à Notre Dame » dans le cadre d’une émission qui s’appelle le club des municipales.
Vendredi, je regarde donc l’émission : on y voit du Jean Paul Naud , maire, très classique « opposé à l’aéroport, mais dans le strict respect de la légalité », du Marcel, qui parle de sa situation et des municipales à Notre Dame .On ne peut éviter Mustière qui dit sa demande aux candidats de s’engager sur le sujet et nous refait le coup du développement de l’ouest, des relations avec les grandes métropoles européennes, enfin Dominique de l’ACIPA  dit que l’enjeu est plus à Nantes puisque la seule raison qui reste pour faire ce projet est l’immobilier.

Il reste l’impression que Mustière est hors sujet, puisqu’il met en avant ses arguments pour le projet (en parlant comme s’il n’y avait pas déjà un aéroport à Nantes, comme d’hab quoi !).
Mais si on écoute bien, Dominique met un temps équivalent sur les motivations (immobilier) du projet.
Pourquoi la journaliste, qui s’appelle Camille…, n’a-t-elle pas demandé à Mustière pourquoi il se mêle des élections à Notre Dame ? C’était dans le sujet cela ! et dans l’actualité immédiate ! Pourquoi soutenir Jean Paul Naud contre sa volonté ? Pourquoi, si ce n’est pour mettre le bazar ? Que font ceux qui ont l’argent, quand ils ne maîtrisent pas la situation ? Cela aurait intéressé tout le monde !
Deux surprises ensuite dans les débats :
Michel Urvoy, éditorialiste à Ouest-France, commente ce reportage en disant qu’il est juste puisqu’il oppose les habitants de Notre dame qui ont à porter les inconvénients du projet, aux Nantais et tous les gens de l’ouest qui ont intérêt à ce que le projet se fasse.
Stupéfiant ! Quelle mauvaise foi, ce ne peut être de l’ignorance ! Mustière lui doit au moins une bouteille de champagne ! Comment peut-on poser en postulat, en évidence, l’intérêt du projet ? Aurions-nous des milliers de soutien, s’il s’agissait seulement de défendre notre confort contre un projet utile ? C’est cela l’oligarchie ? L’alliance de quelques têtes de la presse avec le CNPF et le pouvoir pour tromper les gens ?
Puis deuxième coup, c’est Nathalie Moret qui le décoche en affirmant que Jean Marc Ayrault est très prudent et prône l’apaisement… M’enfin… c’est tout le contraire que nous donnent nos informations. Certes il ne va rien faire avant les municipales, mais il trépigne d’impatience ; il y tient plus que jamais à son aéroport.
C’était un publi reportage pour Jean Marc Ayrault et son projet d’aéroport et on ne nous avait pas prévenus…
Y a un problème, Jean Marc, on est désolés, mais pour ton aéroport, ce ne sera pas possible !
                                        De Marcel, paysan à Notre Dame des Landes

vendredi 17 janvier 2014

Folle nuit au limimbout...

Depuis quelques jours, nous surveillions Fougère et Greatlady, deux vaches proches du vêlage.
Quelques explications préalables :
  •  nos vêlages se font tous dehors, qu’il pleuve, vente ou neige parce que nous n’avons plus de place en bâtiment et parce que le champ nous semble un espace beaucoup plus sain que la stabulation.
  • les noms de nos vaches peuvent paraître prétentieux, mais nous essayons de mettre la filiation dans le nom ; il y a par exemple une lignée sur Harry Potter, toutes descendantes de Vif d’Or et Greatlady est fille de Darklady, elle-même fille de Blackbeauty.
La mamelle se développait de plus en plus et elles se « cassaient », c'est-à-dire que les ligaments autour de la queue se détendaient fortement. Nous passions matin et soir faire le point. Puis, est venu un moment où on s’est dit que le vêlage allait  se faire dans les 24 heures et là on est passé matin, midi et soir.
Le samedi matin, j’ai vu que Fougère avait des contractions et le midi, un veau était couché à ses côtés. Je l’ai appelé Pathé Marconi, car c’est un mâle, donc nous allons le vendre, et il a de grandes tâches noires autour des yeux.

Le samedi soir, vers 22 heures, Greatlady avait à son tour des contractions. Comme c’est son premier veau, il fallait assurer la surveillance. Donc réveil sur minuit.
A minuit, sortir du lit n’est pas un plaisir…Voiture, lampe torche et on y va.

Dans le champ, la vache a changé de place, je mets quelques temps à la retrouver.
J’approche à 5 mètres, et là, hop, elle se lève, pas possible d’approcher. Mais j’ai pu voir les onglons sortis : il y a bien deux pattes et précisément des pattes avant. A elle de travailler seule puisqu’elle ne veut pas d’aide et que tout se présente bien. De toute façon, quand on ne voit que les onglons, c’est trop tôt pour intervenir. Il faut laisser le travail se faire.
Après deux heures de sommeil, me voici de retour. Elle a encore bougé et est allée se coincer dans un léger dénivelé correspondant à la raie de labour. Quand j’approche, elle bat des pattes, mais sans pouvoir se redresser. Le museau du veau est sorti, mais pas les yeux.
La langue pend, violette, il est temps d’intervenir. La vache autant que le veau peuvent souffrir ; il faut en finir. Je mets les cordelettes sur les pattes et exerce une tension constante.
Je ne dis pas « poussez ! poussez ! », mais  c’est tout comme.
La brave Greatlady pousse vaillamment et je dois aussi l’aider vaillamment.
La tête sort enfin, mais il faut continuer à tirer jusqu’à la sortie du veau car il est assez gros.
Bon, une fois sorti, je frotte le veau avec une poignée de foin, il secoue et redresse la tête.
Tout va bien. J’essaie de redresser Greatlady pour qu’elle se remette sur ses pattes avant. Impossible.
Retour à la maison, je réveille Sylvie et nous repartons en tracteur.
Cette fois, ce sont les pattes de la vache que nous attachons et nous tirons doucement sur 50 cm pour la sortir du trou.
C’est après que c’est délicat, il ne faudrait pas qu’elle se relève avant que nous ayons enlevé les cordes de ses pattes. Mais, elle est douce, nous lui tenons la tête et elle attend sagement d’avoir les pattes libres pour se mettre debout et aller lécher son veau.

Irishlady bien au chaud quelques jours plus tard

C’est une femelle : elle s’appellera Irishlady.
Quand à nous, il est 3h du matin, nous allons essayer de faire une tranche de sommeil de 3 heures.
La vie continue indépendamment de toute l’agitation politico-médiatique.
A chacun ses folles nuits ! Pourquoi les nôtres ne captivent-elles pas les paparazzi ?

De Marcel , paysan à Notre Dame


samedi 4 janvier 2014

Eloge de la lenteur…



Meilleurs vœux à tous…Que le courage et l’énergie d’œuvrer à un monde plus solidaire, plus respectueux  de la nature et de l’humain continuent à nous animer…
Ces derniers jours, nous affrontons le vent et la pluie en travaillant dehors auprès de nos animaux. Nous pensons aux personnes sinistrées en Bretagne par les montées des eaux ou par le vent… Nous nous sentons impuissants quand les éléments se déchainent ; et nous trouvons qu’ils se déchainent régulièrement désormais (effet du réchauffement climatique?).
Les aménagements ne sont pas toujours adaptés à cette nouvelle situation. En effet, il n’est pas rare (pression urbaine oblige) d’autoriser des constructions en zone humide. Par ailleurs, l’arrachage des haies, l’arasement des talus, le drainage, l’augmentation des surfaces bitumées  font que l’eau qui tombe du ciel arrive de plus en plus vite dans les cours d’eau. Ce phénomène est accentué par l’intensité des pluies (parfois la pluviométrie d’un mois en quelques jours).
L’agriculture, notre alimentation, repose sur l’utilisation d’une couche infime (quelques dizaines de cm de terre à comparer au rayon de la terre) qui doit recevoir régulièrement soleil et eau. Alors soyons modestes et respectueux Nous nous rendons compte que nous ne maitrisons pas tout, et surtout pas l’eau !
Alors, raison de plus pour ne pas jouer aux apprentis sorciers à Notre Dame des Landes en bétonnant 2 têtes de bassins versants.
Je souhaite que soit révolue l’apologie du toujours plus vite (exit les lignes LGV, par exemple, où les politiques gaspillent des millions pour faire gagner quelques minutes, minutes qui seront perdues dans les embouteillages pour accéder aux gares…) et que vienne le temps de la lenteur, si propice à la réflexion…