lundi 18 février 2013

Vigie postale Elysée - Lettre n°26
Ce territoire n’est pas à vendre !
Thérèse Leparoux - 13/02/2013

Thérèse LEPAROUX
Conseillère Municipale,
Mairie de TREILLIERES,
Vice-présidente à l’aménagement
Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres (2008-2012)

avec le soutien de la coordination des opposants au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes


                                                      à                          Monsieur le Président de la République
                                                                                 Palais de l’Elysée
                                                                                 55 Rue Faubourg Saint Honoré
                                                                                 75 008 PARIS

Treillières, le 13 février 2013

Monsieur le Président,


Le territoire sur lequel l’Etat, la Région des Pays de la Loire, le Département de Loire- Atlantique et Nantes Métropole ont jeté leur dévolu pour le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, n’est pas un territoire à occuper, à conquérir ni à acheter.

Ce territoire n’est pas un désert !
C’est la tête de deux bassins versants des affluents de la Vilaine et de l’Erdre, dont la préservation est essentielle à la reconquête du bon état écologique de l’eau en 2015, comme vous vous y êtes engagé auprès de l’Europe. C’est un territoire de  bocage et de prairies humides, prairies en constante régression sur le sol français, où vivent des agriculteurs  qui pratiquent l’élevage laitier.
Il est  inutile de l’occuper en permanence par les forces de l’ordre. Les habitants, installés depuis longtemps ou  plus récemment, savent vivre ensemble sur ce territoire.

Ce territoire n’est pas le bout du monde, inutile de vouloir « désenclaver l’Ouest » !
Nantes a déjà un aéroport international loin d’être saturé et qui peut être optimisé. De plus,  quatorze aéroports attendent de voir leur trafic augmenter dans le Grand Ouest. Il devrait être  révolu le temps où la conquête des territoires était laissée aux mains des grands groupes d’actionnaires comme Vinci avec le soutien financier des fonds publics.

Ce territoire n’est pas à vendre !
Les promesses non tenues et les quelques mannes financières de l’Etat, de la Région ou de quiconque, en compensation de la destruction de l’économie locale, ne feront pas changer d’avis les élus et les citoyens qui refusent cet équipement.

Le Pôle Métropolitain, voté en 2012, nouvelle instance de coopération entre territoires du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), ne peut faire oublier à Nantes Métropole que l’urbanisation se doit de limiter l’étalement urbain sur l’ensemble de ce territoire. Nantes Métropole ne peut avancer l’argument de reconstruire la ville sur elle-même, notamment sur le site actuel de l’aéroport à Bouguenais sans mettre au débit de l’opération les centaines d'hectares de terres agricoles qui seraient artificialisées par le transfert de cet aéroport.

Depuis plus de 5 ans, le Conseil Général promet d’établir un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et naturels (PEAN) avec  les communes de la Communauté de Communes d’Erdre et Gesvres et celles du nord de Nantes Métropole. Malgré de multiples rencontres et réunions de travail, malgré des effets d’annonce répétés, le Conseil Général et Nantes Métropole ne parviennent pas à faire aboutir ce projet, probablement à cause de l’appétit immobilier que déclenche le projet d’aéroport.
La liaison en tram-train qui  pourrait  desservir cet équipement et les communes riveraines comme Treillières, n’est toujours pas acquise. Les maîtres d’ouvrage, si prompts à financer un opérateur privé, Vinci, ne sont pas d’accord entre eux pour financer un équipement public, pourtant prévu dans le projet, dont l’emprise existe déjà. À croire qu’un transport collectif, source d’économie d’énergie, pouvant rendre aussi service à la population du territoire ne compte pas.

Les quelques centaines de milliers d’euros de subvention du Contrat Plan Etat-Région (CPER) ou l’avenant au contrat de la Région pour « accompagner le territoire dans l’accueil de cet équipement » ne sont pas une monnaie d’échange pour faire accepter ce projet, même  si cela est toujours « bon à prendre » pour la CCEG quand, par ailleurs, les dotations  globales de l’Etat aux collectivités territoriales diminuent de 30 %.

Ce territoire, Monsieur le Président, n’est pas un territoire libre de tout droit.
Comment les élus locaux, eux aussi élus de la République, peuvent-ils être crédibles auprès de leurs concitoyens, pour faire respecter la législation sur les zones humides et l’étalement urbain, lutter contre la pression foncière, donner la priorité aux transports collectifs quand l’Etat ou les autres collectivités ne respectent pas ces mêmes priorités qu'ils affichent ?

Je renouvelle aujourd’hui la demande d’entretien que sollicite la coordination des opposants depuis le mois d’août 2012.

Espérant, Monsieur le Président, que vous prêterez  attention à ce courrier, je vous prie de croire en l’assurance de mon plus profond respect.

Thérèse Leparoux

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