ACIPA
BP 5
44130 NOTRE DAME DES LANDES
Monsieur François HOLLANDE
Président de la République française
55 rue du Faubourg Saint Honoré
77008 PARIS 8e
Notre Dame des Landes, le 24 janvier 2013
Monsieur le Président,
Depuis 5 mois, la coordination des opposants au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes vous écrit de manière hebdomadaire pour solliciter un entretien avec vous. A ce jour, nous n’avons eu aucune proposition de votre part.
Aujourd’hui, la coordination des opposants – forte de plus de 45 groupes faut-il le rappeler – renouvelle cette demande d’entretien et souhaite vous informer d’un courrier que Monsieur René Leblanc, maire de (Quélneuc 56) a adressé à Madame la Sénatrice du 56, Odette Herviaux PS.
En effet, nous pensons que ce courrier peut vous apporter un éclairage supplémentaire sur le dossier de Notre Dame des Landes.
Comptant toujours sur une réponse positive à notre demande, nous vous adressons, Monsieur le Président, l’expression de notre profond respect.
Aujourd’hui, la coordination des opposants – forte de plus de 45 groupes faut-il le rappeler – renouvelle cette demande d’entretien et souhaite vous informer d’un courrier que Monsieur René Leblanc, maire de (Quélneuc 56) a adressé à Madame la Sénatrice du 56, Odette Herviaux PS.
En effet, nous pensons que ce courrier peut vous apporter un éclairage supplémentaire sur le dossier de Notre Dame des Landes.
Comptant toujours sur une réponse positive à notre demande, nous vous adressons, Monsieur le Président, l’expression de notre profond respect.
Le secrétariat de la coordination
Coordination des opposants – Secrétariat par l’ACIPA – BP 5 – 44130 Notre Dame des Landes
Tél : 06 71 00 73 69 acipa.info@free.fr site web : acipa.free.fr
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Quelneuc le 26/12/2012
Objet : mon courrier du 25/11/2012 et votre communiqué, sur votre site, de ce 22/12/2012
Madame la Sénatrice,
Bien qu’élu de la petite commune de Quelneuc depuis 1986 et maire de cette même commune depuis 1995, nous nous connaissons peu.
J’ai eu, cependant, le plaisir de vous recevoir en mairie en 2011, à l’occasion de votre campagne des sénatoriales et j’en garde un souvenir tout à fait sympathique. Je vous réitère d’ailleurs mes remerciements pour l’aide que vous avez bien voulu accorder à Quelneuc au titre de la réserve parlementaire pour la rénovation de notre mairie.
Aujourd’hui, je m’adresse à vous, étant toujours dans l’attente d’un accusé de réception de votre part au courrier adressé à Monsieur Lapouze le 25 novembre dernier, courrier dont je vous avais remis copie, et venant tout juste de prendre connaissance, sur votre site, du communiqué dans lequel vous affirmez votre soutien, sans le moindre état d’âme, au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.
Il est vrai que depuis quelque temps nous voyons fleurir dans la presse des soutiens aussi fermes qu’inattendus à ce projet, en provenance de diverses sources :
« la riposte des grands élus » ;
« la position du club des Trente » ;
« le soutien étonnant d’un directeur de la CCi de la Région Bretagne » ;
« les positions communes des présidents Grosvalet (Loire Atlantique) et Tourenne (Ille et Vilaine)»
pour ne citer que ceux-là.
Je ne suis qu’un petit élu d’une commune de 550 habitants. Ma propre réflexion et mon opinion vous paraîtront, sans doute, bien dérisoires, et sans intérêt, comparées au lobbying des grands élus signataires de votre communiqué.
Je
suis libre, n’appartiens à aucun parti politique, ne porte jugement
qu’après avoir pris soin d’en étudier, dans la limite de mes
compétences, tous les contours, évitant de me laisser influencer,
d’autant que je n’ai aucune carrière, ni professionnelle ni politique,
qui puisse limiter mon propos,
J’ajoute
que mon cursus universitaire et mon parcours professionnel ne
devraient pas constituer un réel handicap à mon endroit. En effet,
titulaire d’un doctorat de chimie organique, ayant enseigné à l’Ecole
Polytechnique d’Alger, pendant mon service militaire, en qualité de
coopérant, j’ai effectué l’ensemble de ma carrière professionnelle dans
le domaine de l’innovation et plus précisément de la protection des
brevets d’invention. J’ai, d’ailleurs, pendant quatre années participé,
pour le compte du Ministère de l’Industrie, à la mise en place de
l’Office Européen des Brevets (OEB) dont le siège est à Munich.
Voici donc mon témoignage.
Devant
tant de propos contradictoires issus de toutes parts, j’ai souhaité,
pour me forger une opinion personnelle définitive, me rendre sur le
site de Notre Dame des landes. Je m’y suis donc déplacé le 25 novembre
dernier. Peut-être avez-vous fait la même démarche?.
Ce que j’y ai constaté ne correspond aucunement aux propos de votre communiqué que je cite « leur contestation par des activistes radicaux et violents n’est pas admissible et explique le déploiement récent des forces de l’ordre »
Ce que j’y ai constaté ne correspond aucunement aux propos de votre communiqué que je cite « leur contestation par des activistes radicaux et violents n’est pas admissible et explique le déploiement récent des forces de l’ordre »
Me
présentant en piéton paisible sur une voie communale, libre à la
circulation et conduisant vers le site, je fus arrêté par les très
nombreuses forces de l’ordre présentes (5 camions de gardes mobiles) et
je dus, non seulement décliner mon identité, mais, à mon grand
étonnement, l’ensemble des informations figurant sur la carte
d’identité furent soigneusement enregistrées par écrit. Je fus également photographié. Cela porte un nom : le fichage. Je n’étais pourtant ni activiste, ni terroriste, ni violent.
Un
peu plus loin, sur le site, je constatai une ambiance paisible de
personnes de tous âges et de toutes conditions qui arpentaient des
espaces gorgés d’eau. Il me fut expliqué que, sous les futures pistes,
les empierrements atteindraient une profondeur supérieure à 5 mètres.
Excusez du peu.
Quel
intérêt supérieur pourrait justifier la destruction d’un territoire
aussi riche de sa diversité et plus étendu que ma propre commune (1380
ha) ?.
Je décidai alors de
quitter Notre Dame des Landes pour rejoindre l’aéroport actuel
Nantes-Atlantique que je ne connaissais pas, mais que nos grands élus,
signataires de ce communiqué, doivent visiblement fréquenter.
A
ma grande surprise, je trouvai, en ce dimanche après-midi, un aéroport
étrangement calme et particulièrement bien entretenu ou des vols
nationaux et internationaux, à intervalles d’une douzaine de minutes,
décollaient et atterrissaient, vols sûrement plus qu’à demi vides étant
donné la faible occupation du hall d’embarquement. Quant au seul buffet
de l’aéroport, à l’étage, où je me dirigeai pour prendre un repas, je
découvris une centaine de tables entièrement libres de tout occupant et
il en fut ainsi pendant l’heure de détente que je m’accordai.
Mais alors, pourquoi un tel acharnement et tant de contre-vérités pour défendre l’indéfendable ?. Difficile à comprendre.
Mais alors, pourquoi un tel acharnement et tant de contre-vérités pour défendre l’indéfendable ?. Difficile à comprendre.
Le
trafic de l’aéroport international de Genève, avec une seule piste,
enregistrait en 2011 près de 14 Millions de passagers (soit plus de 4
fois le trafic de Bouguenais) et celui de Gatwick, au Sud de Londres,
toujours avec une seule piste, comptabilisait, l’an passé, 34 millions
de passagers (soit 11 fois plus).
Nantes, nous dit-on, est appelé à un développement majeur et Notre Dame des Landes doit constituer, pour l’avenir, l’aéroport de dégagement de Paris et du progrès pour le grand Ouest. Adossé à l’océan atlantique, il ne desservirait finalement l’espace que sur 180°!. Les villes du Finistère (Quimper, Brest, Lannion, Morlaix, Carhaix), celles de la côte Nord (St Brieuc, St Malo, Fougères) et même Rennes (à 1h26 de Paris, en 2017) auront plus vite rejoint les aéroports parisiens et, qui plus est, par un moyen de transport plus en phase avec le développement durable tant louangé par nos grands élus.
Il
faut impérativement soulager les aéroports parisiens, au bord de
l’asphyxie, notamment pour le fret. Je vous l’accorde. Vous n’ignorez
pas qu’à 124 kms de Roissy et 135 d’Orly, existe l’aéroport de Paris-Vatry,
avec sa piste de 3900 mètres qui reçoit les gros porteurs et qui,
en 2011, n’a connu qu’un trafic dérisoire de 50.000 passagers, soit
moins de 140 passagers/jour. Notre Dame des Landes serait 3 fois plus
éloigné de la capitale que ne l’est cet aéroport déjà construit, en
déshérence et qui, de ce fait, coûte aux contribuables de cette Région,
20 millions d’euros chaque année pour combler son déficit. De plus, Paris-Vatry rayonne
sur 360°, étant donné son positionnement central. Je ne peux donc
comprendre cet acharnement à discréditer et traiter d’activistes
radicaux et violents tous ceux qui réfléchissent et sont déroutés devant
ces affirmations aussi étonnantes qu’unanimes de nos grands élus
signataires.
Chaque jour, ces mêmes grands élus nous parlent de développement durable. Oublieraient-ils qu’un boeing 747 engloutit chaque seconde de vol, 3 litres de kérosène. Une traversée de l’Atlantique représente 60 m3 de
ce carburant. Il y a urgence à réserver ce mode de transport à l’utile
et à l’essentiel. Ne faisons pas de rêves qui ne pourront se réaliser
faute de ce bien que sont les hydrocarbures saturés indispensables au
transport aérien et sans autre énergie alternative, aussi loin que la
science puisse encore l’imaginer pour les 50 années à venir. Il m’a été
rapporté que, lors d’un récent débat public, un élu du territoire des
Pays de Vilaine, aurait émis, le plus sérieusement du monde, que demain
les avions commerciaux voleront grâce au photovoltaïque. Sans
commentaire.
La société
BATSCAP dont le siège à Ergué Gabéric, près de Quimper, est leader
mondial dans le domaine des batteries (notamment au lithium-polymère).
Les progrès liés à ces technologies sont remarquables et les brevets
d’invention déposés par cette entreprise innovante sont nombreux (86
publiés à ce jour). Vous pouvez même les consulter en ligne sur le site
de référence mondial de l’OEB « Espacenet ». Toutefois, ce sont plus de
150 kgs de batteries chargées électriquement et embarquées qui
permettent à un véhicule de parcourir à peine 200 kms, soit un
équivalent énergétique, en carburant, de 10 litres. Avec 10 litres de
cet hydrocarbure saturé (équivalent en kéroséne), notre boeing ne volera que 3 secondes. Je pense qu’il est inutile d’ajouter à la démonstration.
Malheureusement,
non pour nous-mêmes aujourd’hui, mais pour les jeunes générations, le
transport aérien est pour très longtemps encore dépendant des
hydrocarbures. Au rythme de nos besoins actuels, et à la raréfaction des
réserves accessibles à des coûts acceptables, ne raisonner qu’en termes
de développement incessant est une ineptie que précisément les jeunes
générations ont intégrée. Ces jeunes ne sont pas les casseurs, les
violents, les activistes discrédités par les grands élus peu soucieux
de l’avenir de la planète, de leurs enfants et petits-enfants.
Des
milliers de tonnes de fleurs coupées, notamment des roses, débarquent
sur notre continent, en provenance du Kénya où des femmes travaillent
pour un euro quotidien, dans des conditions d’exposition aux fongicides,
pesticides et autres dérivés cancérigènes. Ce sont des dizaines de
rotations qui, chaque jour, transitent par nos aéroports. Je suppose que
le rêve de nos grands élus défenseurs du projet est d’en voir toujours
plus atterrir à Notre Dame des Landes, symbole du progrès de demain.
Selon
nos grands élus signataires de ce communiqué à charge, aucun retour sur
ce projet ne serait possible puisque toutes les procédures juridiques
ont été respectées et que leur mandat électif est garant du droit et du
savoir. Ce raisonnement est inquiétant. Le citoyen, que je sache, ne
donne pas de blanc-seing à des élus pour décider tout et n’importe quoi.
A quoi sert un parlement et ses centaines de députés et sénateurs si
ces mêmes élus n’ont plus la liberté de conserver un jugement propre et
seraient contraints de voter sans le moindre discernement et jugement
personnels.
L’histoire
récente vient de nous démontrer que de hauts responsables avertis en
leur temps des dangers de l’amiante se dédouanent aujourd’hui de leurs
erreurs passées, au nom du principe bien connu « ni responsable, ni
coupable ».
Vous savez
aussi bien que moi que, dans les dossiers politiques sensibles, les
enquêtes publiques sont d’abord destinées à valider la volonté
politique, les arguments indésirables étant le plus souvent simplement
écartés ou pris pour quantité négligeable. Il n’y a aucun déshonneur,
bien au contraire, à faire évoluer son jugement et même changer d’avis,
lorsque les évidences sont là. La vérité d’hier (années 70) n’est pas
nécessairement celle d’aujourd’hui et encore moins celle de demain. Une
jeunesse de plus en plus nombreuse l’a semble-t-il intégré et accabler
cette jeunesse « d’activistes radicaux et violents » est une insulte à
leur égard.
Pour ce qui
me concerne, le doute n’est plus permis. Ce projet d’aéroport serait
l’arbre qui cache la forêt. Les 260 hectares de Château-Bougon attisent
des appétits de construction de millions de m2 de commerces et
d’immeubles résidentiels. Faut-il détruire l’aéroport de
Nantes-Atlantique et les 1600 ha de bocage de Notre Dame des landes, au
mépris absolu de l’environnement. D’autres sites vacants existent
certainement pour ce genre de constructions.
Finalement, j’ai la conviction profonde que, dans de telles conditions, nous pourrions faire l’économie du Ministère de l’environnement.
Je
ne crains pas le débat. Je suis même prêt à participer et développer
les arguments techniques qui s’imposent, lors de toute rencontre
publique qui serait organisée sur ce projet.
A
la suite de ce communiqué, je souhaitais vous faire part de mon
constat, de ma réflexion et de ma conviction profonde sur ce projet
dont, l’inutilité économique et l’injure envers le développement
équitable et durable n’est plus à démontrer.
Ne
pouvant accéder directement aux adresses ou mels des signataires, je
vous prie, Madame, de me les communiquer ainsi que celles et ceux de la
commission Chéreau constituée pour évaluer les réflexions des uns et
des autres en vue de restituer un rapport de synthèse sur ce sujet.
Je me réserve, en effet, le droit de rendre public, mon propos.
Je vous assure, en cette fin d’année, de ma considération distinguée et vous présente mes vœux pour la nouvelle année 2013
Le Maire de Quelneuc
René Leblanc
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