samedi 2 février 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°13
Le coût de la marche arrière
Dominique Fresneau - 15/11/2012

Dominique Fresneau
44130 Notre Dame des Landes

                                                                                         Monsieur François HOLLANDE
                                                                                         Président de la République Française
                                                                                         55, rue du Faubourg Saint-Honoré
                                                                                         75008 PARIS 8e



Objet : Notre-Dame-des-Landes, le coût de la marche arrière.


Copie à Jacques Auxiette, Président du conseil Régional des Pays de la Loire


Notre Dame des Landes, le 14 novembre 2012

Monsieur le Président,


Vous avez reçu ces dernières semaines des courriers de Marcel et Sylvie Thébault, de Brigitte et Sylvain Fresneau, de Chantal et Thierry Drouet, de Geneviève Lebouteux, de Jacques Chiron, de Françoise Verchère, de Patrick Baron, de Michel Tarin, d’Anne-Marie Chabod, de Philippe Trotté, d’Agnès Belaud et d’un collectif d’Orvault soutenus par l’ensemble de la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, vous demandant un entretien.

A la veille de la grande manifestation de réoccupation de la zone, alors que des comités de soutien continuent de se constituer partout en France et que la presse nationale s’est enfin emparée du sujet, je réitère cette demande d’entretien. Il est plus que temps de penser à sortir de ce projet sans avenir. Le temps est arrivé de nous mettre autour d’une table pour envisager sereinement, pour votre gouvernement, une sortie honorable de ce bourbier landais.

Je me réjouis de voir (Le Canard Enchaîné du 14 novembre) que notre 1er Ministre demande à revoir tous les dossiers de partenariat public-privé, j'espère bien qu'il ne s'arrêtera pas à ceux de la Chancellerie, ni à ceux concernant une entreprise plus qu'une autre.

J’ai aussi lu dans Ouest-France du 5 octobre 2012 que le Président de notre Conseil Régional accepte enfin de se prononcer sur l’abandon du projet : « faire machine arrière coûterait trop cher ». Jusqu’à présent il refusait cette éventualité, campé sur les arguments successifs  avancés par les porteurs du projet, dont lui-même.  Faire machine arrière n’était absolument pas envisagé.

Je pense donc que la question du coût de « faire machine arrière » mérite d’être étudiée avec sérieux. Il suffirait de le rassurer sur ce point et Jacques Auxiette pourrait faciliter le processus d’abandon du projet. Monsieur le Président, je vous écris  cela très sérieusement, et pas avec ironie, soyez-en sûr. De nombreux élus  et personnalités socialistes nous soutiennent, et certains après avoir cru à ce projet.

J’ai, par ailleurs, lu dans la presse que la remise en cause du projet de nouveau Palais de Justice de Paris coûterait 80 ME, soit 14% de la « facture » (Le Canard Enchaîné du 3 octobre 2012). Une négociation semble possible pour réduire le coût de ce dédit.

Pour le projet de nouvel aéroport à Notre Dame des Landes, je me suis renseigné sur ce que prévoit l’accord passé entre l’Etat et le concessionnaire. Je n’ai bien sûr pas la compétence pour traduire en chiffres les nombreux paramètres prévus pour établir le montant du dédit. Sur le principe, personne ne peut contester le fait que le concessionnaire doive être dédommagé du préjudice subi, des frais déjà engagés. Je suppose que les services de l’Etat ont cette compétence et pourraient fournir au public, en toute transparence et impartialité, une estimation du coût de ce dédit.

Ce nouvel argument avancé par Jacques Auxiette montre bien que les autres arguments deviennent obsolètes les uns après les autres. D’autant que je découvre la même semaine le projet d’investissement de l’aéroport d’Orly, qui rend encore plus dépassé celui de Notre-Dame-des-Landes.
Il m’importe, en tant que citoyen responsable et contribuable consciencieux, de savoir si le coût de l’abandon du projet est tellement élevé que ce serait encore plus économique de faire quand même un  aéroport. Ce serait une première, et un précédent dangereux : il suffirait d’avancer un projet quelconque, d’engager des frais, puis de dire « vu ce qu’on a déjà dépensé il faut bien aller au bout ». Le projet d’autoroute à Strasbourg a bien été abandonné fin mai 2012, malgré des études menées depuis des années !

Pour répondre honnêtement au public et à Jacques Auxiette il conviendra de prendre en compte le dépassement évident du montant annoncé des investissements (ce qui peut être évalué au regard de projets antérieurs). Tous les grands chantiers se déroulent ainsi, vous le savez bien.

Je suis d’ailleurs prêt à parier que le coût de « faire machine arrière » serait moins élevé que les surcoûts cachés de poursuivre la fuite en avant à marche forcée ! Un moratoire annoncé rapidement permettra de libérer les forces armées déployées depuis un mois sur le terrain, de retrouver les conditions de la paix sociale, et de reconsidérer sereinement les projets  de tram-train Nantes-  Blain, et de voie ferroviaire nouvelle rapide Nantes - Rennes.

Mais je me suis peut-être trompé : Monsieur Auxiette craint peut-être « le coût politique »  de faire machine arrière. Pourtant l’Histoire nous a montré que les plus grands responsables sont ceux qui savent quand il le faut remettre en cause ce à quoi ils ont cru, alors que ceux qui se sont entêtés dans une voie en dépit de toute évidence,  y ont parfois tout perdu.

Je compte sur vous, Monsieur le Président, pour porter une attention particulière à ce dossier épineux, et pour accorder aux représentants de la coordination une entrevue dès que possible.


Dominique Fresneau
Co-président de l’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes)



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