Lever dès 5h
pour avoir le temps de faire l’essentiel du boulot. A 5h30, les vaches peinent
à se lever (c’est un peu tôt pour elles !). Marcel part à vélo dès 8h30 ; il est
convenu que je parte en tracteur pour être à 10h à la vacherit avec les
derniers tracteurs à partir de Notre Dame. Cela me laisse le temps de nourrir
les vaches, de pailler la stabulation
avec l’aide de Willem, celui-ci finissant les dernières choses (rabot sur
l’aire d’exercice, …) après mon départ.
Finalement
nous ne sommes que 2 à partir de la vacherit. A Orvault, en tête de convoi, je
m’arrête pour laisser traverser un piéton engagé sur la chaussée. Mon suivant
réagit un peu tard à mon arrêt. J’entends boum et je tressaute sur mon
siège : collision entre tracteurs. Nous nous rangeons sur le côté inquiets
des dégâts éventuels. Bon, rien de bien méchant à première vue… Nous repartons
en inversant l’ordre du convoi. A Ragon, nous retrouvons le convoi de Grandchamps, Treillières… Nous
formons une file prête à nous engager sur la 4 voies et l’attente des copains
du Nord commence. L’occasion de saluer tout le monde, d’échanger un peu… Tout à
coup, nous voyons un gendarme à moto passer précédent une longue file de tracteurs :
les paysans d’Ille et Vilaine sont là en nombre avec des panneaux « SOLIDARITE
PAYSANNE », « NON AUX EXPULSIONS », auxquels se rallient Plessé,
Herbignac, Blain, St Omer, La Grigonnais, … Je reconnais des têtes, salue…
Il est temps de démarrer le tracteur pour s’engager à suivre. La route vers le
pont de Cheviré est ouverte !
Sur le
périphérique, nous voyons des vélos circuler à nos côtés, et même quelqu’un en
roller… La circulation est pertubée : des moments où cela roule bien, des
ralentissements, des arrêts.
Enfin, nous arrivons en vue du pont … et là, waouh,
je suis époustouflée par la mobilisation massive en si peu de temps : un
embouteillage géant de tracteurs, une
file continue qui prend tout ce que je vois du pont (j’apprendrai plus tard qu’il
y a plus de 450 tracteurs !). Et du monde, du monde… Les larmes me montent
aux yeux : merci les copains paysans ! Cette solidarité, cet
engagement fort sont particulièrement
réconfortants dans le moment que nous
vivons. Nous ne sommes pas seuls et moralement, cela nous aide
beaucoup … Dans la montée sur le pont, je vois des gens ravis d’être là,
de profiter du lieu et de la vue extraordinaire, l’occasion d’une photo de
famille. J’imagine que le succès de la manifestation (lieu, déroulement) va
donner des idées à l’évènement « voyage à Nantes ». Les cyclistes
sont ravis de l’impressionnante descente du pont (l’ivresse de la vitesse !).
Enfin, l’arrêt
(il est plus de 13h30). Je descends et là, que de monde rencontré. Des
embrassades, des échanges … J’essaie d’aller vers le banquet mais tous les 10
mètres, je salue des connaissances et discute un peu… Les prises de parole sont
commencées mais je suis trop loin pour entendre. Le temps passe, j’entends qu’il
faut prévoir de regagner les tracteurs (je n’ai toujours pas mangé). Une copine
propose du gâteau au chocolat, une autre une mandarine, une autre café et pain
d’épices…
Finalement,
il faut bien repartir. Cela se fait en douceur. Les tracteurs sont acclamés par
la foule. Je vois enfin Marcel (bref embrassade !) ; je vois une amie
(je prends 30 secondes pour aller l’embrasser). Les tracteurs redémarrent… Le retour
s’amorce. Traversée en sens inverse du pont et puis la rocade. La pluie
commence à tomber s’intensifiant par moments. Les vélos roulent sur la bande d’arrêt
d’urgence. Certains profitent des ponts pour s’arrêter et s’équiper pour la
pluie ou pour se mettre temporairement à l’abri. La nuit tombe… Je roule
derrière un collègue. Le cortège s’éclaircit peu à peu selon la provenance de
chacun. Mon collègue tourne pour aller chez lui. Je me retrouve seule. J’arrive
à la ferme. Il est plus de 18h. Là, concert de meuglements à la porte de la
stabulation : les vaches attendent la traite. Le temps de mettre la cotte
et les bottes et j’attaque. Marcel me rejoint à la fin de la traite. Nous
finissons ensemble le travail. Retour à la maison vers 21h.
Nous prenons
les informations : « manifestation réussie, plus de 450 tracteurs et
de 20.000 personnes », « démonstration de force »… Comme
les échos de ce succès ne sont pas montés jusqu’aux oreilles de notre
Président, un groupe de paysans déterminés
est resté pour bloquer avec leur
tracteur le pont, aidés par d’autres manifestants. Un objectif : obtenir
du Président de la République l’abandon immédiat de la procédure en référé d’expulsion
et la garantie, conformément à ses engagements, qu’il n’y aura pas d’expulsion
sur la ZAD avant l’épuisement total de tous les recours juridiques.
Je suis émue
par ces irréductibles COPAINS. Ils sont admirables ! Chapeau ! Je
pars me coucher en pensant à eux sous la pluie et face aux forces de l’ordre.
Et l’angoissante question de savoir comment tout cela va-t-il finir ?
De tout coeur avec vous. Ce projet d'aéroport est scandaleux! Je me pose aussi souvent la question: "comment tout cela va t-il finir?" Je comprends votre angoisse. Isabelle de Chalons
RépondreSupprimerSi il le faut...On recommencera !...Non à l'aéroport...Non à la destruction d'espèces protégées... Mr Hollande,laissez ce lieu à ceux qui le respecte ! Hélène, qui aime la nature sauvage
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