dimanche 11 novembre 2012

Lettre ouverte d'Alain : "atmosphère, atmosphère..."

"Ras le bol des routes coupées", "y’en a marre des contrôles d’identité", "… et vous avez vu tous ces gens qui viennent de je ne sais où, en plus ils s’en foutent de l’aéroport".
Voilà quelques échos qui me parviennent de "locaux", riverains de la ZAD depuis la mi-octobre, date de lancement des expulsions des occupants de la ZAD par les forces de l’ordre. Rien ou presque n’est dit ou écrit pour cette majorité silencieuse qui vit très mal les évènements actuels. Et pourtant il y en a qui sont… ou étaient contre l’aéroport, mais pas dans de telles conditions.

C’est pourtant la suite logique de la lutte contre l’aéroport mais aussi et surtout contre l’autisme de nos grands décideurs. Après les débats publics, les enquêtes publiques, les études économiques indépendantes, les manifestations, les recours juridiques, les grèves de la faim… où chacun-e a pu s’exprimer, la démocratie participative est passée, place aux travaux. Que reste-t-il pour se faire entendre ? Comment dénoncer cette pseudo-démocratie ? Comment sortir d’une lutte locale dans laquelle on veut nous enfermer, pour en faire une lutte globale ? Comment dénoncer tous les mécanismes du Pouvoir qui veut faire passer en force des projets contestables et contestés par des citoyens responsables ?
Il ne reste plus que l’occupation du terrain. C’est ce qui se passe à Notre Dame des Landes depuis 2009. L’acceptation d’étranges étrangers qui squattent des maisons, vivent dans les bois, construisent des cabanes, s’auto-suffisent, bref, ne sont pas comme nous, n’a pas été facile. Pourtant, une certaine cohabitation s’était installée.

Cette population qui a choisi la présence physique pour s’opposer à l’aéroport pose problème aux bétonneurs. Comment les évacuer sans se mettre l’opinion publique à dos ?
Règle n°1 : - Les identifier comme des terroristes alter-anar-écolos
Règle n°2 : - Les désigner comme auteurs de tous les actes d’incivilité et de vandalisme répertoriés dans le secteur
Règle n°3 : - Utiliser les médias pour formater l’opinion publique
Règle n°4 : - Les désolidariser de la population en instaurant un climat austère par une présence policière permanente, des contrôles d’identité systématiques, etc.

Ces bétonneurs pourraient bien parvenir à leurs fins si chacun-e d’entre nous ne s’arrête qu’à sa personne.
Reconnaissons quand même que c’est bien grâce et/ou à cause de ces occupants que l’aéroport de Notre Dame des Landes a pris une envergure nationale tant médiatiquement que politiquement.
Aujourd’hui nous sommes à la croisée des chemins. Ce qui n’est toujours qu’un projet puisque les travaux ne sont pas encore commencés, pourrait devenir une réalité sans une forte démonstration d’opposition.
Le 17 novembre prochain aura lieu à Notre Dame des Landes une grande manifestation pour réinstaller tous les expulsés de la ZAD. Nous savons déjà que les soutiens vont venir de partout. Il y en a même qui parlent d’un nouveau Larzac.
Il serait dommage que la population locale ne s’associe pas à ce rassemblement alors qu’elle serait la première concernée en cas de réalisation de l’aéroport.
Mais quelle contradiction que de vouloir réinstaller des gens qui n’attirent que des problèmes par ailleurs !

Si je reprends le début de mon propos : "… et vous avez vu tous ces gens qui viennent de je ne sais où, en plus ils s’en foutent de l’aéroport", les Zadistes s’opposent à l’aéroport mais aussi défendent une autre forme de société. Nous savons pertinemment que quelle que soit l’issue de cette lutte, ils iront sur d’autres combats (nucléaire, autoroutes, LGV, THT, OGM …). En clair, on les réinstalle mais ils ne resteront pas. Si nous gagnons ce combat, comme pour le Larzac, certains, déjà attachés à notre territoire pour notre hospitalité choisiront de rester. Ils trouveront un lopin de terre pour subsister à leur manière, et pourquoi pas…

Alors, c’est maintenant (tiens, j’ai déjà entendu çà quelque part…) qu’il faut se mobiliser contre ce projet de plus en plus jugé inutile. C’est maintenant qu’il faut montrer notre détermination et notre solidarité. C’est maintenant qu’il faut crier haut et fort que nous voulons passer à autre chose, que 12 ans de lutte contre ce projet depuis sa réactivation en 2000, çà suffit !
Nous aspirons toutes et tous à retrouver un climat apaisé (les puristes de la lutte diront que je fais du «Vinci»).
Une chose est sûre, j’aurai grand plaisir à retrouver mes 90 contacts de l’opération « effet boule de neige », samedi prochain 17 novembre à Notre Dame des Landes.

                                       d'Alain, habitant de Notre Dame des Landes

Venez nombreux pour dire
« Non à l’aéroport »

2 commentaires:

  1. Bonsoir à tous les opposants.
    1er - Heureusement qu'il y a les zadeurs ou istes à montrer du doigt car que diraient les gens favorables à ce projet pour valider ce gachis d'argent public !
    2ème - A ces personnes, souvent ignorantes des aspects du désastre car refusant d'entendre les arguments principaux, on peut leur dire que si les forces de "l'ordre" dégageaient les squatteurs ce projet d'aéroport resterait aussi inutile et dévastateur.
    Continuons cette lutte juste et d'utilité public.
    Luc

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  2. Moi aussi j'avais des a priori sur ces jeunes (alcool, drogue et j'en passe), je les rencontrais souvent dans les manifestations auxquelles je participe régulièrement sans contact direct. Et puis depuis les évènements de la ZAD, je m'y suis déplacée, ai pris mon courage à deux mains car ils ne viennent pas spontanément vers vous. Et je dois dire que je suis conquise par tous ces jeunes, par leurs pensées qui sont finalement proches des miennes,leur mode de vie, que je pratique moi-même à mon échelle, leurs initiatives, leur courage. Et je suis heureuse d'avoir eu le courage d'aller à leur rencontre et depuis je ne puis les quitter, j'y vais souvent. Je rencontre en eux ce qui me manque (solidarité, entre-aide, échanges, don de soi..) chez les gens que je côtoie dans mon travail, dans mon entourage proche, chez mes voisins. Je joins un extrait du magazine du département Loire Atlantique de nov. 2012, je trouve que ça tombe bien, le magazine traite des jeunes qui s'engagent :"On insiste sur une prétendue apathie liée à leurs modalités d'expression, différentes de celles des décideurs. Les skaters, par exemple, questionnent la propriété et les règles d'usage de l'espace public. Ils négocient cet usage, ce qui peut être considéré intrinsèquement comme participatif. Pourtant, ils ne sont pas regadés comme participatifs mais comme un danger pour le système politique existant." Patricia

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