Nous arrivons en avance, il y a déjà du monde, nous ne serons pas seuls,
le mouvement est là dans toute sa diversité. On a le temps de saluer un peu de
monde, c’est chouette.
Rentrés dans la salle des pas perdus, on ne se sent toujours pas seuls,
onze familles, rien que ça, pour passer devant le juge. ET là déjà, ça commence
mal ! Deux personnes subissent une deuxième fouille, il faut enlever les
ceintures, ils se sentent humiliés, l’un des deux est en larmes et d’un coup
tout le monde est à cran.
Nous rentrons, salle quasi comble. Le juge nous explique que tant que le juge a un cerveau, tout
espoir de justice n’est pas perdu, que tout le monde cherche une solution à
cette situation. « On s’est beaucoup plus préoccupé des grenouilles que
des êtres humains dans ce dossier. Le propre de l’être humain est d’être
protégé par le droit. Il faudra une évolution des textes pour avoir à gérer des
situations comme celle-là ». Il dit qu’il a reçu une demande de renvoi,
mais n’est pas favorable au report.
Là, stupeur ! L’humour ou la
philosophie, est-ce bien le moment ? On n’est pas certain de tout bien
comprendre. Serions-nous des pauvres victimes malmenées par Vinci ? Est-ce
cela que suggère le juge ? Nous nous sentons plutôt des êtres restés
debout face à l’adversité, mais pas victimes et nous sommes venus attendre le
châtiment. Le report nous semble une bonne chose et il le refuse…Où allons-nous ?
scène 1:
Le juge donne la parole à la défense pour qu’elle présente ses arguments. la défense demande le report . Cela se base sur différents arguments :- il s’agit de vies avec beaucoup d’inquiétude – des expulsions avant Noel, c’est un traitement inhumain – pour respecter le principe du contradictoire et de l’égalité d’armes, il faut avoir le temps de préparer la défense, ce qui n’est pas le cas – il est inopportun de mélanger justice et événements extérieurs (élections).
AGO accepte la demande de renvoi, mais dans un délai restreint : début janvier à cause du calendrier prévisionnel car l’Etat doit démarrer les travaux début 2016. AGO a écouté les expropriés, les a indemnisés et les a laissé exprimer leurs doléances devant la juridiction française. AGO entend respecter les gens, la valeur des terres et des biens en cause. Il donne donc son accord pour la sérénité des débats.
Il faut être concentré au tribunal pour tout suivre.
Le juge nous explique que même si les avocats sont d’accord, lui seul décide et sans devoir motiver sa décision. Il refuse ce report et nous précise pour quelles raisons : - le temps pour s’organiser était suffisant, le débat juridique est circonscrit et prévisible – ce n’est pas pour démontrer qu’il est indépendant car tout le monde le sait – c’est plus dans un souci d’humanité vis-à-vis des justiciables car cela fait des années que cela traine : "je suis saisi, je juge ! Je ne contribuerai pas à continuer à placer les gens dans l'incertitude".
Petit moment d’angoisse…
scène 2:
Les deux avocats de la défense ont la parole et dégainent très vite en demandant un retrait de rôle ordonné au nom de l'article 382 du code civil.
L'avocat d'AGO qui est toujours gentil, est d'accord pour un retrait du rôle, mais il dit qu'il demandera une réinscription au rôle début 2016.
Le juge qui ne peut refuser cela, prend acte.
scène 3 :
Un moment d’échange flou ou le juge évoque
une QPC (question prioritaire de constitutionalité) qui se réfère au respect de
la convention européenne des droits de l’homme. Me Lemoigne se lève, dossier à
la main, puis se rassoit sans parler.
Là encore, on n’a pas tout compris.
Le juge conclue par ce qui doit être un trait d'humour: " avec la grâce de Noel, on peut espérer que tout le monde sera heureux avec un aéroport qui se construit, peut être n'y aura t'il pas de réinscription au rôle.
Le juge conclue par ce qui doit être un trait d'humour: " avec la grâce de Noel, on peut espérer que tout le monde sera heureux avec un aéroport qui se construit, peut être n'y aura t'il pas de réinscription au rôle.
C’est fini.
sortie du tribunal... |
Un avocat en retraite à nos côtés explique
ce qu’est un retrait du rôle : la démarche est arrêtée, il faut la
relancer si on veut poursuivre.
Cela semble plutôt une bonne nouvelle, en tout cas nos avocats sont très contents, ce qui est rassurant.
En synthèse: le boulet est passé à côté, mais le canon reste en place, sachant que l'artilleur fera la trêve des confiseurs !
Nous avons vraiment le sentiment d'avoir assisté à une pièce de théâtre. Dès sa première parole, le juge savait évidemment ce qui allait se passer.
Cela semble plutôt une bonne nouvelle, en tout cas nos avocats sont très contents, ce qui est rassurant.
En synthèse: le boulet est passé à côté, mais le canon reste en place, sachant que l'artilleur fera la trêve des confiseurs !
Nous avons vraiment le sentiment d'avoir assisté à une pièce de théâtre. Dès sa première parole, le juge savait évidemment ce qui allait se passer.
Merci à tous ceux qui se sont mobilisés; leur présence était
essentielle.
Sylvie et Marcel
Sylvie et Marcel
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