dimanche 13 janvier 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n° 9
Des expulsions et destructions injustifiables
Anne-Marie Chabod - 22/10/2012

Anne Marie Chabod
44119 Grandchamp des Fontaines
Avec  le soutien de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport


                                                                                            à Monsieur le Président de la République
                                                                                            Palais de l’Elysée
                                                                                            55 rue du Faubourg Saint Honoré
                                                                                            75008 PARIS

Copie à  Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur

Grandchamp des Fontaines, le 22 octobre 2012


Monsieur le Président,


Vous avez reçu ces dernières semaines des courriers de Marcel et Sylvie Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau et de Chantal et Thierry Drouet, de Geneviève Lebouteux, de Jacques Chiron, de Françoise Verchère, de Patrick Baron et de Michel Tarin soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, vous demandant un entretien.

La situation sur le terrain étant intolérable depuis plus d’une semaine, j’insiste aujourd’hui, au nom de la coordination des opposants, pour qu’un entretien avec vous nous soit accordé au plus vite.

En effet, la semaine qui vient de se terminer fut très éprouvante pour les opposants pacifistes que nous sommes.

Le lundi 15 octobre, une poignée de militant-e-s, avec comme seules armes des banderoles invitant Monsieur Montebourg, en visite dans la périphérie nantaise, à se souvenir de la position qu’il avait prise sur le sujet de Notre-Dame-des-Landes lors des Primaires socialistes, a été éloignée du cortège de Messieurs Ayrault et Montebourg de manière scandaleuse ! Rien, absolument rien ne justifiait une attitude aussi violente par rapport à un groupe des plus pacifiques !

En même temps, commençait une vaste opération d’évacuation des habitants dits « illégaux » mais pour nous tout à fait légitimes, de la zone réservée pour la nouvelle infrastructure.  Monsieur le Président, je peux vous assurer que  la coordination des opposant-e-s au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (45 associations, partis politiques, syndicats et collectifs) est - dans son ensemble - absolument révoltée et scandalisée par ce qui s’est passé la semaine à Notre-Dame-des-Landes et qui se poursuit cette semaine encore !

Les habitant-te-s de la Zone d’Aménagement Différée participent à une vie riche en échanges et solidarité (à défaut de capitaux) sur ce secteur. Leurs expulsions constituent un passage en force inadmissible. Rien ne peut justifier cette urgence à vider la zone : il n'y a pas de travaux prévus sur ces lieux avant des mois,

Rien ne peut justifier l'ignominie que constitue la destruction  - à deux semaines de la trêve hivernale - de maisons habitables et habitées, d‘autres lieux de vie et de jardins collectifs réalisés depuis plusieurs années. Ces démolitions sont d’autant plus scandaleuses que des sans-logis occupent eux aussi, depuis une semaine, le Lieu Unique à Nantes sans réponse du Préfet et que, par ailleurs, les autorisations de travaux n’ont pas été données !

Rien ne peut justifier de jeter à la rue des personnes qui ont choisi de contester un mode de vie à l’origine des crises économique et écologique que nous traversons actuellement, et d'agir en conformité avec leurs opinions.

Rien ne peut justifier la répression policière disproportionnée (1 000 gardes mobiles ou CRS, des hélicoptères...) pour un projet en partie privé au profit d'une multinationale (VINCI) qui fait des milliards de bénéfices. Combien ce projet d’aéroport finira-t-il par coûter au contribuable ?

Plus généralement, rien ne peut justifier le gaspillage de millions d'euros (voire de milliards) en pleine crise économique pour un 146ème aéroport en France (quand l'Allemagne en dispose du  tiers et le Royaume Uni du quart)

Et rien ne peut justifier le saccage de terres agricoles de proximité et la destruction du principal bassin laitier de Loire Atlantique et de la centaine d’emplois directs – soit plusieurs centaines d’indirects – qui y sont liés.

Des recours juridiques sont en cours et d'autres seront lancés dans les semaines et les mois qui viennent pour arrêter cette machine infernale que constitue ce projet d'aéroport toujours plus nuisible, inutile, gaspilleur. L'Etat et AGO/Vinci n'ont toujours pas expliqué clairement comment ils allaient remplir correctement leurs obligations légales en terme de respect de la loi sur l'eau dans ce bocage à 98% humide. Ces recours devraient purement et simplement conduire à l'abandon du projet si la Loi sur l’Eau était strictement appliquée !

Monsieur le Président, pour toutes ces raisons, nous vous demandons de faire cesser de toute urgence les expulsions en cours.

Cette vaste opération de communication et d’intimidation des opposants n’a fait que renforcer leur détermination et le risque d’enlisement est très grand pour votre gouvernement.

Le collectif d’élu-e-s, toujours en lien avec la coordination des opposant-e-s, a demandé un entretien à Monsieur le Préfet de Région pour parler de la situation à Notre-Dame-des-Landes mais, à ce jour, aucune proposition de rencontre ne lui a été faite. Comment se fait-il que des élu-e-s ne soient pas davantage reconnu-e-s sous votre gouvernement que sous le précédent ? J’en suis personnellement indignée !

Dans l’attente de vous rencontrer, je tiens à vous assurer, Monsieur le Président, de ma haute considération.


Anne-Marie Chabod
Ingénieure
Coprésidente de l’ACIPA
Association Citoyenne Intercommunale des Populations
concernées par le projet d’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes


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