Intervention d’Hubert
Cochet, Professeur d’agriculture comparée à Agro Paris Tech, lors de la conférence de lancement du
manifeste pour la sauvegarde des terres agricoles le 5 décembre 2015 à Paris.
L »accaparement des terres agricoles représente 40 millions
d’Hectares et ce chiffre est un minimum. En effet, beaucoup de transactions ne
figurent pas dans les statistiques.
Cet accaparement concerne, entre autres, les pays du sud et
l’ex URSS.
Souvent la bourgeoisie urbaine prend le contrôle des terres
du pays.
Avec la crise de 2007-2008, les investisseurs ont découvert
que le foncier était un investissement intéressant.
2014 était l’année de l’agriculture familiale. Cela a été
positif et s’est traduit par des discours de soutien. Cependant, le discours général
est qu’il faut différents modèles, être pluraliste et qu’il faut de la place
pour tout le monde. Au Brésil, par exemple, il y a deux ministères de
l’agriculture : un pour les grosses exploitations et un pour les petites.
Cela se développe en Amérique latine.
Il est faux de dire qu’il y a de la place pour tous ;
les accès à la terre, à l’eau, et aux soutiens publics sont rares.
Un investisseur ne cherche pas une zone vierge ou il ne va
gêner personne, il cherche des terres fertiles avec un accès à l’eau et des
infrastructures routières, souvent assez proches d’une ville et de ports. Il
s’agit donc de zones denses en population, et il faudra une éviction massive
pour faire de la place aux investisseurs.
On leur propose parfois des terres moins peuplées, en zone
de forêt contre les peuples autochtones ou bien sous climat aride, mais alors
l’investisseur demandera un accès gratuit à la terre et à l’eau.
Qui est performant, les grandes entreprises ou les petits
paysans ?
Sur le plan social et environnemental, on reconnait
volontiers que les petits paysans sont plus performants, mais pas sur le plan
économique.
Il faut comparer un rendement de 100 Qx en culture de maïs
avec un rendement de 20 Qx en culture
associée avec de l’arachide, du manioc et des patates douces. Si on enlève les
couts de tous les intrants, de l’eau etc, alors la valeur ajoutée de
l’exploitation familiale est très supérieure à celle de la grande exploitation.
Les grandes exploitations mises en place par les
investisseurs ne sont rentables que si l’accès aux ressources est gratuit. Par
exemple , en Ukraine, les terres, c’est-à-dire, les meilleures terres de la planète
sont louées 20€ par ha et l’eau est gratuite.
Comment les investisseurs obtiennent ils une rentabilité financière
très élevée ? Ils utilisent peu de travailleurs et ceux-ci sont très mal
rémunérés.
Le partage de la valeur ajoutée est de 5% pour le travail,
5% pour différents frais et 90% pour le capital.
Rapporté par Marcel, paysan à Notre dame
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